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J. Dru-n'oublia rien pour l'en empêcher SIUS. elle le rappella pour cela à Oudenarde, & l'envoya à Tournay. Mais comme le chagrin de se voir privée tout à la fois de fon mari & de fes biens lui avoit causé une maladie confiderable, elle ne put avoir fi Bien l'œil sur son fils, qu'il ne trouvât le moyen de se dérober pour aller joindre fon pere à Londres. Il y arriva fur la fin de l'an 1567.

On lui donna alors des Maîtres pour lui faire continuer ses études, & il eut bientôt une occafion favorable pour apprendre l'Hebreu ; Car Antoine Rodolphe le Chevalier (a) natif de la paroisse de Montchamps près de Vire en Normandie, homme très-habile dans cette langue, étant paffé alors à Londres, où il en fie quelque temps des Leçons tant en public qu'en particulier, Drufins le suivit avec exactitude, pour profiter de fes instructions; & lorf que ce savant homme eut été nommé par le Roy Professeur en Hebreu dans l'Université de Cambrige, il

(a) Bayle l'appelle mal Antoine Ce vallier

A

alla avec lui dans cette ville, où le J. DRU Chevalier, qui le prit en affection, sius. le logea chez lui, & l'y retint, jufqua ce qu'il lui eût apprit parfaitement la langue Françoise.

Ce Professeur ayant au bout d'un an quitté Cambrige pour retourner en France, Drufius obtint de son pere la permiffion de rester encore une année dans cette ville; & il l'employa non seulement à l'étude de la Philofophie, mais encore à celle de la Langue Gréque. On peut juger combien il étoit laborieux par ce que dit Abel Curiander son gendre, qu'il lut pendant ce temps là Homere jusqu'à cinq fois, Hefiode, Phocylide, Herodote, Demosthene, Ifocrate, Thucydide & plusieurs autres Auteurs, & que tout cela ne l'empêcha pas de faire des leçons de Rabbinisme à deux jeunes Anglois.

Drufius de retour à Londres en 1571. avoit dessein de passer en France, pour y continuer ses études Philosophiques, & il étoit prêt à l'executer, lorsqu'il apprit le Massacre de La Saint-Barthelemi. Cette -nouvelle l'obligea à changer de resolution, & à renoncer à ce voyage.

SIUS.

"J. DRU- Peu de temps après il se vit ap pellé en même temps à Cambrige par Thomas Cartkwright, qui y profef foit la Theologie, & à Oxford par Laurent Humfred, Vicechancelier de cette Université; mais il prefera la derniere Vocation, & fe vit par-là Profeffeur des Langues Orientales dès l'âge de 22 ans ; & il les enfeigna pendant quatre ans avec beaucoup de reputation & de fuccés.

Au bout de ce temps il voulut revoir sa patrie, & y étant arrivé il alla à Lonvain, où il étudia la Jurisprudence, dans le dessein de se rendre utile à ses parens & à ses amis.

Les troubles de Religion, qui agitoient alors les Pays bas, ne lui permirent pas d'y faire un long fejour; il se hâta de retourner à Londres auprés de fon pere. Mais la Pacification de Gand faite en 1576. l'y ramenerent, de même que fon pere, qui quitta la ville de Londres, après plus de huit années de féjour. Drufius fongea alors à tenter la fortune du coté de la Hollande, & ý trouva bientôt une place, ayant été choisi le 20 Juin 1577. pour Proj feffer les Langues Orientales à Ley- J. DRUZ de. Pendant son séjour en cette ville sius. il fongea à se marier, & époufa le 18 Octobre 1580. Marie van der Varent, native de Gand, qui avoit commencé à prendre du goût pour les nouvelles Opinions, & qui les embraffa entierement après fon Mariage.

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Vers ce temps il alla à Oudenarde pour quelques affaires; & ce voyage pensa lui être funeste, car pendant qu'il y étoit, le Duc de Parme y vint mettre le Siege, & la prit par Capitulation au bout de trois mois. Drufius eut le bonheur de n'être pas reconnu, & d'en fortir avec la gar - nifon.

La modicité de ses gages & les pertes qu'il avoit fouffertes dans fa patrie, engagerent à fon retour les Curateurs de l'Université de Leyde à lui faire une gratification de cent Florins, & à augmenter ses gages d'une pareille fomme.

Malgré cette augmentation, ils n'étoient pas encore suffifans pour l'entretien de sa famille; ainsi il fit entendre à ses amis, que fi on lui

J. DRU- offroit ailleurs une meilleure condi SIUS. tion il l'accepteroit. Le Prince d'Orange l'ayant appris, écrivit aux Magiftrats de Leyde de faire enforte qu'un homme de ce merite ne leur échappât point.

Ils ne laifferent pas cependant de de laisser échapper; Drufius les ayant quitté peu de temps après pour aller remplir à Franequer en Frise, une Chaire de Professeur en Hebreu. Il en fut mis en poffeffion le 10 Juin 1585. & il en remplit glorieusement les fonctions pendant tout le reste de sa vie. Ses gages étoient d'abord de cinq cens Florins, mais on les augmenta en 1587. de cent Florins & d'une autre pareille somme en 1595.

L'année suivante 1596. les depu tez des Etats de Frise lui expedie rent la Commission de travailler avec Philippe de Marnix de Sainte Aldegonde, & quelques autres, à une nouvelle Version Flamande de la Bible; mais cette commission n'eut point de lieu à son égard, appareniiment parce qu'il avoit été recommandé par Arminius & Vytenbogard,

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