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pes, la difcorde & la divifion des fiennes, il jugea à propos de le ver le fiege, & de reprendre le chemin de Vienne.

Ferdinand honteux & chagrin du mauvais fuccez de cette expedition, affecta de faire publier que fon intention n'avoit pas été d'entrer dans Bude par la force, mais de la porter à reconnoître fon autorité & fes droits, après l'avoir reçû & reconnu pour Roy legitime. Mais les Hongrois receurent ces proteftations comme des preuves de fon ambition & de fa foibleffe ; ils en conçûrent plus de courage & plus d'éloignement pour la domination, & plus d'eftime & d'attachement pour leur Régent, qui par fa prudence confommée & la fermeté de fa conduite, avoit en fi peu de temps diffipé cette groffe armée, qui n'avoit été mife fur pied que pour la ruine de leur

j pais. Cependant ce Prince informa l'Empereur Charles du defavantage de cette campagne ; & des confequences qu'on en pourroit tirer dans toute l'Europe, & tous deux piquez d'honneur & d'interêt, réfolurent de ne pas quitter la partie, & de faire de plus grands efforts.

L'année fuivante, avec le fecours des Princes d'Allemagne, ils remirent fur pied une plus groffe armée, & une plus nombreufe flote fur le Danube, pour porter toute l'artillerie & toutes les munitions neceffaires pour une prompte & glorieufe expedition. Le commandement de ces grandes forces fut donné au même Guillaume Rocandolph qui avoit déja fait le fiége de Bude, du vivant du Roy Jean, & qui avoit été obligé de le lever.

Ces Princes pour prévenir & détourner tous les obftacles qui

pourroient traverfer leurs grands deffeins, informez de l'Ambaffade que la Reine & le Régent avoient envoyé à Conftantinople, réfolurent d'y en envoyer une de leur part, pour rendre inutiles les follicitations de leurs concurrens. Ils connoiffoient l'habileté de Jerôme Laski, par le fuccez de sa negociation à la Porte, en faveur du Roy Jean, lorfqu'il étoit refugié en Pologne; ils s'imaginerent que cet Ambaffadeur ne feroit pas moins agreable à Soliman, qu'il l'avoit déja été, & ce fut fur cet Agent qu'ils fe determinerent.

Mais avant que d'entrer dans le détail de cette Ambaffade, on doit fçavoir par quelle avanture Jerôme Lafki fe trouvoit dans les interêts de la maifon d'Autriche, après avoir été fi zélé pour ceux de leur ennemi. Nous avons vû le malheureux fuccez de l'entre

prise de Louis Griti fur la Tran-
filvanie; l'affaffinat d'Emeric Ci-
baco, qui en étoit Vaivode, &
la vengeance qui en fut prife.
Comme cet attentat pouvoit a-
voir des fuites, Martinufius at-
tentif à tout, ayant fuccedé à
Cibaco, en voulut approfondir
toutes les circonftances & tous
les complices; cette conjuration:
fut fi bien fuivie, que l'on dé-
couvrit que Lafki, gagné par
Griti étoit entré, & avoit
Y
promis de l'appuyer de tout fon
pouvoir, il fut arrêté & conduit
à Bude, pour y être jugé fur le
point de perdre la tête, comme
traître & affaffin, il eut recours
à la puiffante protection de Jean-
Tarnovifki, qui avoit fi bien
reçû, & fi bien fervi le Roy en
Pologne. Ce Seigneur genereux
fe rendit à Bude en diligence
pour fauver un homme qu'il avoit
employé utilement; Le Roy

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reçût ce Palatin, comme il avoit reçû le Roy dans fes difgraces: ce Prince le retint le plus longtemps qu'il lui fut possible, lui donnant tous les jours des fêtes & des regales; cufin après l'avoir comblé de prefens dignes d'un Roy, il lui accorda la grace de Lafki : mais cet homme ingrat & inconftant, après fon élargiffement, fe retira vers Ferdinand lui offrit fon fervice

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contre fon propre Roy, qui lui avoit donné la vie, après l'avoir comblé de biens. Enfin cet Ambaffadeur partit pour-Conftantinople avec une fuite, des équipages & des prefens dignes des Princes dont il étoit l'Envoyé. Nous verrons la fuite de cette celebre Ambaffade.

Cependant Ferdinand fit entrer fon armée en Hongrie; le Régent, bien informé de fes forces & de fes deffeins, avoit de

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