N. D. grès des Armes des Anglois. Il eut DE VILLE-même l'honneur d'accompagner la SAIGNON. jeune Reine d'Ecoffe en France, où elle épousa dans la suite le Dauphin, qui regna sous le nom de François II. L'expedition, où il fit paroître le plus de zele & de courage pour l'honneur de fon Ordre, fut la défense de Malthe. Cette Isle avoit été donnée par l'Empereur Charle-Quint en 1530. aux Chevaliers de S. Jean de Jerufalem; mais les Turcs entreprirent de les en chaffer en 1551. Leur dessein fut quelque temps si bien caché, que le grand Maître Jean de Homedez, Espagnol, ne s'en douta point. Villegaignon Payant appris par Anne de Montmorency, Connetable de France, se transporta à Malthe, pour en informer le grand Maître, auquel il eut bien de la peine à le faire croire. Cependant les Turcs ayant paru, il fallut fonger à se défendre; ce qu'on fit avec tant d'ardeur & de fuccès, que les Turcs furent obligés de lever le siege. Villegaignon composa la relation de cette guerre, lorfqu'il fut de retour en France. Ayant été vers ce temps nommé N. D. Vice - Amiral de Bretagne, il feDE VILLEbrouilla avec le Capitaine du Châ-GAIGNON teau de Brest, à l'occasion des Fortifications, & leur dispure alla jufqu'aux oreilles du Roi Henri II. qui parut prendre le parti du Capitaine. Le chagrin que lui caufa cette affaire, fon amour pour la gloire, l'envie de s'enrichir, & de fe faire une espece de souveraineté, lui firent naître la pensée de paffer en Amerique & de s'y établir en quelque en droit. Quelques-uns veulent qu'il ait été porté à cette refolution par zele pour le Calvinisme qu'il avoit embraffé & pour menager une retraite sure à ceux de cette Religion, mais il protesta depuis qu'il étoit toujours demeuré Catholique dans l'ame, puifqu'il se confefla & commumia avant que de partir, & qu'après fon arrivée au Brefil, il pria André Thevet de dire la Meffe le jour de Noël & de le communier; ce qu'il auroit fait, si une maladie, qui lui furvint, ne l'en eût empêché. Il n'est pas possible de savoir quel ? N. D. les étoient à fon départ ses veritables DE VILLE. dispositions; peut-être biaifoit - il GAIGNON. entre les deux Religions, prêt à embraffer celle qu'il trouveroit la plus favorable à ses interêts & à fon ambition. Quoiqu'il en soit, il est für qu'il fit semblant d'être dans les sentimens des Calvinistes, pour mieux réuffir dans son dessein auprès de Gaspar de Coligny, Amiral de France, qui favorisoit secrétement les Religionnaires, & dont il avoit befoin en ces circonstances. Il fit entendre à ce Seigneur, que fon but étoit d'établir dans le nouveau Monde la Religion de Geneve, & d'y procurer un afyle à ceux de cette Religion, qu'on perfecutoit en France; & l'Amiral l'ayant approuvé, perfuada au Roy Henri II. de favorifer cette entreprise, à l'exemple des Espagnols, qui tiroient tant de richeffes du Nouveau Monde. Villegaignon ayant obtenu deux grands Vaisseaux bien équipés, & la fomme de dix mille livres pour les premiers frais, partit du Havre de Grace le 12 Juillet 1555. (a) Mais N. D. la tempête l'obligea à gagner Diep- DE VILLEpe, où il demeura jusqu'au 14 Août. GAIGNON. S'étant enfuite remis en route, il débarqua le 10 Novembre suivant à l'embouchure de la Riviere de Ganabara, ou Rio Janeiro au Brefil. André Thevet, qui étoit de ce voyage, en a donné une Rélation, qui ne lui a pas fait honneur, à cause des faussetés dont elle est remplie. On en a une autre plus exacte, écrite par un des gens de Villegaignon, nommé Nicolas Barré, qui se trouve à la 147. de l'Histoire de la Nouvelle France de Marc Lescarbot. Villegaignon voulut d'abord s'éta blir fur un Rocher, qui fut appellé le Ratier, mais la marée l'en chaffa. Il trouva mieux son compte dans une petite Isle, à une lieue au deffus, où il bâtit un Fort, qu'il nom (a) Beze s'est trompé dans son Hiftoire Ecclesiastique liv. 1. en le faisant partir le 15 Juillet; & dans ses Portraits, en difant qu'il étoit arrivé ce jour-là en Amerique. Jean de Leri n'a pas fait une moindre faute, lorsqu'il a mis son départ au mois de May. N. D. ma de Coligni, & appella le Pays DE VILLE-France Amaritique. GAIGNON. Il fit d'abord paroître un grand zele pour la Religion P. Reformée; parce que la plupart de ceux qui l'avoient suivi, en étoient, & n'avoient fait ce voyage que dans l'esperance qu'il leur avoit donnée de jouir dans le nouveau Monde de la liberté de confcience, qu'ils n'avoient point en France. En renvoyant les Vaisseaux qui l'avoient amené, il écrivit à l'Eglise de Geneve & à l'Amiral, de lui envoyer des Ministres & des perfon-: nes qui pussent travailler à l'instrution des sauvages. Les Vaisseaux repartirent le 4 Fevrier 1556. & deux jours après les trente Artisans que Villegaignon avoit amenés, confpirerent contre lui; mais leur complot ayant été découvert, un d'eux se noya lui-même, & un autre fut étranglé. L'Eglise de Geneve ayant reçu la lettre de Villegaignon, choisit deux Ministres, Pierre Richer, où Richier, & Guillaume Chartier de Vitré, qui lui furent envoyés avec quelques autres |