être un vice dans les méchans. Dès que la mort du Roy fut portée à Bude, le Miniftre dans le moment partit pour se rendre à Millembac, afin de donner les ordres à la pompe funebre, prévenir par fa prefence les mouvemens ordinaires en pareilles occafions, fur tout pour ménager les efprits, & affurer la Couronne à Etienne, qui n'avoit encore que onze jours. Il fit convoquer les Etats Generaux à Albe-Royale, felon les loix du Royaume. Le corps du Roy y fut porté, avec toute la pompe, & après fon inhumation, les Ordres du Royaume s'affemblerent en Diéte, pour proceder à l'élection de fon fucceffeur. Le Grand Chancelier en fit l'ouverture, où il déclara la vacance du Trône, & les privileges de la nation pour le remplir. Enfuite Martinufius prit la parole, & par un discours éga > lement touchant & judicieux, il fit l'éloge du Monarque que le Ciel venoit de ravir à la Hongrie, après le lui avoir donné & foûrenu par des marques fi éclatantes d'une finguliere protection: qu'en le retirant de ce monde il fembloit leur avoir marqué fa volonté, puisque fi peu de jours avant la mort, il lui avoit donné un heritier de fon nom & de fes honneurs, qui, fans doute, le feroit de fes vertus: que fur une esperance fi bien fondée, ils devoient marquer la veneration que meritoit la memoire d'un Roy fi digne de leur fouvenir & de leur amour. Il Y avoit de grandes difficul tez à donner la Couronne à un enfant encore au berceau, dans un temps où le Royaume avoit befoin d'un Roy capable de la foûtenir par fa juftice, & la défendre par fon courage & par fa prudeuce:qu'il falloit à la Hongrie un Chef puiffant, pour refifter aux efforts de la maifon d'Autriche, qui feroit agir toutes fes forces pour s'en emparer & fe la rendre hereditaire ce qui réduiroit les Hongrois dans une espece d'esclavage. Ces réflexions étoient fortes, & faifoient de grandes impreffions. Mais avant que d'en venir aux fuffrages, on jugea à propos de faire l'ouverture du Teftament du Roy défunt qui s'adreffoit aux Etats. La claufe effentielle portoit, qu'il défignoit le Prince Etienne fon fils, pour fon fucceffeur, & que pour foûtenir le poids du Gouvernement dans » des circonftances fi délicates, & le temps d'une minorité, il jugeoit neceffaire d'affocier à la » Reine un Regent dont les fa»ges confeils & la grande experience fuffent la force & l'ap " pui de l'Etat : qu'il avoit re- " connu toutes ces grandes qualitez, neceffaires ស " pour remplir cet emploi important, dans George Martinufius, Evêque de Varadin, en un degré plus éminent qu'en aucun autre de fes fujets qu'il le déclaroit Régent, conjointement avec « la Reine; & pour mieux mar- « quer l'eftime qu'il faifoit d'un Miniftre fi habile & fi fidéle, il l'inftituoit feul Tuteur d'Etienne fon fils qu'enfin il ne « doutoit point que tous les Or- « dres du Royaume n'aprouvaf fent une difpofition fi avanta- « geufe pour leur gloire & pour « leur repos. : сс Martinufius étoit dans une fi grande eftime par fa capacité, fa juftice & fa religion; que non feulement perfonne ne s'oppofa aux intentions du Roy défunt, mais tous les Etats avec un ap plaudiffement unanime, approuverent des difpofitions si avantageufes au bien public. Martinufius, dont les vûës étoient étenduës, ayant été reconnu & proclamé Régent par cette Assemblée celebre, ne jugea pas à propos de la laiffer féparer fans confommer un fi grand ouvrage: Il demanda que le Jeune Prince für couronné & reconnu Roy fans retardement , pour prévenir des conteftations qui dans les fuites pourroient caufer des troubles dans le Royaume & donner atteinte à ses privileges. La propofition ne fut pas plûtôt faite, qu'elle fut approuvée, les ordres furent donnez, felon les loix , pour porter la Couronne & les ornemens Royaux à AlbeRoyale; on envoya des Députez à Bude pour aller complimenter le nouveau Roy, & l'accompagner pour fon couronne ment, |