1520. n'a voit empoifonné fon pere, cepter, lui étant offerte avec tant de moderation. Cependant par un étourdiffement déplorable & par le mauvais confeil de quelques Grands, le jeune Roy Louis II. non feulement traita ces Ambaffadeurs avec mépris, mais contre le droit des gens les fit arrêter. Soliman justement offenfé d'un affront fi fenfible, réfolut d'en prendre une vengeance éclatante; il remit à fes Lieutenans la guerre d'Afie, & vint en perfonne aflieger l'im portante place de Bellegrade 1521. c'étoit le boulevard de la Hongrie & des Royaumes Chrétiens; l'invincible Amurat, & le grand Mahomet II. l'avoient aupara→ vant inutilement affiegée; mais les Hongrois indolens dans les delices d'une longue paix avoient eu fi peu de foin de munir cette place, quoique le rempart du Royaume, qu'elle fut emportée en peu de temps, & fa perte entraîna celle de la Hongrie. Soliman maître de la place qui couvroit les Royaumes Chrétiens" du côté de la terre, réfolut d'emporter celle qui les couvroit du côté de la mer. L'année fuivante, il affiegea la fameufe ville de Rhodes, & l'emporta avec le même bonheur mais avec une plus glorieufe défenfe. Enfuite il revint en Hongrie pour achever de fatisfaire fa vengeance. Louis, âgé feulement de 22, ans avoit à 12. fuccedé à Ladiflas fon pere. Ce jeune Prince étoit des mieux faits de fon temps, & de corps & d'efprit; il avoit toutes les inclinations par fon d'ex Royales, mais d'autorité, qu'il ne lui reftoit que le nom de Roy: cependant fe voyant menacé de l'irruption des Turcs, il implora, mais inutilement, le fecours des Princes Chrétiens, divifez entre cux pour leurs propres interêts. Réduit à fes feules forces, les Hongrois amolis dans les délices de l'abondance & du repos, curent bien de la peine à mettre trente mille hommes fur pied; armée trop foible pour oppofer à Solivenoit les attaquer à la man, quille. Si le Roy tête de deux cens avoit fuivi fon propre fentiment & celui de fes plus fages Capitainės, en attendant qu'il eut levé de plus grandes forces, il auroit jetté une partie de les troupes dans les places expofées & mis les autres à la défenfe des défilez & des paffages difficiles; mais par un aveuglement déplo rable & une confiance téme 1 1583. raire, les Chefs de l'armée obligerent ce jeune Roy d'avancer dans la plaine de Mohacs,& d'en venir à une bataille; elle fut donnée le 26. Août, malheureusement pour les Hongrois, qui cependant ayant attaqué & foûtenu les Turcs avec tout le courage poffible, furent plûtôt accablez par le nombre, que vaincus par la valeur de leurs ennemis. Les plus grands Seigneurs du Royaume, Ecclefiaftiques & Seculiers, refterent fur la place: Le jeune Roy, après avoir montré l'intrépidité d'un grand cœur, fut obligé de fe retirer feul pendant la nuit, & un orage extraordinaire; il s'engagea dans les marais faute de guide, fon cheval s'y enfonça dans la vafe, où ce Prince malheureux fut étouffé. Soliman entra victorieux en Hongrie, tout fut mis à feu & à fang du long du Danube, it |