Imágenes de páginas
PDF
EPUB

rence, le vent n'apporte aucun changement à la viteffe du fon; mais les obfervations de Derham & de Caffini (1), font voir que fi le vent fouffle dans la direction même du son il en accélere la viteffe d'une quantité égale à la fienne propre ; & qu'il la retarde au contraire d'une quantité femblable, lorsqu'il fouffle dans une direction diamétralement oppofée à celle du fon. Enfin, fuivant ces mêmes obfervations, il faudroit que le vent foufflât dans une direction perpendiculaire à celle du fon pour qu'il ne contribuât en rien à accélérer & à retarder la vîteffe de ce dernier.

Le fon fe propage auffi beaucoup plus loin, fi le vent eft favorable; car alors on entend le fon de certaines cloches affez éloignées, & l'on ceffe de les entendre lorfque le vent eft contraire. On rapporte qu'un homme digne de foi, étant à Gibraltar, avoit entendu donner le mot du gué au nouveau Gibraltar, qui eft éloigné de l'autre de trois lieues & demie : on a auffi écrit qu'on a entendu plufieurs fois à différens fiéges, le bruit d'un coup de canon à plus de foixante lieues,

2

La connoiffance de la viteffe avec laquelle le fon fe propage à une diftance donnée, peut

(1) Histoire de l'Académie Royale, année 1731.

être utile à celui qui affiége une Ville; car,

en confidérant le moment où la lumiere d'un canon, placé fur le rempart, fe fait appercevoir, & l'instant auquel on entend le bruit de la décharge, & mefurant exactement cer intervalle de tems, on peut déterminer avec affez de précision, la diftance à laquelle on eft des murs, lorsqu'on entre dans la tranchée ou qu'on commence à l'ouvrir. De même fur mer, en faififfant le moment où la lumiere d'un canon fe fait appercevoir, & mefurant exactement le tems qui fepare ce moment de celui où l'on entend le coup de canon on peut déterminer affez jufte la distance qu'il y a entre deux vaiffeaux. Le même moyen peut encore fervir dans un tems couvert, pour empêcher les Navigateurs d'échouer contre les côtes; Il faut y faire tirer de tems en tems quelques boîtes ou quelques coups de canon, dont la lumiere active & perçante indiquera l'endroit que l'on doit aborder ou éviter; le bruit qui fuccédera fera connoître à des Pilotes attentifs, combien ils en font éloignés. La connoiffance de la viteffe du fon intéreffe également les Géographes; elle leur eft utile pour marquer fur les cartes, les diftances des différens lieux féparés les uns des autres par des montagnes inacceffibles, qui empêchent qu'on puiffe les niefu

rer exactement. Cette connoiffance peut même contribuer à notre fécurité relativement au tonnerre, en ce qu'elle nous apprend à juger de la distance de la nuée qui porte la foudre, par l'intervalle de tems entre l'éclair & le roulement, & conféquemment nous fait connoître fi nous fommes en sûreté ou non dans l'endroit d'où nous entendons la foudre gronder.

Cn pourroit auffi, par la vîteffe du fon, connoître celle du vent, qui l'augmente en certaines circonftances; car, ôtant de la vîtesse ainsi augmentée, la vîteffe moyenne du fon, qui eft de 173 toifes fecondes de tems, par le refte de la fouftraction donnera la vîteffe propre de ce vent. Si le vent qui fouffle eft contraire à la propagation du fon, il y a encore un moyen de déterminer fa viteffe, c'eft de prendre la différence ordinaire du fon, qui eft de 173 toifes par feconde, à fa viteffe actuelle; cette différence, en quoi confifte le retardement apporté à sa propagation, fera précisément la viteffe du vent.

Lorsque le fon rencontre des furfaces polies & impénétrables, fa direction change, il eft renvoyé par ces furfaces, qui deviennent autant de corps fonores qui le réfléchiffent & augmentent fa force, en fuivant la loi que la Nature impose à tout corps réfléchiffant, qui eft de

[ocr errors]

faire fon angle de réflexion égal à celui de fon incidence.

[ocr errors]

De cette loi, refulte plufieurs phénomènes. La voix, par exemple, eft beaucoup plus fonore dans un appartement non-meublé ou dans un lieu voûté & enfermé de tous côtés, qu'elle ne l'eft dans les rues d'une Ville cu en rafecampagne, & en général en plein air, où le fon fe perd dans un grand espace, aulieu que, dans les autres circonftances, l'oreille reçoit le 'fon direct & le fon réfléchi des murs, du plancher, du plafond ou de la voûte; c'eft par la même raifon qu'un Orateur fe fait mieux entendre, lorsque fes Auditeurs font en petit nombre que lorfqu'ils font en grand nombre. Dans le premier cas, le mouvement de l'air, excité par fa voix, eft réfléchi de toutes parts, quoique d'ailleurs l'endroit foit très-vafte. Dans le second cas, au contraire, la voix de celui qui prononce le difcours, fe perd dans les habillemens, la frifure, & les autres fubftances molles que présentent les Auditeurs : il y a plus la transpiration & les autres exhalaifons qui proviennent de ces perfonnes & qui se répandent dans l'air environnant, affoibliffent le reffort de ce fluide, & par conféquent le fon qui s'y propage. Dans un concert, on

entend diftinctement le fon des voix & des inftrumens, fi la falle eft boifée & fi l'affemblée eft peu nombreuse, parce que le fon réfléchi fe joint encore ici au fon direct, & que les vibrations de l'air font plus répétées; cela n'arriveroit pas fi le lieu de l'affemblée étoit tapiffé d'étoffe de laine & fort épaiffe, & fi les Auditeurs étoient en grand nombre, par la raison que tout corps mou, loin de réfléchir le fon, l'amortit au contraire, ainsi que Mufchenbroek l'a démontré (1). Dans un appartement, dont la fenêtre eft ouverte, nous entendons quelquefois mieux ce que l'on dit aut dehors que fi nous mettions la tête à la fenêtre, parce qu'alors notre oreille ne recevroit que le fon direct; tandis qu'outre celui-ci, elle reçoit, dans le premier cas, le son réfléchi par la furface de l'appartement.

L'eau même, lorfqu'elle eft tranquille, peut quelquefois porter, d'un bord à l'autre d'une riviere, la voix de perfonnes qui parleroient affez bas.

La réflexion du fon produit encore un autre phénomène qui n'eft pas moins curieux qu'amufant; c'eft l'écho que l'on prend plaifir à faire parler, & dont la voix toujours furprenante

(1) Mufchenbroek, Cours de Phyfique. t. III. p. 232.

« AnteriorContinuar »