Imágenes de páginas
PDF
EPUB

On lit encore la defcription d'un écho fort fingulier, dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1692; cet écho étoit fitué à 6 ou 700 pas de l'Abbaye de Saint George, près la Ville de Rouen, dans la cour d'une maison de Plaifance, que l'on appeloit Genetai; il avoit cela de particulier, que la perfonne qui chantoit n'entendoit point la répétition de l'écho, mais feulement fa voix; tandis que ceux qui écoutoient n'entendoient que l'écho & avec des variations furprenantes; car il fembloit tantôt s'approcher & tantôt s'éloigner. D'autres fois, ajoute l'Hiftorien de l'Académie, on entendoit très-diftinctement la voix, & d'autres fois on ne l'entendoit que foiblement. Enfin, felon les différentes positions refpectives de celui qui chantoit & de ceux qui l'écoutoient, on entendoit l'écho d'une maniere différente.

Dans l'Hiftoire de la même Académie pour l'année 1710, on trouve encore la defcription d'un écho qu'on obfervoit alors à 3 lieues de Verdun; il étoit formé par deux groffes tours détachées d'un corps-de-logis, & éloignées l'une de l'autre de 36 toifes; l'une avoit un appartement bas de pierre, détaché & voûté; l'autre n'avoit que fon veftibule qui fut voûté. Chacune de ces tours avoit fon efcalier; lorf

qu'une perfonne, placée fur la ligne qui joignoit ces deux édifices, prononçoit un mot d'une voix un peu haute, elle entendoit l'écho répéter le même mót 12 ou 13 fois, par intervalles égaux, mais toujours plus foiblement. Si cette perfonne parloit à une certaine distance. de cette ligne, elle n'entendoit plus l'écho, Enfin fi elle parloit fur la ligne qui joignoit l'une des deux tours au corps-de-logis, fa voix n'étoit répétée qu'une feule fois, parce qu'il n'y avoit plus qu'un feul écho par rapport à cette perfonne; tandis que, dans le premier cas, les deux tours fe renvoyoient le fon alternativement : de même que deux miroirs qui fe regardent multiplient l'image d'une bougie placée entr'eux.

Voilà ce que l'Hiftoire & les Ouvrages des Phyficiens nous offrent de plus frappant & de plus vraisemblable, relativement à l'écho & aux variations fingulieres qu'on obferve dans ce jeu de la Nature. Or, quoiqu'il paroiffe affez facile, dit M. de la Fond (1), de rendre raifon de ces fortes de phénomènes, connoiffant la position des lieux & en fuivant les loix générales de la réflexion des rayons fonores; il eft cependant encore des difficultés qui paroiffent insolubles

(1) Diction, de Phyfique. tom. II. pag. 143.

[ocr errors]

aux plus célebres Phyficiens. Il eft nombre d'endroits, ajoute-t-il, qui, conformément à la théorie la mieux entendue, paroîtroient devoir produire des échos, & n'en produisent cependant point; il en eft d'autres qui en produisent & de la production defquels on ne peut rendre une raison fatisfaifante. Quoiqu'il en foit tout ce qui peut réfléchir le fon, & le repor ter vers l'endroit d'où il est parti, doit être regardé comme une cause propre à produire un écho. Par conféquent les murailles, les vieux remparts des Villes, les édifices, les bois épais, les rochers, les montagnes, les cavernes, les hauteurs fituées de l'autre côté d'une riviere, les champs couverts de certaines plantes qui montent fort haut, les nuées mêmes, peuvent produire des échos. De-là viennent ces terribles coups de tonnerre de tonnerre, dont les éclats répétés retentiffent avec tant de bruit : on peut aifément confirmer cette vérité ; car, fi on tire le canon lorfque le tems eft serein, on n'entend ordinairement qu'un feul coup; mais fi on le tire lorfque le ciel eft couvert de nuages, le coup fe fait alors entendre plufieurs fois.

Les obfervations font voir qu'il y a des échos de mer comme des échos de terre. Des coups de fufils, tirés fur des oifeaux de

mer, ont été répétés par de groffes vagues placées fous le vent du vaiffeau d'où partoit le coup. Des paroles, fortement prononcées dans un porte-voix, ont été répétées trèsdiftinctement par le côté convexe des voiles de plufieurs vaiffeaux, qui paffoient au vent du vaiffeau d'où venoit la voix. Il faut du vent pour produire des échos en pleine-mer; car, lorfque le vent ne fouffle pas, la mer eft calmę ou peu agitée ; & les voiles des vaiffeaux n'étant pas enflées, ne peuvent réfléchir le fon, ni par conféquent occafionner des échos marins,

CHAPITRE V I.

De l'Air, confidéré par rapport à la produce tion & à l'entretien du feu.

LE

E fimple choc & la collifion fuffifent, comme tout le monde fait, pour produire le feu; lorfqu'on frappe un caillou par l'acier, l'action étant d'autant plus confidérable, qu'elle. eft portée fur moins de points, elle occafionne une chaleur capable de fondre un globule d'acier qui fe détache & enflamme les corps combuftibles, c'est-à-dire ceux qui font de nature à recevoir & entretenir l'ignition. Or, ce double

phénomène ne peut jamais avoir lieu fans le concours de l'air: c'eft ce qu'on reconnoît furtout dans la machine du vide. Par le moyen d'un rouage qui fait tourner rapidement deux arcs d'acier qui frappent, par leurs révolutions contre une pierre à fufil, on tire d'abord des étincelles affez vives; mais à mesure qu'on pompe l'air du récipient, dans lequel cette batterie eft renfermée, les étincelles font moins vives & en moindre quantité; & quand on a pompé l'air du récipient autant qu'il eft poffible, les étincelles, qui font très-rares, paroiffent d'un rouge très-foncé, fouvent même il ne s'en produit plus.

La néceffité abfolue de l'air dans la combustion, se fait reconnoître plus aifément lorsqu'on met une chandelle allumée fous le récipient. La flamme de cette chandelle eft d'abord longue; mais, dès qu'on commence à pomper l'air, elle fe raccourcit de plus en plus, jufqu'à ce qu'elle ne forme plus qu'un petit globe, qui s'éteint & difparoît d'autant plus vite qu'on raréfie l'air plus promptement : un charbon ardent noircit & s'éteint dans les mêmes circonftances. Cependant l'acide nitreux fumant, étant verfé fur l'huile effentielle de térébenthine, l'enflamme dans le vide, & cette huile ainfi enflammée, brife & met tout,

« AnteriorContinuar »