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en pieces; la poudre à canon y prend également feu. Si on chauffe jufqu'à un certain point le phosphore artificiel renfermé dans le vide il s'enflammera de même & fe. confumera; mais fi ces fubftances, & quelques autres encore, femblent faire exception à la loi générale que nous voulons établir, c'est qu'elles contiennent l'air néceffaire à leur combuftion, ainfi que nous le verrons dans la fuite.

Les corps brûlans, & dans le mouvement igné, s'éteignent, quoiqu'on les plonge dans des liqueurs inflammables, foit que ces liqueurs brûlent elles-mêmes ou qu'elles ne brûlent point. Si l'on plonge dans de l'efprit-de-vin enflammé ou dans de l'huile, un charbon ardent, & qu'on le retire enfuite de ces liqueurs, on remarque qu'il eft éteint, comme fi on l'eût plongée dans l'eau ; cet effet vient de ce que ces liqueurs s'appliquent très-immédiateà la furface du charbon, & qu'elles lui interceptent toute communication avec l'air.

La présence de l'air eft non-feulement d'une néceffité abfolue dans la combuftion, mais il faut encore que ce fluide ait fans ceffe un libre accès auprès de la fubftance combustible, dans laquelle on a deffein de développer ou d'entretenir le mouvement d'ignition; car, fi l'air eft ftagnant & non-renouvelé, la combuftion

n'aura point lieu, ou ne fe fera qu'en raison de la quantité d'air qui environnera la matiere combustible, ou de celle qu'elle contiendra en elle-même. Le charbon bien allumé, qu'on enferme dans un étouffoir pour l'éteindre, eft un exemple qui prouve cette propofition.

Voicí des preuves plus directes. Si on met des charbons noirs bien fecs dans un creufet exactement fermé, & qu'on les expose ensuite pendant plufieurs heures à l'action du plus grand feu, on retrouvera ces charbons tels qu'ils étoient avant l'opération, c'est-à-dire que, malgré la violence & la continuité du feu, ils n'auront rien perdu de leurs poids, 1 & qu'ils n'auront fouffert aucune combuftion.

M. Darcet a cependant trouvé le charbon réduit en cendres dans une boule de porcelaine, fermée hermétiquement, qu'il avoit exposée à un feu violent; mais, fuivant M. Macquer, autre Chimifte très-célebre, l'air peut très-bien s'introduire dans une boule de cette efpece par de petites gerfures qui s'y forment lorfqu'elle fubit toute l'activité du feu, & qui fe ferment lors de fon refroidiffement. Par conféquent l'expérience de M. Darcet ne nous empêche point d'établir pour regle générale, que le concours de l'air eft indifpenfablement néceffaire pour entretenir la combuftion des

corps. L'expérience fuivante vient encore à l'appui de cetre vérité.

Si l'on renferme fous une cloche de verre, pofée fur des cuirs mouillés, un bout de chandelle allumée, qui ait un lumignon affez long, la lumiere brûle d'abord très-bien; elle quitte infenfiblement la mêche, chemine jufque vers fon extrémité, & finit par la quitter & s'éteindre; il s'échappe auffi-tôt du lumignon, qui refte encore embrâfé, une fumée qui s'éleve perpendiculairement: enfin la cloche adhere fenfiblement à fon fupport. Si on répete l'expérience, en tenant le bord inférieur de la cloche plongé dans l'eau, la lumiere ne fubfifte encore ici que pendant un tems très-court, qui paroît, comme dans le premier cas, en proportion de la grandeur du récipient; & on voit l'eau monter, au moment de l'extinction, pour remplir le vide qui s'eft formé fous la cloche.

Il eft donc très-certain que la combustion n'a point lieu fans le concours de l'air, & que, pour l'entretenir, il faut donner un libre cours à ce fluide, puifqu'il eft prouvé démonftrativement qu'un volume donné d'air ne peut entretenir, que pendant un tems limité, la déflagration d'une certaine quantité de matiere combustible.

Cette néceffité abfolue de l'air, dans la combuftion, a été interprétée de plufieurs manieres par les Phyficiens qui s'en font occupés. Boerhaave croyoit que c'étoit en s'appliquant à la furface des corps combuftibles, que l'air favoriferoit la défunion de leurs principes. On conçoit, dans cette hypothèse, pourquoi le feu eft plus actif dans un air plus denfe que dans un air plus rare; pourquoi, par exemple le feu de nos foyers brûle mieux en hiver

& par un tems de gelée que par un tems humide ou pendant les grandes chaleurs de l'été : mais dire, avec Boerhaave, que l'air, par fa pefanteur & par fon reffort, tient continuellement la flamme appliquée fur le corps combuftible, & que plus il eft dense, plus il augmente le contact; ce n'eft afsurément pas expliquer pourquoi le même air ne peut pas toujours fervir à la combuftion. Auffi plufieurs Phyficiens ont mieux aimé s'en tenir à l'opinion des Anciens qui croyoient que le feu confommoit l'air comme fon aliment; cependant M. de Morveau a donné, il y quelques années, fur les phénomènes de l'air, un Mémoire rempli de très-belles expériences (1), qui militent en faveur de l'action mécanique de l'air

(1) Mémoires de l'Académie de Dijon. tom. I.

dans la combuftion. Nous ne parlerons ici que

de celles qui ont rapport à l'extinction de lá fumiere d'une bougie ou de tout autre corps que l'on fait brûler fous un récipient plein d'air. Voici à peu-près comment M. de Morveau rend raifon de ce phénomène.

La bougie brûle d'abord, parce qu'elle eft placée dans une maffe d'air prise dans son état naturel; mais elle ne tarde pas à s'éteindre j parce que la chaleur de la flamme raréfie l'air': une partie s'eft échappée par les bords de la cloche; ce dont on peut s'affurer en mettant autour de ses bords du fable ou de la pouffiere, qui eft repouffée par l'air intérieur qui fe dilate. L'élafticité de cet air eft tellement augmentée, qu'elle comprime la flamme & l'oblige de s'éteindre.

Si l'extinction de la lumiere eft dûe à l'air abforbé par la flamme, comme on l'avoit toujours penfé, il devroit s'enfuivre, dit M. de Morveau, qu'en introduifant fous la cloche, une quantité d'air égale à celle qu'on préfume avoir été abforbée, la lumiere ne devroit pas s'éteindre; cependant il arrive le contraire. M. de Morveau, dans une femblable expérience, a fait entrer de l'air fous la cloche, en remontant le piston de la machine pneumatique, avec les précautions néceffaires

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