Le Clergé de Franco, en conside- D. A. ration des Ouvrages qu'il composa BRUEYS. en faveur de la Religion Catholique, lui accorda une pension; & le Roiy en joignit une autre de soo. livres. ၄. Son esprit vif & enjoué ne lui permit pas long-temps, de fe borner dans ses Ouvrages à des sujets aussi graves & aussi ferieux , que ceux qui concernent la Religion : il prit du · gout pour la Poësie & pour les pie ces de Théatre, & compofa Gabinie, Tragedie Sainte , qui fut suivic de quelques autres. L'amitié particuliere , qui le lioieavet Palaprat, qui avoit le même penchant que le Théâtre l'engagea aussi à composer conjointement avec lui quelques Comedies. Il se determina d'autant plus volontiers à travailler en focieté avec lui , qu'il ne pouvoit se livrer publiquement au penchant qu'il avoit pour les pieces de Théâtre , parce que ce travail s'accordoit peur avec sa qualité de nouveau Converti, en faveur de laquelle on lui avoit accordé des pensions, qu'il étoit obligé de fe menager, comme les lui pour : D. A. ressources les plus sûres qu'il pût BRUEYS. avoir, & encore moins avec celle d'Ecclesiastique & de Controversifte. Ce qu'on dit dans le Mercure pour le justifier ; qu'il à fait ses pieces de Théâtre dans sa jeunesse , & qu'il ne les a regardées que comme un delassement d'esprit, porte à faux : Car il avoit deja 42. ans, lors: qu'il vint à Paris en 1682. & ce ne fut que quelque temps après, qu'il commença à travailler à pour le Théâtre. Au reste c'étoit un homme d'un commerce agréable, qui sçavoit se proportionner au genie de toutes sortes de personnes. Comme il avoit la vûe extrêmement basse , il portoit presque toûjours des lunettes, & même dans ses repas. Son ami Pa: laprat , avec lequel il a demeuré quelque temps, n'avoit gueres la vûe plus étenduë que lui. On dit, que comme ils prenoient du Thé tous les matins, ils étoient obligés quelquefois d'attendre sur l’escalier, que que quelqu'un passât , pour le prier de voir, li l'eau qu'ils avoient mise devant le feu , bouilloir , afin d'y D. A. jetter le Thé, BRUEYS. Brueys se retira trois ou quatre ans avant sa mort à Mompellier, où ou il avoit demeuré plusieurs années avant qu'il vînt à Paris , & qu'il regardoit comme sa patrie, parce que c'étoit celle de fon pere. Il y reprit les mêmes travaux qui l'avoient occupé pendant son séjour à Paris, confervant jusqu'à la fin de la vie le feu , l'imagination vive , & le jugement solide, qu'on lui a toûjours connu. Il mourut dans cette ville le 25. Novembre 1723. âgé de 83. ans, laissant quelques enfans dans une mediocrité de fortune que probité & fon desinterellement n'ont jamais cherché à augmenter. Catalogue de ses Ouvrages. 1. Réponse au livre de M. de Condom, intitulé: Exposition de la Doctrine Catholique, sur les Matieres de Controverse. Geneve 1681. in-12. It. La Haye 1681. in-12. Brueys voulut se faire un honneur dans ton parti, en attaquant le livre de M. BofJuet ; mais il parla un langage bien Tome XXXII. E D. A. different dans l'Ouvrage suivant BRVEYS. qu'il publia pour rendre compte des . raisons, qu'il avoit elles d'embrasser la Religion Catholique. 2. Examen des Raisons, qui ont don, né lieu à la separation des Protestans fait sans prevention sur le Concile de Trente , fur la Confession de Foy des Eglises Protestantes, sur l'Ecritura Sainte, Paris 1683. in-12. 3. Défense du Culte exterieur de l'Eglise Catholique, où l'on montre aussi Les défauts qui se trouvent dans le fervice public de la Religion P. Reformée: avec la Refutation de deux Réponses faites à l'Examen des raisons , qui ont donné lieu à la separation des Proteftans , où l'on répond principalement à ce que M. Jurieu a allegué cone tre l'adoration du S. Sacrement de l'Eur charistie, pour servir d'instruction aux Protestans, aux nouveaux Convertis. Paris 1686. in-12. Le livre précedent n'eut pas plûtôt paru , qu'il fụt attaqué par trois Aureurs differens, qui ne fe nommerent poing dans les Ouvrages, qu'ils publie- . rent pour le refuter. Le premier fut Pierre Jurieu , qui donna la fuite du Prefervarif contre le changement de Ře. D.A. ligion, où Reflexions sur l'adoucisse-Bruevs. ment des dogmes & des cultes de l'Eglise Romaine , proposé par M. Breys. La Haye 1683. in-12. Le second eft Daniel de Larroque, qui ne se fic connoître, que par les Lettres initiales, D. L. dans un livre intitulé: Le Profelyte abufé , ou fausses vûës de M. Brueys dans l'examen de la sepa. ration des Protestans. Ratterdam 1684 in-12. Le troisiéme Jacques Lenfant, qui publia pour son coup d'eslay des Confiderations generales sur le livre de M. Brueys , intitulé: Examen des Raisons qui ont donné lieu à la separation des Proteftans, par occasion sur ceux de même caractere. Rotterdam 1684. in- 1 2. Brneys ne s'est proposé dans le livre , qui fait le sujer de cet article, que de refuter deux de ces Auteurs, le troisiéme lui ayant été apparemment inconnu. 4. Réponse aux plaintes des Proteftans , contre les moyens que l'on ema ploye en France pour les réunir à l’Eglise ; où l'on réfute les calomnies, qui sont contenuës dans le livre intitulé : La Politique du Clergé de France, |