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avaient l'âge de puberté, trop suspects pour être enrôlés dans les troupes, trop féroces pour souffrir l'esclavage, furent tous livrés aux bêtes à Trèves, dans les jeux qui furent célébrés après la victoire. Le courage de ces braves gens effraya leurs vainqueurs, qui s'amusaient de leur supplice on les vit courir audevant de la mort, et conserver encore un air intrépide entre les dents et sous les ongles des bêtes farouches, qui les déchiraient sans leur arracher un soupir. Quoi qu'on puisse dire pour excuser Constantin, il faut avouer qu'on retrouve dans son caractère des traits de cette férocité commune aux princes de son siècle, et qui s'échappa encore en plusieurs rencontres, lors même que le christianisme eut adouci ses mœurs.

xxx.

Il met

terres de la Gaule.

Eumenius, Vorb. Hist.

Pan. c. 13.

Rom. Germ.

t.

2, p. 170.

Till., art. 1o.

Pour ôter aux barbares l'envie de passer le Rhin, et pour se procurer à lui-même une libre entrée sur à couvert les leurs terres, il entretint, le long du fleuve, les forts déja bâtis et garnis de troupes, et sur le fleuve même une flotte bien armée. Il commença à Cologne un pont de pierre qui ne fut achevé qu'au bout de dix ans, et qui, selon quelques-uns, subsista jusqu'en 955. On dit aussi que ce fut pour défendre ce pont qu'il bâtit ou répara le château de Duitz vis-à-vis de Cologne'. Ces grands ouvrages achevèrent d'intimider les Francs; ils demandèrent la paix, et donnèrent pour ôtages les plus nobles de leur nation. Le vainqueur, pour couronner ces glorieux succès, institua les jeux franciques, qui continuèrent long-temps de se célébrer tous les ans depuis le 14 de juillet jusqu'au 20.

Tout était en mouvement en Italie. Sévère, parti de AN 307.

1 C'est une conjecture de Bucher ( Hist. Belg., 1. 8, c. 2, § 5). Les anciens ne disent rien de pareil.—8.-M.

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Sévère trahi.

c. 3.

c. 26.

les.

C. 10.

P. 221.

Milan au milieu de l'hiver de l'an 307, marcha vers Incert. Pan. Rome avec une grande armée, composée de Romains Lact., de et de soldats Maures, qui tous avaient servi sous Maximort. pers. mien, et lui étaient encore affectionnés. Ces troupes, Anony. Va accoutumées aux délices de Rome, avaient plus d'envie Zus. 1. 2, de vivre dans cette ville que de la ruiner. Maxence Vict. epit. ayant d'abord gagné Anullinus, préfet du prétoire, Eutrop.l.10. n'eut pas de peine à les corrompre. Dès qu'elles furent à la vue de Rome, elles quittèrent leur empereur et se donnèrent à son ennemi. Sévère abandonné prend la fuite, et rencontrant Maximien à la tête d'un corps qu'il venait de rassembler, il se sauve à Ravenne, où il se renferme avec le petit nombre de ceux qui lui étaient demeurés fidèles. Cette ville était forte, peuplée, et assez bien pourvue de vivres pour donner à Galérius le temps de venir au secours. Mais Sévère manquait de la principale ressource: il n'avait ni bon sens, ni courage. Maximien pressé par la crainte qu'il avait de Galérius, prodiguait les promesses et les serments pour engager Sévère à se rendre celui-ci plus pressé encore par sa propre timidité, et menacé d'une nouvelle désertion, ne songeait qu'à sauver sa vie; il consentit à tout, se remit entre les mains de son ennemi, et rendit la pourpre à celui qui la lui avait donnée deux ans auparavant.

XXXII.

Sa mort.

Zos., 1. 2,

c. 10.

Réduit à la condition privée, il revenait à Rome, où Anony, Va. Maximien lui avait juré qu'il serait traité avec, honles. neur. Mais Maxence, pour dégager son père de sa parole, fit dresser à Sévère une embuscade sur le chemin. Il le prit, l'amena à Rome comme un captif, l'envoya à trente milles sur la voie Appienne, dans un epit. p. 221]. lieu nommé les Trois-Hôtelleries (Tres tabernæ ), où ce

[Victor,

et

prince infortuné, ayant été retenu prisonnier pendant quelques jours, fut forcé de se faire ouvrir les veines. On porta son corps dans le tombeau de Gallien, à huit ou neuf milles de Rome. Il laissa un fils nommé Sévérianus qui ne fut héritier que de ses malheurs.

XXXIII.

Mariage de

Lact., de mort. pers.

c. 27.

P. 45.

Incert.

Paneg.. Max.
Baluzius, in

et Cons. c. 6.

Lact., c. 27.

