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che & éloignée de toute putréfaction, exhale néanmoins quelque chofe d'une nature fort nuifible à l'économie animale.

Enfin, la pâleur, la foibleffe, la mauvaise fanté, les maladies nerveufes, &c. font ordinairement le partage des perfonnes qui font prefque toujours concentrées dans l'intérieur de leurs appartemens, évitant le grand air avec autant de foin qu'elles devroient en avoir pour le refpirer de tems à autre; ne pourroit-on pas attribuer le mauvais état de leur fanté, & fur-tout leurs affections nerveuses, à l'action de l'air renfermé que ces perfonnes refpirent? Non-feulement cet air ftagnant eft moins propre à entretenir le jeu de la refpiration, mais il eft rare qu'il foit affez chargé de cette humidité qui eft néceffaire pour entretenir la fluidité des humeurs, la foupleffe des muscles, la fraîcheur des poumons; humidité qui s'infi nue dans nos corps en plus ou moins grande quantité, felon le befoin, ainfi que dans les végétaux.

L'altération que l'air éprouve dans les poumons de l'homme & des animaux, & qui eft telle qu'une quantité donnée de ce fluide ne peut entretenir leur refpiration que pour un tems déterminé, après lequel il leur devient funefte; la qualité nuifible de l'air respiré étant

bien avérée, il eft facile d'expliquer pourquoi le fouffle des baleines, ainfi que celui d'un ferpent énorme qui habite les bords de la riviere des Amazones, font mortels pour les autres animaux qui en font atteints. L'on conçoit que l'air refpiré par ces très-grands animaux, doit être en quantité fuffifante pour en envelopper de plus petits, les priver d'un air plus pur & produire fon effet funefte. Si l'on objectoit, d'après les expériences faites fur l'homme, que l'air qui a fervi à une feule infpiration n'eft point affez vicié pour détruire la vie, ne pourroit-on pas répondre que l'air, dans ces animaux gigantefques, étant expofé à une beaucoup plus grande furface du pou mon, & peut être pendant un tems plus long que dans l'homme, doit probablement fouffrir un degré d'altération plus confidérable, & être plus complettement phlogistiqué. Quoi qu'il en foit, le fait eft attefté par Don Ulloa & quelques autres Voyageurs.

CHAPITRE V.

De l'Air, relativement à la production & à la tranfmiffion des fons.

LE filence le plus profond régneroit autour de

nous & dans la nature s'il n'y avoit aucun fluide entre l'organe de l'ouïe & les corps qui produifent cette variété de fons que nous connoissons; car toute efpece de fon eft une modification particuliere du corps fonore, dont la propriété principale eft l'élasticité; c'est un frémissement des parties infenfibles de ce corps, mises en mouvement par le choc ou la percuffion, & entretenues dans ce mouvement d'ofcillation par leur force élastique; il faut nécessairement qu'un femblable mouvement foit communiqué à certaines parties de l'oreille, autrement l'ame ne feroit point avertie de ce qui fe paffe dans le corps fonore. Or, le mouvement ne peu ici fe communiquer que par l'intermede d'un autre corps, par conféquent la tranfmiffion des fons eft dûe à un fluide interpofé entre le corps qui les rend & l'oreille qui en eft affectée.

Il cft également inconteftable que le fluide

qui tranfmet les fons, eft l'air qui nous envi-
ronne; car fi on renferme fous le récipient
d'une machine pneumatique une petite fonne-
rie, telle qu'une montre à réveil, on obfervera
1o. que
le fon fe fait entendre, tant que l'air
n'est point pompé; 2°. que le fon perd de fa
force, ou s'affoiblit fenfiblement, à proportion
que l'on pompe l'air, ou qu'on le raréfie fous
le récipient. 3". Enfin, fi le réveil est isolé
de maniere à ne pouvoir pas communiquer fes
vibrations à la machine pneumatique, l'air
étant très-raréfié, le fon ne fait prefque plus.
impreffion; d'où l'on peut inférer qu'il ceffe-
roit totalement, s'il étoit poffible de faire un
vide parfait fous le récipient: l'air eft donc
néceffaire pour la tranfmiffion des fons.

Il est probable que l'air participe au frémif-
sement des parties infenfibles des corps fono-
res & tranfmet ainfi les fons excités dans ces
derniers, à des diftances plus ou moins gran-
des. Un coup de fouet qu'un Poftillon fait re-
tentir; une planchette qu'un enfant fait tour-
ner rapidement au bout d'une ficelle; une ba-
guette que l'on agite avec une grande viteffe,
produisent des fons qui fuppofent un ébranle-
ment, un frémissement dans les particules de

Pair;
à vent, fi ce n'est en grande partie de l'ébran-

d'où proviennent les fons des inftrumens

H

lement communiqué à la maffe d'air contenue dans ces inftrumens par une certaine quantité du même fluide fortant de la bouche du joueur. Les vibrations de la matiere qui compofe ces inftrumens, entrent pour peu de chose dans la formation des fons qu'on en tire; autrement ils cefferoient de réfonner lorsqu'on les touche, parce qu'on interrompt alors leurs vibrations: or, cela n'arrive pas. On a vu des perfonnes affez bien exercées pour jouer différens airs, en faifant claquer un fouet avec art & précipitamment (1).

Les fons que nous articulons nous-mêmes ou que nous proférons dans le difcours & dans le chant, proviennent également d'un tremblement ou frémiffement occafionné dans les molécules de l'air, ce qui eft facile à concevoir. La refpiration ou le jeu des poumons, ainfi que nous l'avons établi, confifte dans l'admiffion & l'expulfion alternative de l'air au-dedans & au-dehors de cet organe.

La glotte, qui eft une fente ovale par où l'air entre dans la trachée-artere pour fe rendre dans le poumon, préfente deux levres, dont les bords font fermés par des cordons ligamenteux, attachés de part & d'autre à des

(1) Républ. des Lettr. tom. I. pag. 357.

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