le Régent ébloui par ces belles apparences d'autorité & de commandement choifit Veiffem bourg pour fon quartier avec fes troupes, & le lieu où le Marquis auroit à fe rendre, quand il s'agiroit de conferer & de prendre des mefures pour les affaires de guerre & d'Etat. Après s'être féparez, Martinufius revint à Millembac trouver la Reine & apprendre fes intentions. Sur tout il l'exhorta de nouveau fortement de ne point se démettre de fon autorité, ni déroger aux droits du Prince , que dinand n'eût executé de fa Fer part toutes les conditions dont il é toit convenu: qu'elle devoit être dédommagée par des Seigneuries & des revenus équivalens à ceux qu'elle devoit ceder, & que c'étoit le premier article du traité. Les Etats géneraux furent con voquez à Millembac. Castaldo de concert avec le Régent s'y rendit d'abord qu'ils furent affcmblez: là il expofa le fujet de fa venue, qui étoit ; De trai- " ter avec la Reine des condi- « tions que le Roy des Romains avoit déja offert au feu Roy Jean fon mari: qu'elle cédât au nom du Prince fon fils le « Royaume à Ferdinand, puifque par fes feules forces, il ne « pouvoit fe défendre contre la « puiffance des Turcs; qu'en échange le Roy des Romains lui donneroit les Principautez d'Opelen & de Ratibon en Si- « lefie, en toute Souveraineté, dont les revenus n'étoient pas moins confiderables que ceux « de la Tranfilvanie : que le Roy des Romains acquitteroit tou- « tes les dettes contractées, tant « par elle, que par le feu Roy fon mari, & rembouferoit les « сс "cent mille ducats de fa dot. » Enfin ນ pour lier une amitié éternelle, que Ferdinand donneroit auPrince en mariage laPrin » ceffe Jeanne fa fille, avec cent' mille ducats.Que jufqu'à l'entie>>re execution de ce traité,on donneroit en gage à la Reme la ville de Caffovie avec fes dépendances, pour y faire fon féjour. La Reine, fans autre déliberation , accepta ces conditions, fans autre affûrance que ces promeffes verbales; mais elle ne fongeoit qu'à fe rendre indépendante du Régent, & fa réfolution fut plûtôt un effet de la haine qu'elle lui portoit, que la fuite d'une reflexion judicieufe. D'un autre côté, Castaldo avoit ordre de lui promettre tout ce qu'elle demanderoit pour la faire fortir de la Tranfilvanie Ferdinand ne fondant l'établiffement de fa fouveraineté fur cette cette belle Province, que par l'éloignement de cette Princeffe & du Roy fon fils; elle connut bien-tôt fa faute mais trop tard pour pouvoir la bien répa rer. Après ces promeffes à la Reine, Caftaldo entra en traité avec le Régent, négociation plus délicate. Il fut convenu que Ferdinand lui confirmeroit le Gouvernement de la Province, avec le titre de Vaivode & quinze mille ducats d'apointement: qu'il· auroit quinze cens chevaux & cinq cens Fantaffins entretenus pour fa garde ordinaire, en paix & en guerre qu'il garderoit la charge de Grand Tréforier avec quatre mille ducats. Il demanda les impôts fur les Salines de Torda; mais comme c'eft le revenu le plus liquide du Royaume, la Pologne & les païs voisins venant y faire leurs provifions," N Caftaldo, de la part de Ferdinand, lui en offrit la direction arbitraire; mais le Régent lui répondit froidement:Qu'il n'é>>toit pas né pour régir des Fer» mes. Enfin on lui en accorda la troifiéme partie des revenus, qui fe montent par an à plus de trois cens mille ducats, & quelques Hiftoriens ont dit, qu'il avoit acheté les deux autres parties de fes propres deniers. Ces conditions arrêtées le Régent plus habile que la Reine, demanda qu'elles fuffent autorisées & ratifiées dans les formes, par le Roy des Romains & par fon Confeil. Caftaldo ne put s'en défendre, de quelque pouvoir dont il fut muni; mais par un trait de fa politique, pour faire un contrepoids à cette grande autorité il reprefenta au Régent, Que Ferdinand ayant » en vûë de le foulager, avoit 93 |