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»triction de la gorge, volontaire & acquife » par l'habitude, c'eft qu'Hippocrate, en parlant » d'une espece particuliere de mal de gorge, » dit qu'elle faifoit parler ceux qui en étoient >> atteints, comme s'ils étoient Engaftrimythes.

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Or, puifqu'une certaine maladie de la gorge » peut donner la voix de Ventriloque, rien ne » paroît plus naturel que de fuppofer que l'art » peut produire, par l'ufage même, le même » effet que la maladie; &, par conféquent, >> comme nous l'avons dit, que les Ventriloques » des Anciens ne devoient, & que ceux de » nos jours ne doivent leur talent qu'à une >> maniere particuliere de refferrer la gorge. Puifque les fons des Ventriloques s'articu » lent particuliérement dans l'arrière-bouche, » pourquoi, dit M. l'Abbé de la Chapelle, n'y » rapporte-t-on pas la voix, comme on le fair » ordinairement à la bouche antérieure ? » Cela vient, ajoute-t-il, de nos jugemens d'ha» bitude. Il n'y a que l'expérience qui nous » apprenne à juger par les yeux, de la distance » des objets; nous apprenons de même à en juger par les fons. Toutes les fois que Pair

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» fera modifié de près, comme il l'eft, pour

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produire les fons que l'expérience nous à » appris venir de loin, nous en rapporterons » le bruit à la même distance & dans la même

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direction, quand ils ne partiroient qu'à deux pouces de nos oreilles : c'eft-là un principe d'expérience, & d'obfervation.

» Or, c'eft précisément ce que produit l'ef» pece de Ventriloques dont nous recherchons la caufe.... Leur voix, quoique bien pronon»cée & très-intelligible, fe rapproche beau» coup de la voix baffe; elle eft grêle, peu » nourrie, prolongée & comme expirante; » voilà bien les caracteres d'une voix foible qui » vient de loin: on doit donc lui attribuer cette

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qualité, jufqu'à ce que l'expérience ait appris » à corriger ce jugement.

» C'est effectivement ce qui m'est arrivé. A » la troisieme expérience, l'illufion a disparu... » Je rapportois directement, à la bouche de » M. Saint-Gille, des paroles que d'autres

s'imaginoient venir du haut d'un arbre, du » milieu d'un champ, du sein de la terre ou » de l'air, à trente ou quarante toifes de dif

>> tance.

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» Ce dernier effet, c'est-à-dire celui de faire » venir la voix d'où il veut, eft le plus fur» prenant, & peut-être le plus aifé de tous à expliquer; on fait que la voix exerce fa plus grande force, fuivant la direction de l'axe » des lignes vocales. Or, fuppofons que la plus grande amplitude ou la plus grande

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portée d'une pareille voix, foit jugée de qua»rante toifes: le Ventriloque, en parlant, » escamote un peu fa phyfionomie; il a soin, » fans affectation, de tourner fon visage & » de diriger la voix du côté d'où il veut qu'elle

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paroiffe venir. Si c'est du côté de la terre, » elle paroîtra donc venir de fon fond, à » quarante toifes de fa furface. S'il la dirige » vers le ciel, ce fera à quarante toises de haut, » d'où l'on s'imaginera qu'elle vient, & ainsi à volonté, en fuivant toujours les directions quelconques.

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כן

» Il n'eft pas befoin d'ajouter que le preftige augmentera d'intensité & de merveil

» leux au milieu d'une forêt de haute-futaie,

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parmi les rochers, dans les montagnes & » les vallons. Page 391 & fuiv.:

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دو

On peut reconnoître tout le fond d'un pareil preftige, dans la maniere dont on imite les lointains dans les fymphonies, à l'Opéra & ailleurs, par le moyen des cors de chaffe, du claveffin & des orgues, dont on affoiblit les fons par degrés, en dérobant la vue des inftrumens aux yeux des fpectateurs..

Après avoir fait connoître en quoi confifte la voix humaine & les diverfes modifications dont elle eft fufceptible, il eft à propos de dire un mot du rire, de la toux & de l'éternuc

ment; car ils dépendent auffi en grande partie du frémiffement des particules de l'air.

Le rire vient de l'air que l'on a refpiré, & qui s'échappe alors de la glotte à plufieurs reprises, qui fe fuccedent prefque continuelle

ment.

La toux nous eft falutaire; elle nous fait rendre, avec l'air que nous avons refpiré, tout ce qui irrite le gofier, la trachée-artère & les poumons. Nous chaffons alors l'air avec la plus grande force, en affermiffant notre corps, faifant replier notre menton au-dedans, & tirant la langue au-dehors, afin que l'air trouve une voie directe par laquelle il puiffe fortir plus promptement.

L'éternuement chaffe un corps étranger qui chatouille les narines; il vient de l'air que l'on refpire en plus grande quantité, & que l'on rend en même tems avec plus de force par les narines. On réunit alors en quelque forte toutes les facultés du corps qui contribuent à la respiration & à l'expiration; un effort auffi violent, l'expulfion auffi forte de l'air qui monte jufqu'au crâne, romproit les vaiffeaux délicats qui fe trouvent dans la tête, si la nature, toujours prévoyante, n'avoit auparavant fixé en quelque forte notre cervelle, notre tête & toutes les parties de notre corps. Vous vous

mouchez

mouchez en chaffant l'air avec effort par les narines.

Les Naturaliftes nous apprennent que le bourdonnement des mouches, le cri des cigales, celui des grillons & des fauterelles dépendent dans les uns d'un certain battement des aîles, & dans les autres d'une autre espece de membrane mince qu'ils ont quelquefois dans le ventre, comme la cigale, & d'autres fois fur le dos, comme certaines fauterelles. Ces membranes, en cédant à la contraction alternative des muscles ou tendons auxquels elles font attachées, agitent violemment l'air qu'elles frappent dans leur mouvement d'expansion; & ce mouvement, communiqué à une partie des molécules d'air, fe communique fucceffi-: vement aux molécules voifines; & à mesure que la force impulfive ceffe d'agir, les molécules comprimées reviennent par leur reffort fur elles-mêmes: de-là fans doute, le frémiffement des molécules d'air, la formation du fon, fa tranfmiffion & fa propagation par le moyen du même fluide. C'eft ainfi que tout corps fonore mis en jeu, agite l'air ambiant par des fecouffes femblables & correspondantes à fes propres vibrations, & que celles-ci font tranfmifes & propagées de proche en proche, jufqu'à l'oreille qui en eft ébranlée.

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