flatteurs; ils mépriferent hautement les ordres de Soliman ; & jufqu'aux Ratiens, qui venoient de faire la guerre au Regent, tous s'emprefferent de lui offrir leurs biens & leurs vies, › pour défendre fa perfonne, foutenir fon autorité, & en même temps leur liberté & leur Religion. La Reine abandonnée, reconnut, mais trop tard, les fautes que fa paffion lui avoit fait faire ; elelle commença à craindre le peuple juftement irrité : elle fait partir en diligence le Chiaoux pour Bude, afin de preffer le fecours du Bacha & des deux Vaivodes, qu'elle s'imaginoit ne pouvoir venir affez tôt.

Par tout ce que nous venons de dire, rapporté par les Hiftoriens mêmes, qui pour diminuer le merite du Regent, ont fait de grands éloges de cette Reine, nous voyons combien leur juge

ment a été injufte, & leurs réflexions malignes. Elizabeth étoit veritablement une belle Princeffe, élevée dans tous les fentimens de gloire & de vertu; elle avoit le cœur grand, l'efprit vif, même cultivé par les belles lettres; mais pour fon repos il eut été à fouhaiter qu'elle eût eu plus de folidité & moins d'ambition. Auffi le Roy fon mari qui connoiffoit fa portée, n'avoit pas voulu lui confier le gouvernement de l'Etat, ni la tutéle de fon fils, ce que nous allons voir fera encore mieux connoître fon caractere.

Martinufius ponctuellement informé de toutes fes démarches, jugea qu'il étoit temps de prévenir les malheurs qui menaçoient la Province & la Reine même. Il marche avec fon armée à Veiffembourg, où cette Princeffe s'étoit retirée avec fes trou

pes, en attendant le fecours des Turcs. Il pouvoit d'abord emporter la place, mais il avoit le cœur trop grand pour profiter de fes avantages; il étoit bien éloigné de vouloir oprimer une femme, epoufe de fon Roy, qui l'avoit comblé de biens & d'honneurs il fe contenta donc de venir camper devant la ville,pour montrer feulement à la Reine qu'il étoit en état de faire repentir ceux qui lui avoient inspiré de fi mauvais confeils; il fit même fçavoir à cette Princeffe, qu'il ne tiendroit qu'à elle de pacifier tous ces troubles, qu' elle avoit excité, fans y bien penfer; qu'elle pouvoit rentrer dans le même pouvoir & la même tranquillité dont elle avoit joui jufqu'alors. La Reine s'eftima heureufe de telles propofitions, elle fe voyoit abandonnée de fes fujets, & quand

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elle auroit pû compter fur le fecours des Turcs, bien loin d'apuyer fon autorité, elle alloit achever de foûlever le Royaume, elle entra donc avec empreffement en négociation.

Comme les pourparlers durérent quelques jours, & que l'armée demeuroit dans l'inaction, E les Sekels commencerent à murmurer , prennent les armes & fe mettent fous leurs enfeignes. Le Régent averti de cette revolte, monte à cheval & va droit à ces mutins. Leurs Capitaines s'avancerent au devant de lui pour l'aflurer que ce n'étoit " ni faute de cœur, ni manque " de fidélité qu'ils étoient mécontens; mais que de fi braves « gens s'enuyoient de refter les « bras croifez devant une place, qu'ils s'obligeoient d'emporter « àleur premiere attaque; qu'il n'a- « voit qu'à leur commander &«

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qu'il connoîtroit leur attache»ment par leur obéiffance & par » leur courage.

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Lorfque Martinufius les eut entendus, il entre au milieu de leurs bataillons, & avec fon air majestueux & son éloquence naturelle, il leur parla de la forte. Je n'ai jamais douté, mes chers amis, ni de vôtre fidelité ni de vôtre courage. Vous fçavez a"vec quelle confiance j'ai toujours compté fur vous. Si nous avions à combattre des Infidéles, ou des ennemis étrangers, >> vous m'auriez vû marcher à vô» tre tête; mais à qui avons-nous à faire aujourd'hui à une fem» me foible qu'il feroit honteux de réduire par la force, & qu'il eft de la prudence de ramener par la raison. Confiderez que fon fils eft vôtre Roy, que la foibleffe de fon âge doit être refpectée & foûtenue par nôtre

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