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Calvin ne plaifoit pas à bien des gens. Genéve étoit en ce tems-là l'azile de tous les mécontens, & tous ceux qui s'y jettoient parloient volontiers de reformer l'état, de reformer la Religion, de reformer fur tout l'Eglife de Rome, mais ils ne prétendoient pas qu'on les obligeât à reformer leurs mœurs, qui avoient fouvent bien plus befoin de reforme que tout le refte. Enfin après plus de trois ans d'abfence Calvin fut rappellé à Genéve; mais, il ne changea point d'humeur, & il fallut bien que cette nouvelle Eglife s'accoutumât à la fevérité du Reformateur. Ochim, Blandrata, Servet, les Anabaptiftes & plufieurs autres fentirent les effets de fon intolerance, qui venoit plus de fon humeur que des principes de fa reforme. Car il eft vray que fes principes menent à tolerer tous les dogmes, & à n'inquiéter perfonne là-deffus, & pour la conduire exterieure à ne faire, point de fort à fon prochain, & à fauver les apparences en donnant de bons exemples. C'étoit là le fentiment de Mr. Leti comme il le ré

moigne

che un

moigne à un de fes amis,
vero buomo da bene, bifognava che
falvaffe le apparenze, dit Mr. Leti,
& il n'y a maintenant que trop de
gens parmi Meffieurs les Proteftans,
dont toute la Religion fe reduit à
cela ou à peu près.

Pour revenir à Calvin, il eft étonnant qu'un homme fujet à tant de maladies, accablé de tant de foins & d'embarras, chargé du poids de tant de nouvelles Eglifes qui s'établiffoient en France, en Angleterre, en Allemagne & en Suiffe, occupé de tant de confultations ait trouvé le tems non feulement de prêcher fi fouvent, mais auffi décrire tant de Livres, dont la compofition paroît demander tout le loifir, & toute la méditation d'un Théologien qui n'auroit que cela à faire.

On trouve encore en plufieurs de ces lettres des éclairciffemens curieux fur les dignitez de Landgrave, Margrave & Burgrave qui font des termes propres de l'Alle

b.

Part. 1. Lett. 66. p. 279. & 280.
*p.74.p. 25. de la premiere Partie."
Septembre. 1702.

D

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magne, Les Landgraves font comme des Gouverneurs de Province Comites Provinciales, les Margraves que quelques-uns regardent comme les Marquis en France, font les Gouverneurs des Marches ou Frontieres, Comites limitanei. Pour les Burgraves, il eft vray qu'ils ne font dans leur origine que des Gouverneurs de Fortercffes & de leur diftrict, Comites caftellanei; mais cependant on donne en Boheme le nom de Burgrave au principal Offi cier du Royaume, & à celuy qui en eft comme le Viceroy. Dans la Pruffe le Burgrave eft une des quatre principales Charges de la Province. En Gueldres le Burgrave de Nimegue eft Prefident des Etats de cette Province qui est la premiere des Pays-bas. Il y a d'autres Païs où la dignité de Burgrave eft bien avilie, & furtout dans le Palatinat. il y avoit autrefois quinze Familles dans l'Empire qui joüiffoient duris tre de Burgrave. Des 15. il y en a 13. d'éteintes, & il ne refte que celles de Dona, & de Keinhberg.Comme c'eft M.Frederic Dona qui four

pit ces memoires, il s'attache à la recherche de l'hiftoire généalogique de la maifon de Dona", & s'arrefte fur tout à ce qui regarde Chriftophle Dona fon Pere mort dans fon Gouvernement de la Principau té d'Orange en 1637. Ce gouvernement fut donné à fa veuve qui l'eut jufqu'en 1649. & enfuite à fon fils Frederic qui entra dans de grandes intrigues pendant le miniffére du Cardinal Mazarin, & la minorité du Prince d'Orange.La France après la paix des Pyrenées s'empara de la Principauté d'Orange, & Frederic Dona après plufieurs tentatives inutiles pour la reftitution de cette Principauté fe mit à fervir le Prince d'Orange devenu majeur dans diverfes negociations & enfuite au commencement de la guerre de 1672. en qualité de Colonel general des Suiffes & des Grifons. Il finit l'état de la Famille de Dona

par en 1677.

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La Lettre 79. & les fuivantes de la premiére partie traitent de la dignité du Maire de Londres & de la

•P. 78.1667.

maniére dont on en fait l'élection, les céremonies qui s'obfervent à la prife de poffeffion de cette dignité, qui ne dure qu'un an ; la defcription en eft fi magnifique, que Mr. Leti a raifon de dire qu'il n'y a point dans l'Europe de dignité populaire qui faffe une plus belle figure & dont l'inveftiture fe prenne avec plus d'éclat. C'est auffi ce que difent tous ceux qui connoiffent un peu l'Angleterre.

Dans la 2. partie ce qu'on trouve de plus curieux pour l'Hiftoire eft la manière dont on réçoit les Ambaffadeurs de divers Etats à Venife, la relation de l'Ambaffadeur de Venife fur la Cour de Rome, des informations de la Ville de Bologne en Italie & en particulier fur les Profeffeurs de cette fameufe Univerfité. On trouve auffi l'Eloge de Mr. Conrart dans deux lettres au Docteur Capponi.

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L'infulte qui fut faite à Genéve à M.Chauvigny Refident de France y eft très particularifée avec tou

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b

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