& leurs actions font des mo deles qu'on doit conferver à la pofterité. Le Cardinal Mar; tinufius a merité ces honneurs, il a rendu fon nom celebre dans tous les états de fa vie, comme Religieux, comme Evêque, comme Miniftre d'Etat, comme Régent d'un grand Royaume le Tuteur de fon Roy: fes talens partagez auroient rendu plufieurs hommes recommandables. Mais fi fon genie fuperieur lui a merité l'admiration generale, il lui a attiré l'envie la plus animée. Cette paffion injufte & violente a arrêté avant le temps le cours glorieux de fa vie, & a fait de vains ef forts pour en ternir la repu tation après fa mort. De ce grand nombre d'Hiftoriens qui en ont parlé, les uns prévenus ou intereffez, ont écrit des Satyres contre lui les autres judicieux & équitables, ont fait fon apologie et Jon éloge. Je fuis ces der niers Ecrivains, MONSEIGNEUR, & je les fuis avec d'autant plus de confiance. que je crois prendre le parti de la verité; j'en appelle MONSEIGNEUR, vôtre jugement › je ne Içaurois m'adreffer au tribunal d'un Juge plus équitable s plus éclairé. Parmi tant de ciences differentes où vous a avez excelle dès votre jeuneffe, l'Hiftoire, fur tout celle de votre nation, n'a-t elle pas fait une de vos plus ferieufes occupations? Avec quel difcernement ne vous a-t on pas entendu décider du caratere des vertus, du faux ou du veritable merite? Les critiques les plus exacts ont admiré vos jugemens à un âge où ordinairement on n'admire la memoire. Quel progrez que n'avez-vous pas fait dans une Science neceffaire à un Prince destiné à de fi grands deffeins? Vous êtes donc MONSEIGNEUR, un juge fans appel du merite de ce fameux Miniftre; & lorfque IHiftoire de fa vie paroîtra fous les aufpices de votre nom augufte, une approbation fi glorieufe diffipera ces nuages que l'envie a tâché de répandre fur les actions & les deffeins d'un fi grand genie. Le Ciel l'avoit formé avant vous avec ce même courage, cette habileté, ce zele, capables d'attirer l'amour des peuples & de maintenir leur tranquillité: heureux s'il avoit eu la même prévoyance contre ces traits & ces pieges où un grand merite reconnu eft ordinairement ex- . pofé: mais quand vôtre Alteffe a couru les mêmes dangers, les deffeins de fes ennemis n'ont fervi qu'à mieux á iiij faire éclater ces grandes qua litez, que le Ciel ne communique qu'aux Heros que fa providence deftine.pour commander. Je ne toucherai pas ces circonftances, ni tant de glorieufes actions qui rendent vôtre nom fi celebre elles font encore prefentes à toute l'Europe, & feront un des plus beaux traits de l'Hif toire. Je dirai feulement que vôtre nation, qui revere la memoire de ce grand Cardinal comme le Protecteur de Sa liberté conferve pour votre Alteffe la même veneration & le même attache, ment Vôtre magnanimité rappellant dans le fouvenir de |