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par le tems, donne la viteffe; par conféquent on connoîtra celle du fon.

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Les Académiciens de Florence paroiffent avoir été les premiers qui fe foient fervis d'un femblable moyen pour déterminer la vîtefle du fon il réfulte de leurs expériences, que le fon parcourt 1185 pieds en une feconde (1), Cependant Gaffendi avoit évalué la vîtesse du fon à 1473 pieds dans une feconde; le Pere Merfenne avoit à peu-près trouvé la même chose; enfin Robert Boyle, qui avoit également fait attention à l'efpace que le fon parcourt dans un certain tems, avoit dit qu'il avoit dit qu'il parcouroit 1200 pieds par feconde. MM. Caffini, Huyghens, Picard, Réaumur, ayant répété en France les expériences de l'Académie de Florence, autrement dit Del-Cimento, trouverent que le fon ne parcouroit, en une feconde, qu'un efpace de 1172 pieds (2). MM. Flamftéede & Halley firent de semblables expériences en Angleterre, & eftimerent la viteffe du fon encore moins confidérable ; ils jugerent en effet que l'ef pace qu'il parcourt dans une feconde eft feu. lement de 1142 pieds anglois, ce qui équi vaut à 1072 pieds de France, ainfi que M,

(1) Tentam, Flor. pag. 113.

(2) Duhamel, Hist. Acad. Reg. lib. II. §. 3. cap: 21

Caffini de Thury le reconnut dans le tems. Cet Académicien fit lui-même ces expériences dans un tems calme, & à la diftance de 14636 toifes & il trouva que le fon parcouroit 1038 pieds ou 173 toifes par feconde (1); mais les ayant une autre fois répétées à la distance de 22572 toises, il trouva alors que l'efpace parcouru par le son, étoit pour une feconde 172 toifes 3 pieds (2). M. de la Condamine, répétant ces mêmes expériences en Amérique, auprès de la Cayenne, & à la diftance de 20230 toifes, conclut de ses obfervations, que le fon parcouroit en cet endroit 1098 pieds ou 183 toifes dans l'efpace d'une feconde; il trouva auffi qu'il ne parcouroit que 172 toifes auprès de la Ville de Quito (3). D'autres Phyficiens ont encore trouvé des différences dans ces fortes de réfultats. Newton a cru que le fon parcouroit feulement 968 pieds par feconde, & Blanconi (4) nous affure que le fon emploie 4 fecondes de plus en hiver qu'en été pour parcourir 13 milles d'Italie; d'où il fuivroit que la viteffe du fon

(1) Hiftoire de l'Académie Royale, année 1738. (2) Ibid. année 1739.

(3) Voyage de la Riviere des Amazones. pag. 206. Introduct. Hift. pag. 98.

(4) Comm. Bonon. vol. II. pag. 365.

feroit plus petite pendant l'hiver que pendant l'été.

La raifon pour laquelle le fon ne fe répand pas toujours avec une égale viteffe dans différens lieux de la terre, ou dans le même endroit, ou en différens tems, paroît venir de ce que le reffort de l'air varie par fa chaleur, fa denfité, fa pureté, l'électricité, le vent: comme toutes ces chofes font fufceptibles d'un grand nombre de différences, la viteffe du fon doit varier, & peut-être même y a-t-il encore quantité d'autres circonftances qui concourent à varier l'élasticité de l'air, & par conféquent les résultats des expériences qu'on peut faire fur la viteffe du fon. Cependant celles que Derham a faites à cet égard, dans le même endroit de l'Angleterre, ont toujours eu le même résultat. « Dans toute faifon quelcon» que, dit ce célebre Physicien, foit que le » ciel foit ferein, foit qu'il foit nébuleux, foit qu'il neige, foit qu'il y ait du brouillard répandu dans l'atmosphere, foit qu'il tonne » ou qu'il éclaire, foit qu'il regne une grande >> chaleur ou un grand froid dans l'atmosphere, >> pendant le jour ou pendant la nuit, foit

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pendant l'été ou pendant l'hiver, foit que » la colonne de mercure foit fort élevée ou »fort baffe dans le baromètre; en un mot,

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quelques variations qui furviennent à l'atmof phère (fi on excepte les vents), la vîteffe » du fon n'eft jamais plus grande ou plus petite; » mais le fon, à la vérité, peut-être plus ou » moins diftin&t >>. Caffini prétend auffi la viteffe du son est toujours la même en France, pendant le jour ou pendant la nuit, foit qu'il fe propage par un tems ferein ou par un tems pluvieux (1).

que

L'intensité ou la foibleffe du fon ne change rien à sa vîtesse, quoiqu'un son plus fort s'étende plus loin qu'un fon plus foible. Les Académiciens de Florence furent les premiers qui reconnurent cette vérité. Derham l'a confirmée en obfervant que le fon, produit par un marteau & par un moufquet, fe faifoit entendre dans le même tems à la diftance d'un mille. Caffini a fait la même chose (2); fuivant ce célebre Obfervateur, le bruit d'une boîte, chargée d'une demi-livre de poudre, se propage auffi promptement que celui d'un canon, dont la charge feroit de fix livres. M. de Mairan affure cependant qu'un fon plus aigu fe propage avec un peu plus de viteffe qu'un fon plus grave (3),

(1) Hiftoire de l'Académie des Sciences, année 173% (2) Idem. ibidem.

(3) Idem. année 1737、

Le fon fe propage avec une viteffe uniforme, c'eft-à-dire, que dans des tems égaux & pris de fuite, il parcourt des efpaces femblables; nous devons encore cette obfervation aux Académiciens de Florence; ils jugerent qu'il falloit cinq fecondes & demie pour que le bruit d'une décharge de canons fe fit entendre à la diftance de 3000 coudées, & que ce bruit fe faifoit entendre, en un tems, fous-double, la moitié de cette diftance. Derham (1) & Caffini (2) ont également confirmé cette vérité, par de nouvelles expériences.

Si nous en croyons Derham, le fon fe propage avec moins de vîteffe du fommet d'une montagne vers fon pied, qu'il n'eft tranfmis du pied vers le fommet de la même montagne; mais les obfervations de Caffini (3), & celles que les Phyficiens Espagnols & François ont faites au Pérou (4), ne s'accordent point avec ce fentiment; elles prouvent au contraire que le fon fe répand en tout fens, avec la même vîteffe, autour du point où il eft excité.

Suivant Gaffendi & les Académiciens de Fla

(1) Tranfa&t. Philosoph. n°. 313.

(2) Hift. de l'Acad. Roy. ann. 1738 & 1739. (3) Idem. ibidem.

(4) Dom George Juan, Obferv. Aftronom. pag. 119.

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