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l'ont traité de fuperbe, parce qu'il étoit magnanime; de violent, parce qu'il étoit ferme; d'intereffé d'intereffé, parce qu'il étoit econome avec prudence, & liberal avec

difcernement; d'ambitieux, pour avoir foûtenu contre une Reine imperieufe, le droit qu'il avoit à la Régence; on lui a impofé d'affecter la domination abfoluë, pour s'estre attiré l'amour des peuples & l'attachement des fujets de merite, on l'a accufé d'intelligence avec les Infideles, pour les avoir ménagez avez prudence, pour détourner de sa patrie les armes de ces barbares;

enfin on l'a taxé de mauvaise foi envers Ferdinand Roy des Romains, pour avoir foûtenu les interefts d'un jeune Roy dont il étoit Tuteur. On ne doit pas s'étonner de ces déguisemens affectez & de tant de ca. lomnies fuppofées par les Miniftres de la maifon d'Autriche, ils étoient trop intereffez à colorer l'affaffinat de ce grand homme, que tout le monde a reconnu n'eftre qu'un effet de leur jaloufie & de leur avari

ce.

Mais fi quelques Histopour ne pas s'atti

riens

rer l'indignation de cette

puiffante Maison, ou pour gagner fa faveur, ont écrit fuivant fes memoires & dans

l'efprit de fa politique ; d'au

tres exempts de ces lâches craintes, & de ces baffes efperances, ont fait justice à la memoire de cet illuftre Cardinal; & même, fur ce que les Ecrivains les plus prévenus ont été obligez d'avouer, ils lui ont rendu toute la gloire que fes ennemis vouloient lui ravir.

Au refte, on n'a pas prétendu faire un Saint de ce fage Miniftre, mais le montrer tel qu'il a paru, habile dans les affaires d'Etat, prudent dans les négocia

tions de paix, hardi & heureux dans les expeditions de guerre, zelé à maintenir la Religion & la tranquilité des peuples, plein d'honneur & de probité: on n'a point jugé de fes intentions, comme ont fait fes ennemis, ni exageré ses vertus; on l'a montré homme ordinaire quand il a paru tel, & homme fuperieur quand fes actions l'ont juftifié. On ne s'eft point arresté aux frequens épisodes que cette Hiftoire pouvoit fournir naturellement, on n'y a inferé que ceux qui peuvent éclaircir les faits importans, faire juger par l'é

tat malheureux de la Hongrie, quand Martinufius entra dans le miniftere, des difficultez qui paroissoient infurmontables pour

le foû

tenir, & enfin découvrir le caractere des Grands qui fe déclarerent fes ennemis. 11

auroit été à souhaiter,qu'une meilleure main eut écrit cette Hiftoire, mais quoi que la narration en soit fimple, les évenemens en font si grands, qu'elle ne laissera pas de plaire & d'intereffer. On y verra de grandes revolutions de Royaumes, des Rois détrônez & rétablis, de fameufes batailles gagnées contre toute ef

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