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Comte de Salms, fon Comman dant en Hongrie, & à Paul Iftuanfi, un de ses Confeillers d'E tat, pour conclure un accom, modement. Les conferences en avoient été tenues dans la ville de Batori; on y avoit traité des dédommagemens convenables au Roy, à la Reine fa mere, des interêts du Royaume & de ses Miniftres. Mais avant que ce traité fut arrêté, la mort du Comte de Salms avoit interrompu ce projet. Le Régent dans les conjonctures préfentes en connut la neceffité. Il envoya un Gentilhomme de confiance à Ferdinand pour le conclure, promet tant de le faire ratifier par les Etats géneraux, le priant de lui envoyer des troupes commandées par un General habile, avec lequel il put agir d'intelligence, pour les affaires de la guerre & de l'Etat.

pour

Ferdinand s'empreffa de profiter d'une occafion fi favorable, rétablir fes affaires en Hongrie; il répondit au Régent par de grandes louanges, de fortes affùrances de fon eftime & de fa confiance; lui donna parole d'executer ponctuellement les conditions du traité. Il lui envoya en même temps mille chevaux payez pour quatre mois, & quelques pieces d'artillerie, l'afOn furant qu'ils feroient fuivis dans peu par un plus grand nombre, commandez par un Géneral tel qu'il le pouvoit fouhaiter, qui n'agiroit que par fes ordres.

La Reine cependant eut nouvelles de cette négociation; elle voulut en prevenir l'execution en avançant la perte du Minif tre. Elle couvoqua les Etats Géneraux à Agnetzin, ville peuplée mais peu forte. Là elle efperoit par fa préfence, & le nombre de

fes Partifans, d'y faire conclure la dépofition du Ministre, & de foûlever la Province contre lui. Martinufius en eut auffi-tôt avis. Il envoye ordre à fes amis de fe mettre en état de le joindre bien accompagnez, & part en même de Varadin pour

temps

fe trouver à l'ouverture de ces Etats célebres.

Comme il avançoit en diligen ce il lui arriva une aventure qui faillit à rompre fes mesures, & feconder les deffeins de la Reine; traverfant un torrent fon caroffe verfa, il eut befoin de toute fa vigueur & du fecours de fes gens pour le tirer d'un fi grand danger. Ceux qui l'accompa gnoient en prirent un mauvais augure du fuccez de fon voyage, & voulurent lui perfuader de revenir fur fes pas; mais comme il avoit l'efprit & le cœur au deffus de ces craintes fuperfti

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tieufes, il leur répondit en riant; Que fa destinée étoit conduite dans le Ciel fur un char dont « la rouë étoit fûre, & le con- « duteur infaillible. Il arriva à Agnetzin avec tant de promptitude & de fecret, que fon arrivée inprevûe étonna tout le monde, fa prefence diffipa cette grande affemblée, comme le foleil diffipe ces legers brouillards que la fraicheur de la nuit forme fur la furface de la terre. La crainte faifit tous ces Seigneurs qui s'y étoient rendus, la Reine alarmée fe retira à Veiffembourg; & elle avoit mis dans cette place la Couronne, les ornemens Royaux & fes plus riches effets; le Régent la fuivit de fi près que cette Princeffe ne fe croyant pas en fûreté dans cette place, alla s'enfermer dans Millembac. Mais elle n'eut pas le temps d'en retirer fes meubles; elle laiffa Pe

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troviets pour les garder avec des troupes. Cependant le Régent arriva devant Veiffembourg, & apprit le départ de la Reine de cette ville. Il envoya 'ordre aux Magiftrats de lui ouvrir les portes, fous peine d'être condamnez & punis comme rebelles. Les. Magiftrats répondirent, qu'ils. n'étoient pas les maîtres dans la place, que la Reine y avoit mis: des troupes & un Commandant qui s'étoient emparez des portes; qu'à leur égard ils feroient toûjours difpofez à obéir à ses ordres. Martinufius envoye fommer Petroviets de mettre bas les armes, de fortir de la Ville avec fes troupes, fous peine d'être déclaré coupable de fomenter une guerre civile. Petroviets lui répondit qu'il tenoit cette place par l'ordre de la Reine, qu'il ne connoiffoit point d'autre autorité legitime, & qu'il n'oublieroit

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