fçavans font fouvent dans leurs livres & furtout dans leurs lettres, ce que Lucilius faifoit dans fes Satyres, & l'envie de fe peindre euxmêmes & de fe faire connoître tels qu'ils font, fait qu'ils n'ont pas foin de cacher leurs défauts, & qu'ils montrent d'eux-mêmes fouvent plus qu'on n'en voudroit voir pour leur honneur.

Ille velut fidis arcana fodalibus olim Credebat libris: nequo fi malè gefferat ufquam

Divertens aliò, neque fi benè; quo fit ut omnis

Votivá pateat veluti defcripta ta

bella.

Vita fenis.

Mr. Leti paffa prés de vingt ans à Geneve entretenant toûjours commerce avec les fçavans, fur tout avec ceux d'Italie. En 1671. On lui donna le droit de Bourgeoilie gratis ce qui ne s'étoit jamais pratiqué avant lui. Et c'est à propos de cela qu'il entre dans un détail fort curieux du gouvernement de Gene• Hornt, lib.2. fat. zg

ve & rapporte même le difcours entier qu'il fit à Meffieurs de Ge neve lors de fa reception. Ce dif cours eft plein d'érudition & de litterature, & je ne, m'étonne pas qu'il fe vante d'avoir lû plus de cent Auteurs différens, dans lefquels il a ramaffé ce qu'il rapporte fur toutes les Republiques anciennes & mo, dernes. Mais fçavoir fi toute cette érudition étoit bien placée en cet endroit, & s'il n'eût pas peut être mieux valu faire un compliment court & honnête fur l'honneur qu'on lui faifoit, que d'ennuyer Meffieurs de Geneve par un long difcours d'une heure & demie fur mille chofes qui ne les intereffoient guéres: c'eft ce que je ne décideray pas. Il y a encore dans une lettre à Mr.Juf tel 'quelque chofe qui regarde le gouvernement de Geneve & les broüilleries qui y arriverent en 1667. Mais on trouvera cela plus au long & ce qui regarde en parti culier les démêlés de Mr. Leti avec Meffieurs de Geneve dans fon hiftoria Genevrina, qu'il a imprimée à

Amfterdam en s. volumes in 12. de puis qu'ayant quitté la France & enfuite l'Angleterre il fe fut retiré en Hollande où il a resté jusqu'à sa

mort.

On voit encore dans fes lettres,& fur tout par la maniére dont il parle de Mr. Lect Syndic de Géneve, &c. par le portrait ridicule qu'il en fait

que fa plume luy fervit à fe vanger de ceux dont il croyoit avoir: quelque fujet d'être mécontent. On y trouve auffi les fervices importans qu'il rendit à Meffieurs de Genéve dans leurs affaires avec la Cour de Savoye & avec celle de France.s

A juger par les Lettres que M.Leti produit, on doit fe perfuader qu'il étoit bien venu par tout, & que les: Princes & les Rois s'empreffoient pour l'attirer à leur fervice. On y voit beaucoup de Lettres à Madame Royale de Savoye, & aux prin-: cipaux Miniftres de cette Cour, au Duc de Parme, au Duc de Modene, à Madame la Landgrave Regente de Heffe-Caffel, Princeffe Elec*part.x: lett.76.pag 278. pag. $72.&c.] pari. 11. p.475 pars.

torale de Brandebourg, au Duc de Curlande avec des réponses trèsobligeantes qu'il reçoit de tous ces Princes. Cependant outre les mécontentemens qu'il reçût à Genève, les honneurs qu'il reçût dans quelques Etats ne furent pas de longue durée. Il ne diffimule pas qu'il fut obligé de fortir de France affez brufquemer en 1680. & qu'on ne s'accommoda pas de luy long-tems en Angleterre.

Son livre des Lotteries luy a fait tant d'ennemis qu'il ne pouvoit manquer de recevoir & d'écrire beau coup de Lettres là deffus.ll en a fait imprimer quelques-unes au commencement de la 2 partie. Et il la fi nit' par quelques particularitez fur L'impreffion de fon dernier Ouvrage qui eft la vie de Charles V. en quatre vol in 12 Cette impreffion ne fut achevée que peu de tems: avant le recueil de ces Lettres

II. Pour le fecond article de cet extrait. C'est-à-dire les memoires: hiftoriques répandus dans les Lettres de Mr. Leti. On trouvera dans • part. 2. lett. 204. p.582. ¿purts 13. p.525. "2.38.

la premiere partie les noms des principaux de ceux qui embrafflérent la reformation à Genéve; Une Lifte alphabetique de toutes les Familles nobles de la Republique de Venife, & plufieurs chofes de cette nature. Un' Religieux Italien luy ayant demandé des memoires furia vie de Calvin, Mr. Leti luy envoïe en differentes Lettres une vie de Calvin affez bien circonftanciée p dans laquelle fans avouer ce que quelques Ecrivains Catholiques ont publié contre ce Patriarche de Genéve, il ne diffimule pas fes défauts & fur tout fon humeur auftére & im perieufe qui le fit chaffer de Genéve aulli bien que Farel, quia in liberâ' civitate Tyranni effe voluerunt, com»! me portoit la Sentence de leur ban Diffement. Ce qui avoit revolté cet te nouvelle Eglife contre luy, c'eft: qu'il avoit refufé la Cene à deux Demoïfelles des premieres maifons> de la Ville. Les Parens voulurenti fe venger de cet affront, & il leur fut d'autant plus aifé d'y réüllir, qu'ils trouvérent que la févérité de

pag. 49. Salvatore Cadena Min. obfer pag.143.bet.23.& suiv,