>

François arrivé à Montpellier , alla dans l'EcoRabelaisle de Medecine , où l'on foutenoit

alors une Thcf;que le Doyen l'ayant apperçu le fit approcher , & l'engagea à disputer; & qu'il difputa effc ce tivement avec tant de force & de subtilité

qu’on te fir fur le champ Docteur. Ce dernier fait du moins n'est pas vrai ; car il nous apprend lui - même dans ses Suppliques au Pape, qu'il étudia pendant quelque tems en Medecinc, & qu'il parvint au Doctorat , après. avoir passé par les autres degrés de Bachelier & de Licentié.

Depuis ce tems-là il enseigna & pratiquả la Medecine tant à Montpellier qu'à Lyon , avec beaucoup de fuccès & de réputation.

La plûpart des Auteurs qui parlene de lui , entre autres Bernier, difene

disent que le Chancelier du Prat ayant fait révoquer par Arrêt du Parlement de Toulouse les Privileges de la Faculté de Medecine de Montpellier, RabeLais fut député en Cour pour sollici- . ter la révocation de cet Arrêt , & le rétablissement des Privileges ; & qu'il obtint tout ce qu'il demandoit.

11 est vrai que Rabelais fut chargé FRANÇOIS pendant son sejour à Montpellier de RABELAIS faire un voyage à Paris pour quelques affaires de l'Université de Medecine ; mais il ne s'agissoit point des Privileges de l'Univerfité en general, qui n'ont jamais été révoquez ni attaquez, mais de ceux d'un College particulier, appellé de Gironne qui dans le tems des Guerres de Louis VI. Charles VIII. &c. avec les Rois d'Arragon, avoit été en quelque facon supprimé, & au retablissement duquel Rabelais travailla par ordre de l'Université.

Je ne dirai rien des contes qu'on a debitez à cette occasion , & de la maniere dont on prétend qu'il para vint à parler au Chancelier. Les differens langages qu'on lui a faic tenir au Suisse de ce Magistrat, n'ont d'autre fondement

que le chapitre 9 du 2° livre de son Pantagruel où Panurge demande l'aumône à Pantagruel en quatorze langues differentes , & dit ensuite qu'il est natif de Tourai

ne.

Le service que Rabelais rendit à à l'Université de Medecine de Mont

François pellier , par rapport au College de RABELAIS Gironne, & le lustre qu'il donna å

l'Université même par ses leçons font , fuivant l'opinion vulgaire, les raisons qui ont donné lien à la Coûtume, qui s'y est introduite , de faire prendre aux Candidats de Medecine; lorsqu'ils soûtiennent leur These de Licence, la Robbe deRabelais , qu'il avoit laissé à l'Universite. Peut-être l'avoit il fait faire exprès, & en avoit-il fait présent pour cet usage, comme cela paroît plus vrai-femblable. Elle étoit d'écarlate faite en forme de chape, avec un collet rond , sur lequel étoient en broderie les trois lettres F. R. C. qui signifient Franciscus Ratelasus Chinonenfis." Elle dura jusqu'au commencement du dix septiéme siécle , qu'elle devine si courte, qu'elle n'alloit plus que jusqu'à la ceinture , parce que chacun de ceux qui la revêtoient, en emportoit un lambeau , pour le con

, ferver par curiofité. C'est pourquoi François Ranchin , érant Chanceliec de l'Université, en fit faire à ses dés pens une toute pareille,avec les mêmes lettres, qui pouvoient fignifter Franciscus Ranchinus Cancellarius.

Une lettre de Rabelais , qui fe FRANÇOIS trouve à la têre de fon édition des RABEL AIS Aphorismes d'Hipocrate , nous apprend qu'il expliqua à Montpellier ces Aphorismes, & ensuite l'Ars Medica de Galien l'an 1532. Ce fue là la derniere année de fon fejour dans cette ville ; car il demeuroir la suivante à Lyon, où il enseigna & pratiqua pendant quelques années, & où il fut Medecin de l'Hôpital.

Jean du Bellay, Evêque de Paris, allant à Rome , au commencement de l'année 1534. pour l'affaire du divorce du Roi d'Angleterre Henry VIII. & passant à Lyon , y emmena avec lui Rabelais en qualité de son Medecin ; mais celui-ci n'y demeure gueres plus de fix mois, puisqu'il étoit de retour à Lyon le dernier Août de cette année; jour duquel est datée l’Epitre dédicatoire de la Topographie de Rome de Marliani qu'il fit imprimer alors dans cette Ville. Ce fut là son premier voyage d'Italie , que personne n'a distingué du second , qu'il fit quelque temps après.

C'est un conte puerile, que celui

François qu'on a inventé fur la maniere done RABELAIS il se comporta à l'Audience du Pape.

Voyant , dit-on, que l'Evêque de Paris lui avoit baisé les pieds, il n'ofa pas s'approcher pour faire la même chose ; & fur ce qu'on lui en demanda la raison : Si mon Maître, répondit-il, lui a baisé les pieds, il faudra donc que je lui baise le derriere. Ce qu'on dit encore , qu'il demanda au Pape qu'il l'excommuniât , parce qu'étant d'un pays sujet au fagot, il seroit par là hors d'état de pouvoir être brûlé, n'est

pas moins ridicule & faux.

On ne sçait dans quel temps il retourna à Rome, où il alla retrou ver Jean du Bellay , que le Pape Paul III. avoit fait Cardinal le 21. Mai 1535.

il
у

étoit du moins le 18. Octobre 1535.& les lettres qu'il écrivir de là à Godefroy d'Eftiffac, Evêque de Maillezais , qui avoit conçu de l'affection pour lui pendant qu'il demeuroit à Maillezais , & qui avoit toujours été depuis son protecteur, & fon Mecene, font des deux années suivantes.

Ce fut alors que Rabelais touché de la faute qu'il avoit faite d'aban,