Maximien s'attendait bien que Galérius ne tarderait pas de venir en Italie pour venger,la mort de Sévère. Constantin. Il craignait même que cet ennemi violent et irrité n'amenât avec lui Maximin; et quelles forces pourraient Du Cange,in résister aux armées réunies de ces deux princes? Il numm. Byz. songea donc de son côté à se procurer une alliance Till. art. 11 capable de le soutenir au milieu d'une si violente tempête. Il met Rome en état de défense, et court en Gaule pour s'attacher Constantin en lui faisant épouser sa fille Flavia-Maximiana-Fausta, qu'il avait eue d'Eutropia, et qui, du côté de sa mère, était sœur cadette de Theodora, belle-mère de Constantin. Elle était née et avait été élevée à Rome. Son père l'avait destinée au fils de Constance dès l'enfance de l'un et de l'autre : on voyait dans son palais d'Aquilée un tableau, où la jeune princesse présentait à Constantin un casque d'or. Le mariage de Minervina rompit ce projet : mais sa mort arrivée avant celle de Constance donna lieu de le reprendre, et il semble que ce prince avait consenti à cette alliance. L'état où se trouvait alors Maximien la fit promptement conclure: le mariage fut fait à Trèves, le 31 mars. Nous avons encore un panégyrique qui fut alors prononcé en présence des deux princes 1. Pour la dot de sa fille, Maximien donna à son gendre le

Cet ouvrage, dont on ignore l'auteur, se retrouve dans le Recueil

des anciens panégyristes (Panegy-
rici veteres).- S.-M.

XXXIV.

Galerius

ger Rome.

Incert. Pan.

titre d'Auguste, sans s'embarrasser de l'approbation de Galérius.

Ce prince était bien éloigné de l'accorder. Plein de vient assié- courroux et ne respirant que vengeance, il était déja entré en Italie avec une armée plus forte que celle de c. 3. Sévère, et ne menaçait de rien moins que d'égorger le mort. pers. sénat, d'exterminer le peuple, et de ruiner la ville. Il Anony. Va- n'avait jamais vu Rome, et n'en connaissait ni la

Lact., de

C. 27.

les.

XXXV.

Il est con

retirer.

gran

deur ni la force: il la trouva hors d'insulte: l'attaque et la circonvallation lui paraissant également impraticables, il fut contraint d'avoir recours aux voies de négociation. Il alla camper à Terni en Ombrie, d'où il députa à Maxence deux de ses principaux officiers, Licinius et Probus, pour lui proposer de mettre bas les armes, et de s'en rapporter à la bienveillance d'un beau-père, prêt à lui accorder tout ce qu'il ne prétendrait pas emporter par violence.

Maxence n'avait garde de donner dans ce piége. Il traint de se attaqua Galérius avec les mêmes armes qui lui avaient si bien réussi contre Sévère; et profita de ces entrevues pour lui débaucher par argent une grande partie de ses troupes, déja mécontentes d'être employées contre Rome, et par un beau-père contre son gendre. Des corps entiers quittèrent Galérius et s'allèrent jeter dans Rome. Cet exemple ébranlait déja le reste de l'armée, et Galérius était à la veille d'éprouver le même sort que celui qu'il venait venger, lorsque ce prince superbe, humilié par la nécessité, se prosternant aux pieds des soldats et les suppliant avec larmes de ne pas le livrer à son ennemi, vint à bout, à force de prières et de promesses, d'en retenir une partie. Il décampa aussitôt et s'enfuit en diligence.

Il ne fallait qu'un chef avec une poignée de bonnes troupes, pour l'accabler dans cette fuite précipitée. Il le sentit; et pour ôter à l'ennemi le moyen de le poursuivre, et payer en même temps ses soldats de leur fidélité, il leur ordonna de ruiner toutes les campagnes et de détruire toutes les subsistances. Jamais il ne fut mieux obéi. La plus belle contrée de l'Italie éprouva tous les excès de l'avarice, de la licence et de la rage la plus effrénée. Ce fut au travers de ces horribles ravages que l'empereur, ou plutôt le fléau de l'empire, regagna la Pannonie; et la malheureuse Italie eut lieu de se ressouvenir alors que Galérius, recevant deux ans auparavant le titre d'empereur, s'était déclaré l'ennemi du nom romain, et qu'il avait projeté de changer la dénomination de l'empire, en l'appelant l'empire des Daces, parce que presque tous ceux qui gouvernaient alors tiraient, comme lui, leur origine de ces barbares.

XXXVI.

Il ruine tout

sur

son passage.

XXXVII. Maximien

revient à

Rome d'où il

est chassé.

Lact. de

mort. pers.

c. 28.

Incert.

Zos. 1. 2,

C. 10.

Maximien était encore en Gaule. Indigné contre son fils, dont la lâcheté avait laissé échapper Galérius, il résolut de lui ôter la puissance souveraine. Il sollicita son gendre de poursuivre Galérius, et de se joindre à lui pour dépouiller Maxence. Constantin s'y trouvait assez disposé, mais il ne put se résoudre à quitter la Paneg. c. 3. Gaule, où sa présence était nécessaire pour contenir les barbares. Rien n'est plus équivoque que la con- Eutrop.l. 1o. duite de Maximien. Cependant, quand on suit avec t. 1, p.644. attention toutes ses démarches, il paraît qu'il n'avait rien d'arrêté que le désir de se rendre le maître. Sans affection comme sans scrupule, également ennemi de son fils et de son gendre, il cherchait à les détruire l'un par l'autre, pour les faire périr tous deux. Il re

Zonar., 1.12,

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