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conféquent plus grande fera la diftance à laquelle il fera propagé. Suivant Mufchenbroek (1), un homme qui parle dans un porte-voix de 4 pieds de longueur, peut fe faire entendre à la diftance de 500 pas géométriques ou de 2500 pieds; fi le porte-voix à 16 pieds 8 pouces de longueur, on l'entendra à la diftance de 1800 pas géométriques, c'est-à-dire à 9000 pieds; & on l'entendra au-delà de 2500 pas géométriques, s'il parle dans un porte-voix de 24 pieds de longueur.

L'intensité du fon augmente encore proportion qu'on donne plus d'étendue au pavillon de cet inftrument; c'eft la raifon pour laquelle une longue trompette, qui a un pavillon trèsgrand, rend des fons très-bruyans; une autre trompette de même longueur, qui n'auroit point de pavillon, rendroit des fons incomparablement plus foibles. Cependant les dimenfions que doit avoir le pavillon du porte-voix, reconnoiffent des bornes ; il en eft à peu-près de même de la longueur qu'on peut donner au corps de cet inftrument: il ne faut pas mesufer de l'avantage qui eft préfenté par cette dimension; autrement la multiplicité de réfle

(i) Cours de Phyfique. tom. III. pag. 233.

K

xions, que fubiroient les rayons fonores, nuiroit à la diftinction du fon.

Nous ferons ici une obfervation importante par rapport à la construction du porte-voix, c'eft que l'ufage de cet inftrument n'eft pas fimplement de faire un plus grand bruit, ni même feulement de produire des fons plus plus forts, mais de tranfmettre parfaitement & diftin&tement les fons articulés de la voix humaine, auffi loin que cela peut fe faire, relativement à la longueur de l'inftrument & à la grandeur de fon pavillon; mais pour qu'il en arrivât ainsi, il faudroit que les rayons fonores, en fe réfléchiffant, s'écartâffent le moins poffible du parallélifme ou même qu'ils fe réfléchiffent parallélement à l'axe du porte-voix. Or, la figure conique qu'on lui donne communément ne remplit qu'imparfaitement cette condition; il en de même de la forme cylindrique qu'il reçoit quelquefois; cela eft démontré géométriquement : il eft également prouvé, que de ces deux figures, la moins défavantageufe, toutes chofes d'ailleurs égales, c'eft la figure conique, parce que les rayons fonores s'y écartent moins du parallélifme. MM. Hafe & s'Gravefande penfent que la forme la plus avantageufe qu'on puiffe donner à un porte-voix fimple, ou dont le

corps n'eft

que

d'une feule figure, eft la forme parabolique, Il est en effet démontré que, dans une trompette parlante qui auroit cette figure, les rayons fonores se réfléchiroient à la rencontre des parois du paraboloïde parallélement à l'axe, pourvu toutefois que le foyer de la parabole fe trouvât à l'embouchure de l'inftrument (1).

Mais on peut encore perfectionner le porte. voix en trouvant le moyen d'y condenfer les rayons fonores & de les diriger avec plus de force vers le but propofé. Pour cela, M. Hafe veut que l'inftrument foit compofé de deux: parties, l'une elliptique & l'autre parabolique, & qu'elles aient un foyer commun à leur point de réunion, afin que les rayons fonores, qui partent de l'embouchure où fe trouve le premier foyer de l'ellipfoïde, étant réfléchis par fes parois, fe croifent & fe condenfent dans le foyer commun,pour être réfléchis enfuite parallé lement à la rencontre des parois du parabo loïde (2). Les fections coniques, & principalement l'ellipfe, ont en effet la propriété de propager le fon

Une voûte elliptique rassemble & réfléchiť fi bien les rayons fonores, qu'une perfonne,

(1) Mazeas, Elém. de Géom. pag:-442. cinq, édit. (2) Idem. ibid. pag. 254. cinq. édit.

parlant fort bas à un certain endroit de la voûte, eft entendue très-diftin&tement par celle qui prête l'oreille à un autre endroit très-éloigné; tandis que d'autres, placées entr'elles, n'entendent rien; c'eft ce que l'on éprouve dans une piece de l'Obfervatoire de Paris. Le Pere Kirker (1) nous apprend que, fi on creufe dans dans les deux murs oppofés d'un fallon, façon que ces deux cavités aient une figure parabolique, deux perfonnes qui prêteront l'oreille dans ces cavités, s'entendront, lors même qu'elles parleront très-bas, & qu'outre cela, elles entendront tout ce qu'on dira dans le fallon.

de

Tout ce que nous venons de dire du portevoix, doit s'entendre des trompettes militaires, des cors-de-chaffe, ainfi que des cornets accouftiques, employés avec tant d'avantage, par les perfonnes qui ont l'oreille dure; l'augmentation du fon dans ces fortes d'inftrumens > s'explique par les mêmes principes.

Le fon fe propage fucceffivement dans un tems fenfible; c'eft un fait que l'on peut vérifier même à des diftances médiocres, & que l'on vérifie tous les jours. Lorfque quelqu'un tire un coup de fufil dans un certain éloigne

(1) Mag. univerf. part, II. pag. 143, 145•

le

ment, d'où il peut être apperçu, l'on voit le feu qui prend au baffinet bien avant que d'entendre le coup, quoique néanmoins on doive regarder le fon comme commençant avec l'inflammation de la poudre. Il faut donc que fon mette cet intervalle de tems à fe propager jufqu'aux oreilles du fpectateur. Que d'une dif tance éloignée, on regarde un Ouvrier frapper avec un marteau fur un corps folide, ou, que du bord d'une riviere à l'autre, on examine établir un pilotis, on verra le marteau de l'Ouvrier remonter en l'air, & le mouton qui fert à enfoncer le pilotis fe relever de sa chute, avant que d'avoir entendu le bruit.

Il n'en eft pas du fon comme de la lumiere, dont la propagation fe fait dans un instant très-court, à des distances fort grandes. Cette différence a fourni le moyen de déterminer la vîteffe du fon; car, fi l'on fait tirer un coup de canon ou une boîte, à une distance connue ou que l'on peut mefurer, en prenant l'éclat de la lumiere que l'on apperçoit, comme le fignal du fon naiffant, & en déterminant, par le moyen d'un pendule à fecondes, le tems qui s'écoulera jufqu'à ce qu'on entende le coup, on aura par ce moyen, outre l'efpace parcouru par le fon, le tems qu'il aura mis à le parcourir. Or, il eft reçu que l'efpace divifé

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