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PREFACE.

Que

*

Uelques Hiftoriens ont fait le paralele du

Cardinal Martinufius avec le Cardinal Ximenez ; tous deux ont vécu dans le même fiecle, ont embraffé la vie Religieufe, & s'y font rendus recommandables par leurs vertus & par leur capacité. Appellez par de grands Rois pour entrer dans leurs Confeils, ils ont merité d'être

élevez aux

plus éminentes dignitez de I'Eglife, d'Archevêques &

* Artus Tomas.

I

de Cardinaux, & aux plus grandes charges de l'Etat, de Miniftres & de Régens de deux puiffans Royaumes, également zelez pour la défenfe de l'Eglife & le bonheur des peuples; enfin tous deux ont été la victime de l'ambition & de l'avarice, après avoir merité d'être comptez au rang des Miniftres les plus fameux.

On trouve cependant quelque difference dans le commencement & la fin de leur vie. Martinufius d'une naissance illuftre, mais fi pauvre, qu'il manqua de tout pour fon éducation, à l'âge de vingt-quatre ans il

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ne fçavoit pas lire. Ximenez au contraire, d'une famille médiocre, mais appliqué à l'étude dès la jeuneffe devint grand Theolo gien. Les mêmes motifs & la même politique ont précipité leur mort, mais celle de Ximenez a été plus douce, on employa le poifon pour s'en défaire : celle deMartinufius fut plus cruelle, on y employa le fer & le feu. L'une demeura impunie, au moins devant les hommes, l'autre arma le Ciel & la terre pour la venger.

On remarque auffi quelque diverfité dans leurs ca

.

racteres & dans leurs talens.

Ximenez homme de Cabi

net & de meditation, faifoit executer fes deffeins

par fes

Lieutenans ou fes Officiers. Martinufius formoit les fiens avec le même jugement & la même prudence, mais il les executoit lui-même

par

fa prudence & par fon

courage.

à

Les Hiftoriens ne leur ont pas rendu la même justice; ils fe font laiflé emporter l'adulation ou à l'intereft, felon ce qui pouvoit flatter les préventions, ou leur attirer la faveur. Ximenez en a eu de fi favorables, qu'on les a accusez d'exageration,

& Martinufius de fi contraires, qu'ils font tombez dans le défaut oppofé.

Les premiers qui ont écrit la vie de Ximenez, ne l'ont pas feulement loüé comme un Ministre habile, ferme, prudent, mais ils en ont fait un Saint; fes derniers Hiftoriens ont été plus moderez, quelquesuns même ont été blâmez d'avoir trop rabaifsé son mérite par des reflexions peu favorables.

L'Hiftoire de Martinufius a eu un fort tout contraire, quelques-uns de ceux qui en ont parlé, ont tâché d'obfcurcir fes vertus ; ils

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