Imágenes de páginas
PDF
EPUB

3

On paffe icy tout ce que l'Auteur dit de la nature & des proprietés divines, du culte que nous devons rendre à cet Etre fouverain; parcequ'il ne dit rien là deffus de fingulier. Enfin on convient avec luy que la raifon & la revelation fe fouttiennent & se prêtent pour ainfi dire la main l'une à l'autre ; mais on n'a garde de convenir pour cela que chaque particulier foit le feul juge de la revelation, & le feul interprête de la parole de Dieu. Au contraire Ja droite raifon perfuade que la Providence de Dieu n'a point dû abandonner à la difcretion de chaque Fidelle la profondeur de fes myf teres; mais qu'elle a dû établir un Tribunal infaillible, c'est-à-dire T'Eglife,pour décider en dernier ref fort les controverfes qui pourroient partager les Chrêtiens touchant le veritable fens des Ecritures.

ARTICLE II.

HISTOIRE DU VIEUX &du Nouveau Teftament enrichie de plus de quatre cens figures en taille-douce &c. A Anvers chez Pierre Mortier. In fol. 1. Tome pp. 282. 2. Tome pp. 154. abbregé Chronol pp. 20.

[ocr errors]

E Libraire qui a fait la dépenfe de cét Ouvrage n'a rien épar gné pour le rendre parfait. Il a choifiles Peintres les plus habiles & les meilleurs Graveurs des Païs - bas qu'il a obligez à retoucher, ou plu tôt à refaire fouvent les mêmes Planches, lorfqu'il s'y étoit gliffé quelques défauts. Ils y ont travail lé, dit-il, avec tant d'art & de fa gacité, qu'il ne doute pas que les connoiffeurs n'admirent l'exactitu de avec laquelle on y a marqué le clair - obfcur, la lumiere du Soleil, la clarté de la Lune, celle des flambeaux, les ombres, les nuages, tempêtes, les diftances, les proportions, & géneralement tout ce qui

les

[ocr errors]

peut donner de la netteté, & de la vivacité à ces fortes d'Ouvrages.

Il eft vray qu'on remarque une partie de ce qu'il dit en plufieurs de fes Eftampes, Mais comme elles ne font pas toutes de la même main, elles ne font pas également belles. Il y en a quelques unes un peu trop négligées ; d'autres qui paroiffent groffieres & confufes. Mais en recompenfe on y en trouve & en affez grand nombre qui font d'un très-bon goût.

Le Miniftre Proteftant qui a compofé fur ces figures l'Hiltoire de l'Ancien & du Nouveau Teftament eft habile dans la connoiffance des faintes lettres. Il a tellement ménagé toutes chofes que fon Livre peut fervir de Commentaire & de Concorde, où il explique avec beaucoup de netteté la plupart de ces endroits obfcurs & difficiles, qui ont toûjours fait de la peine aux Interprêtes.

J'ay vû avec plaifir qu'il fe déclare par tout contre la doctrine impie de Socin. Il le fait d'une maniere éclatante lorfqu'il parle des rai

fons qu'eut faint Jean d'écrire fon Evangile. Voicy fes termes. Le fujet particulier pour lequel faint fean écrivit fon Evangile fur l'Herefie naiffante de Cerinthe, d'Ebion, & de quelques autres qui attaquoient la Divinité de fefus-Chrift, pour le réduire au rang d'une fimple Creature, grande & excellente à la verité, mais une Creature pourtant qui avoit eu un commencement, de même que toutes les autres. Pour dißiper donc cette erreur qui renverfe tout le fondement de la foy, faint tean commence fon Evangi le par un vol, pour ainsi dire, fi haut, qu'il luy a fait donner par les anciens Peres le nom d'Aigle. Au commencement, dit-il, étoit la Parole, cette Parole étoit avec Dieu, & cette PaTole étoit Dieu...... La Parole a été faite Chair &c. Quand on ne voit pas dans un éloge fi pompeux, & fi fubli me de fefus-Chrift, un Fils de Diew qui étoit avec Dieu fon Pere avant la Creation, qui deflors étoit Dieu comme fon Pere, & qui comme luy a créé le monde, c'est que pour s'affermir dans l'erreur, on a juré en foy-même de fermer les yeux à la verité. Toute la fui

te de l'Evangile répond à un fi grand commencement; par tout fefus-Chrift eft appellé le Fils de Dieu, fon Fils unique, égal à Dieu : & on le voit en divers endroits foutenant aux fuifs qu'il étoit au monde avant qu'Abraham fût né; qu'il n'a point été un blafphemateur, & un ufurpateur de la Divinité lorfqu'il a dit que Dieu étoit fon proPre Pere, & qu'il étoit le Fils de Dieu &c.

Une profeffion de foy fi authentique touchant la Divinité de Je fus-Chrift dans un Païs où les Sociniens ne font pas rares, & où ils fe multiplient tous les jours, n'a rien que de très-à-propos & de très-édi fiant. Mais ce qui fait de la peine au gens de bien, c'eft de voir que les préjugez de fa Religion le jettent quelquefois dans l'égarement, & l'éloignent infiniment du veritable fens des Ecritures. Il veut par exemple, que les Patriarches de l'ancien Teftament, & tous ceux qui mouroient dans la grace duSeigneur fuffent tranfportez dans le Ciel où ils joüiffoient, avant l'Afcenfion du Sauveur, de la claire vifion de Dieu;

« AnteriorContinuar »