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ment; ce qui fut executé avec les céremonies prefcrites, & tous les Ordres ayant prêté le ferment de fidélité ordinaire, il fut reconduit à Bude par le Régent & par les plus grands Seigneurs.

Cependant ce grand credit & cette glorieuse élevation de Martinufius eurent un effet qui n'est que trop ordinaire. Quelques Grands en conçûrent une envie fecrette, dont la Reine même, impatiente de partager la Régence, ne put se défendre. Ce fentiment fut aifément fomenté des flateurs & des mécontens ce qui caufa les divifions funeftes que nous verrons dans la fui

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Le Régent étoit trop éclairé pour ne pas s'appercevoir de ces mécontentemens, mais il avoit l'ame trop grande pour s'en mettre en peine; il ne fit pas femblant d'y faire attention, il prit

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en main les rénes du Gouvernement avec affurance, & donna les ordres aux Officiers de la Couronne avec autorité. Et pour remplir dignement tous fes devoirs, il convoqua, de concert avec la Reine, un Confeil géneral, où il fut déliberé fur les moyens les plus effectifs pour maintenir la Couronne au jeune Roy & s'opposer à fes concurrens. Chacun ayant dit fon fentiment, il fut conclu, conformément au teftament du Roy défunt, d'envoyer des Ambaffadeurs à Soliman, pour l'informer de fa mort, de l'élection & du couronnement d'Etienne fon heritier, & demander à sa Hauteffe la même protection en faveur du fils, qu'il avoit accorde dé au pere avec tant de magnanimité. Etienne Verbiest grand Chancelier du Royaume, & Jean Ezéchi Evêque de Cinq-Eglifes,

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furent choifis pour aller à Conftantinople ménager cette importante négociation.

Dans ce temps Ferdinand informé de la mort du Roy Jean, ne douta point qu'il ne fatisfit l'avidité qu'il avoit de s'emparer du Royaume de Hongrie

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attendant qu'il eût mis des forces fuffifantes fur pied,il employa les ménagemens. Il envoya à la Reine le Comte de Salms, pour lui demander l'execution du traité convenu avec le feu Roy fon mari, offrant de lui donner & à Etienne fon fils des revenus & des Seigneuries fuffifantes pour foûtenir la grandeur de leur rang & de leur naiffance ; & comme les promeffes ne lui coûtoient rien, il en fit faire de fi grandes, que cettePrinceffe en fut éblouie. Pour éviter la guerre dont on la menaçoit, elle confentoit à remettre la Couronne: mais le

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Régent informé de sa foiblesse la fit bien-tôt changer de fentiment. Il lui remontra avec for» ce,.qu'elle feroit un tort irréparable à fa réputation, de Sou» veraine qu'elle étoit de fe » rendre fujette volontairement. Qu'elle vouloit fe mettre à la difcretion d'un Prince ambitieux, qui ne fongeoit qu'à s'agrandir, & qui n'étoit ni en » état, ni en volonté d'agrandir les autres; que le traité pré» tendu avec le feu Roy fon mari » n'avoit été qu'un projet ; que » les Rois en Hongrie ne pouvoient difpofer de leur Cou» ronne que du confentement des peuples; qu'elle appartenoit à Etienne fon fils, après fon é,,lection & fon couronnement, » & qu'elle n'avoit aucun droit d'en difpofer: qu'au reste ayant l'honneur de partager la Regence, il ne consentiroit ja

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mais à de fi fauffes démarches: que fi elle étoit la mere du Roy pour l'avoir mis au monde,il é- « toit fon tuteur par la derniére " volonté du Roy fon pere; qu'en cette qualité, il avoit un droit à fur fa perfonne qui n'étoit moins fort par les loix civiles, « que celui que lui donnoit la loi « naturelle; qu'il étoit réfolu de « défendre la Couronne jufqu'à la derniere extremité en faveur du Prince fon mineur Enfin qu'il avoit trop d'honneur & « de probite pour ne pas execu- « ter les dernieres volontez du « Roy qui l'avoit honoré de fa confiance. Ces remontrances « frapperent la Reine, d'ailleurs. facile à changer de fentiment, laquelle enfin remit cette affaire à la conduite du Régent.

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Ce ne fut donc plus qu'avec lui que le Comte de Salms fut obligé de traiter. Les Conferen

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