Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dronnier, dans quelque endroit où il y a beaucoup de vaiffelle creufe, l'on entend toujours réfonner quelque piece tandis que les autres demeurent en filence : que l'on prenne un ton différent, c'eft quelque autre piece qui repond.

Ce que l'on a dit de plus vraisemblable pour expliquer cette efpece de choix que certains fons affectent, pour les cordes & les fibres. qui leur font analogues, c'est que le même mouvement vibratoire peut fe continuer plus facilement dans celles dont les vibrations ont les mêmes rentrées; car, pour celles qui font de nature à faire, par exemple, une vibration & demie contre une, elles ne reviennent point à tems pour recevoir avec les autres une feconde impulfion; c'eft pourquoi leur mouvement doit fe ralentir ou ceffer.

Ainfi, une corde ébranlée ou tout autre corps fonore mis en jeu, fait frémir principalement les molécules d'air & les fibres de l'oreille qui font à l'uniffon avec lui, ou qui font, dans le même efpace de tems, le même nombre de vibrations enfuite le même corps fonore met en mouvement & les molécules & les fibres qui font harmoniques ou confonnantes, c'eft-à-dire celles dont les vibrations recommencent avec les fiennes après un certain nombre ; par conféquent une des fibres de l'oreille ne fauroit

;

frémir, que toutes les harmoniques ne frémiffent auffi dans le degré de force qui leur convient. Le fentiment que nous en recevons s'est répété plufieurs millions de fois depuis notre enfance; & de-là s'eft formé en nous une habitude, qui n'eft autre chofe que le fentiment naturel de l'harmonie.

Les fons, étant propagés & tranfmis par l'air dans lequel nous fommes plongés, augmentent & diminuent d'intensité, fuivant que ce fluide devient plus denfe, ou plus rare, ou plus ou moins élastique; c'eft ce qu'on peut obferver dans l'expérience que nous avons apportée en preuve de la néceffité de l'air pour la tranfmiffion des fons. Celui de la montre à réveil, renfermée fous le récipient, s'affoiblit à proportion que l'on en pompe l'air, & conféquemment à proportion que ce fluide perd de fa denfité & de fon reffort. Le fon fe fortifie au contraire à mefure qu'on rend l'air évacué, & par conféquent à proportion que la denfité & le reffort de l'air augmentent.

On a reconnu, par des expériences répétées un grand nombre de fois, que les fons dans un air condenfé, augmentent avec la denfité & le reffort de l'air, c'est-à-dire qu'ils deviennent fenfiblement plus forts & se font entendre de plus loin que fi l'air étoit dans fon état

naturel. Hauxbée (1) ayant renfermé une fonnerie & condenfé l'air dans un vaisseau par le moyen d'une pompe foulante, foulante, a trouvé que le fon produit dans ce vaiffeau fe propage à une distance, qui augmente dans la même raison que la condenfation de l'air, c'est-à-dire qu'ayant doublé le denfité & le reffort de l'air tout ensemble, le fon s'étend deux fois plus loin qu'auparavant; & qu'après avoir triplé la denfité & le reffort de l'air, le fon fe fait entendre de trois fois plus loin, &c. On feroit dans l'erreur, fi on inféroit de-là que le fon augmente dans le rapport de la fimple denfité de l'air; car, lorsque le fon produit dans un air condenfé fe fait entendre à une double distance, il faut, qu'à la moitié de cette diftance, le même fon foit quatre fois plus fort; ce qui eft facile à concevoir.

Nous avons avancé précédemment que le fon dans l'air fe propage par des rayons de ce fluide, qui, partant du corps fonore, vont en s'écartant les uns des autres, comme ceux d'une fphére de-là, l'oreille attentive à ce qui fe paffe alors, devient la bafe d'un cône d'air mis en vibration par le corps fonore qui eft au fommet. Or, les bafes des cônes croîffent

(!) Phyf, Méc. Expér.

comme les quarrés des longueurs de ces cônes; ainfi un cône d'air deux fois plus long qu'un autre a une base quatre fois plus étendue; & par conféquent l'oreille reçoit quatre fois plus de rayons fonores à la base du plus petit cône qu'elle n'en reçoit à la bafe du plus grand cône, ou à une diftance double du corps fonore.

Par la même raison, elle en recevroit 9 fois moins à une diftance 3 fois plus grande, 16 fois moins à une diftance 4 fois plus grande, & ainfi de fuite; & comme 16 eft le quarré de 4,9 le quatré de 3, 4 le quarré de 2, on peut dire en général que la force du fon diminue, comme le quarré de la distance aug

mente.

Suivant le principe que nous venons de dé velopper, il faut que le fon s'augmente, ou comme le quarré de la denfité, ou comme le quarré de l'élafticité de l'air, ou bien comme le produit de l'une multipliée par l'autre. M. Zanotti (1), curieux de favoir laquelle de ces trois loix étoit celle de la Nature, l'a recherchée par plufieurs expériences ingénieufes, & entre autres par celles qui fuivent.

D'abord ce Phyficien ayant enfermé un corps

(1) Comm. de l'Inft. de Boulog. t. I. pag. 173.

fonore dans un vaiffeau, condenfa l'air que ce yaiffeau contenoit, & il s'affura enfuite de l'augmentation du fon dans cet air condensé. En fecond lieu, il plongea le vaiffeau dans de l'eau chaude, & il reconnut que la chaleur communiquée par ce moyen à la maffe d'air comprise dans le vaiffeau, en augmentant le reffort de ce fluide, ajoutoit encore à l'intenfité ou à la force du fon. M. Zanotti conclut de ces expériences que le fon s'augmente comme le produit de la denfité de l'air multipliée par fon reffort; mais pour que cette regle pût être admife, il faudroit prouver que la denfité de l'air augmentant, indépendamment de fon reffort, l'intensité du fon croît proportionnellement ; & l'expérience ne peut fatisfaire à cet égard, puifque toutes les fois qu'on augmente la denfité de l'air, on augmente en même tems le reffort de ce fluide.

Quoiqu'il en foit, nous raffemblerons ici plufieurs obfervations qui ont rapport à la production du fon dans un air condenfé.

Un Plongeur defcendu à une grande profondeur fous une cloche, où il pouvoit fe réfugier & refpirer dans l'eau, ayant voulu emboucher, dans l'air condenfé & comprimé qui l'environnoit, un cor-de-chaffe dont le fon devoit fervir de fignal à ceux qui étoient à la

« AnteriorContinuar »