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J. B. bras gauche de Marino, blefferent à MARINO. côté de lui un de fes amis, qui heureufement n'en mourut pas.

Murtola mis en prison eût été en danger d'être féverement puni, fi Marino n'eût genereusement follicité fa grace, qu'il obtint. Quelque obligation que Murtola lui eût d'une action fi noble, il conferva toûjours au fond de fon cœur un vif reffentiment de l'injure qu'il prétendoit avoir reçue; fur quoi l'on dit qu'à Rome, où il s'étoit retiré, comme le Pape Paul V. lui parloit un jour de cette affaire ; è vero, dit-il, ho fallito, témoignant par-là, que c'étoit moins d'avoir tenté le coup qu'il fe repentoit, que de l'avoir manqué.

Marino avoit fait dans fa premiere jeuneffe un Poëme burlefque, intitulé: La Cucagna, où il fe mocquoit des vices de quelques Napolitains. Il communiqua cette piece, pendant fon féjour à Turin, à quelques-uns de fes amis, qui en firent part au Duc. Ce Prince, prevenu peut-être par des perfonnes attachées à Murtola, crut que quelques-unis des traits, dont elle étoit pleine; s'adref

J. B.

s'adreffoient à lui; & fur cela fit arrêter Marino, qui quelque temps MARINO. après obtint fa liberté à la follicitation du Cardinal Ferdinand de Gonzague, qui paffa alors à Turin, & de l'Ambaffadeur d'Angleterre.

Il paffa avec ce dernier en France, où la Reine Marguerite, premiere femme du Roi Henri IV, l'avoit invité de fe rendre; mais il ne put voir cette Princeffe, qui étoit morte dès le 27. Mars 1615. Il trouva en fa place une Protectrice dans la perfon.ne de Marie de Medicis, qui lui donna une penfion de 1500. écus.

Il fit par reconnoiffance un Poëme intitulé: Tempio, qui eft un Panegyrique de cette Princeffe, & elle en fut fi contente , que dans la fuite elle augmenta fa penfion jufqu'à deux mille écus.

On pretend que pendant fon féjour à Paris, il s'appliqua à la Philofophie & à la Théologie, dont il fçavoit que la connoiffance eft fore utile à la Poëfie, qui faifoit sa principale occupation.

Son Adone, qu'il compofa dans cette ville, augmenta tellement fa Tome XXXII.

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J. B. reputation, qu'avant qu'on le réim MARINO. primât à Venife, il étoit fi recherché, & par-là fi cher, qu'il en vendit des exemplaires jufqu'à cinquan te écus.

En 1621. il envoya à Rome François Chiaro, fon neveu, qui étoit avec lui à Paris, pour quelques affaires qu'il y avoit, & le chargea de faire des complimens de fa part au Cardinal Louis Ludovifio, neveu de Gregoire XV. qui venoit d'être élû Pape le 9. Février de cette année. Ce Cardinal reçut fi bien fes com-. plimens, qu'il lui écrivit auffitôt pour l'engager à revenir à Rome.

Marino, qui avoit d'ailleurs envie de revoir l'Italie, répondit à fes défirs, & quitta la France sur la fin de l'année fuivante 1622,

En paffant par Turin, il vit le Cardinal Maurice de Savoye, fils du Duc Charles-Emmanuel, qui alloit à Rome, & qui voulut l'y mener avec lui.

Il arriva dans cette ville vers la fin du court Pontificat de Gregoire XV. qui-mourut le 8. Juillet 1623. & fut fort bien reçu du Cardinal, &

des premiers de la Cour; mais il re- J. B. fufa tout ce qu'on lui offrit, pour MARINO. aller loger chez Crefcentio Crefcenti, frere de Melchior Crefcentio, Clerc de la Chambre, chez qui il avoit demeuré pendant fon premier féjour

à Rome.

Son retour caufa beaucoup de joye dans cette ville, & il fut quelque temps après élû Prince de l'Academie des Humoristi,

Urbain VIII. ayant été élû Pape le 6. Août 1623. il retourna à Naples, où il fut fort bien reçu du Duc

Albe, qui en étoit Viceroi. Les deux Academics de cette ville difputerent alors à qui l'auroit pour Prince, mais celle de S. Dominique, appellée des Otiofi, l'emporta.

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On ne fut pas long-temps fans le redemander avec inftance à Rome, & il étoit refolu à y retourner, lorfqu'il fut attaqué de la maladie, dont il

mourut.

Lorfqu'il vit fa derniere heure approcher, il voulut qu'on brulât toutes fes poëfies licentieufes & amoureufes devant lui; & quoique les Religieux qui l'affiftoient, moins fcru

J. B. puleux que lui, lui diffent qu'il pouMARINO. Voit conferver les amoureufes, dans lefquelles il n'y avoit rien de licentieux, il fut inexorable à cet égard.

Il mourut d'une retention d'urine le 25. Mars 1625. qui étoit le Mardi Saint, & le jour de l'Annonciation. Cette particularité rapportée par plufieurs Auteurs, fert à redreffer la plupart de ceux qui ont écrit fa vie & qui ont mis la mort au 26. de ce mois; entre autres François Chiaro fon Neveu, Nicolas Toppi, & Jerôme Ghilini, qui n'ont pas fait attention qu'ils fe contredifoient, en le faifant mourir le 26. & en ajoutant que c'étoit le Mardi Saint & le jour de l'Annonciation. Marino étoit alors âgé de 56. ans.

Il fut enterré dans l'Eglife des SS. Apôtres des Peres Théatins, à qui il avoit laiffé fa Bibliotheque; & l'Academie des Humoristi lui fit à Rome le 7. Septembre de la même année des funerailles magnifiques, dont on voit la defcription à la fuite de fa vie par Jean-Baptifte Baiacca.

Marino étoit d'une taille qui paf

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