magnificence & les fêtes, il n'oublia rien pour la fatisfaire, & elle goûta pendant le cours de plufieurs années les douceurs d'un Régne heureux & paisible. Le Regent cependant donnoit toute fon attention à la felicité. des peuples: il faifoit fleurir parmi eux la Religion, la juftice, les arts & l'abondance. Il avoit toûjours en vûë de les mettre en état & en volonté de foutenir un jour l'autorité du Roy fou mineur non feulement fur cette belle partie du Royaume, mais encore de le rétablir fur toute la Hongrie. C'est à quoi il s'apliquoit fans relâche ; mais en mêmê temps qu'il infpiroit ce zéle & ces fentimens de gloire aux peuples, il n'oublioit rien pour leurs commoditez & pour leur fûreté; il employoit jufqu'à fes propres revenus, à des penfions aux gens de merite, à des édifi

cés publics, pour l'utilité & la magnificence: fur tout il fit bâtir dès les fondemens, de grandes & de bonnes fortereffes dans les lieux expofez de la Tranfilvanie, & de fon Diocese de Varadin, pour leur fureté & leur défense: il y mit de bonnes garnisons &des Gouverneurs braves & fidéles. Il s'attacha tous les Seigneurs de mérite en les avançant dans les charges & dans les emplois, avec de gros apointemens: il favorifa toûjours les Sexels, qui font les peuples de la montagne les plus belliqueux & les plus infatigables; auffi étoient-ils toûjours prêts à fuivre fes comman demens. Ainfi fe pafferent fept à huit années, après lefquelles il arriva de nouveaux troubles, où le Regent cut befoin de fon grand fens & de fon experience pour les interêts les plus effentiels de F'Etat & de fa gloire.

1549.

Ferdinand qui confervoit un vif reffentiment de la défaite de fon General Rocandolph devant Bude, ne pouvant oublier le mépris éclatant de Soliman à l'égard de fes Ambaffadeurs,crût le temps & les occafions favorables pour s'en venger. Il joüiffoit de toute l'autorité de Roy des Romains dans l'Allemagne; car quoi qu'élevé à cette dignité depuis plufieurs années, l'Empereur Charles l'avoit toûjours balancée, & même tâché de l'en dépouiller, depuis que Dieu lui avoit donné un fils nommé Philippe, qui dans les fuites fut Roy d'Efpagne. Mais Ferdinand qui n'avoit pas moins d'ambition que Charles fon frere, ayant abfolument refufé de fe démettre d'une diguité qui lui affuroit l'Empire, il profita de l'autorité qu'elle lui donnoit en Allemagne; il affembla une Diéte génerale de tous

les membres de l'Empire à Nuremberg, où il fe rendit en perfonne, & par une harangue préparée, il reprefenta: Les trai- « temens injurieux qu'il avoit « reçû du Sultan, & dans fa perfonne toute l'Allemagne ; que jamais les conjonctures n'a- " voient été fi favorables pour réparer ces affronts; que les « Turcs épuifez dans les guer- « res de Grece & d'Afrique, n'a- « voient point de forces en Hongrie; qu'à Bude & dans les au- « tres places de ce Royaume, il « n'étoit refté que de foibles garnifons: qu'avant que Soliman eut mis une armée fur pied, s'ils étoient prompts à prendre les armes, ils auroient conquis un grand nombre de fortes places, qui éloigneroient ce re- « doutable ennemi & arrête- « roient fon ambition démesurée; « que de fa part il feroit tous«<

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» fes efforts&folliciteroit les Prin» ces Chretiens, qui ne manque» roient pas de faire éclater leur » zele pour foûtenir une guerre fi glorieufe. La Diéte entra dans les fentimens de ce Prince elle prit réfolution que les villes libres fourniroient inceffamment trente mille hommes de pied & sept mille chevaux ; 'on en leva quinze mille en Hongrie : André Batori en conduifit un plus grand nombre: Peter Peren vint joindre avec les troupes qu'il commandoit autour d'Agria: le Pape Paul III. envoya trois mille hommes de pied, commandez par Pierre Vitelli, un des plus grands hommes de guerre de fon temps: Sforce Palavicin & Jacques de Medicis menérent auffi de bonnes troupes d'Italie : Joachim Marquis de Brandebourg, Seigneur d'un grand nom, mais de peu d'experience, fut décla