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pour que cet air ne produisît aucune agitation à la flamme; la lumiere s'eft éteinte plus promptement, comme l'avoit prévu cet habile Phyficien, parce qu'alors il fe trouve fous le récipient une plus grande quantité d'air, dont l'élasticité augmente à proportion, qui comprime la flamme davantage & ne lui permet pas de fubfifter auffi long-tems.

M. de Morveau ne s'eft pas contenté de ces expériences; il en a fait d'autres qui font trèspropres à confirmer fa théorie; il a pris un bocal de verre, dont la moitié avoit cinq pouces de diametre, & l'autre deux pouces; c'est par ce dernier côté qu'étoit l'ouverture. Il a fufpendu ce bocal, l'ouverture en bas à deux pouces au-deffus de fon fupport, de maniere que l'intérieur avoit une libre communication avec l'air extérieur : il a introduit, au milieu de la hauteur de ce bocal, une bougie allumée, qui s'eft éteinte auffi promptement que fi l'ouverture eût été exactement fermée. Suivant M. de Mor veau, l'air raréfié dans la partie fupérieure, comprimoit la flamme, comme dans l'expérience précédente. Cet air ne pouvoit pas diminuer d'élafticité, parce que la partie fupérieure ne lui offroit pas d'iffue, comme cela auroit été néceffaire pour l'entretien de la flamme. D'un autre côté, l'air extérieur faifoit équilibre à

celui renfermé dans le vafe, & le retenoit dans cet état d'élafticité & de raréfaction.

M. de Morveau a enfuite répété cette expérience avec le même bocal, mais en tenant l'ouverture en haut; il s'eft affuré qu'en quelque endroit qu'on plaçât la lumiere, elle ne s'éteignoit pas, même en mettant une glace à un pouce de diftance au-deffus de l'ouverture du vase, parce qu'à mesure que l'air fe raréfioit par la chaleur, il s'échappoit & il en rentroit d'autre le long des parois du vafe, qui entretenoit la flamme.

C'est par des expériences auffi ingénieuses & en même tems auffi concluantes que celles dont nous venons de parler, que M. de Morycau a démontré en général que l'air agit par fa pefanteur & fon reffort dans la combuftion; mais comme l'a dit depuis ce célebre Chimifte, on a enfin démontré ce qu'on avoit long-tems fuppofé fans preuve. Il réfulte, comme nous le verrons, des découvertes modernes, que ce n'eft pas feulement l'action mécanique de l'air qui eft néceffaire à la com buftion & à la calcination; qu'une partie de ce fluide fe fixe réellement dans les corps foumis à ces opérations; que tout l'air com mun n'eft pas difpofé à entrer dans cette combinaison; & que quand il eft épuifé de la portion

portion qui en eft fufceptible, il devient incapable de fervir, foit à l'ignition, foit à la calcination, foit à la refpiration des animaux.

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CHAPITRE VÍ I.

De l'adion de l'Air dans les Machines

AVEC

VEC la connoiffance que nous avons de la pefanteur & du reffort de l'air, il nous fera facile de faifir les applications qu'on en a faites, en différens tems, dans plusieurs machines utiles & agréables. Nous commencerons par la ftatue de Memnon, qui, fi l'on en croit Pline, Philoftrate, Strabon, &c. chantoit au lever du foleil.

Les Egyptiens, pour perpétuer la mémoire de Memnon, avoient érigé, en fon honneur dans le Temple du Dieu Apis, fur les bords du fleuve Bélus, une ftatue qui avoit cette propriété, qu'étant éclairée & frappée par les rayons du foleil, elle rendoit un fon auffi mélodieux que celui d'une lyre ou d'une gui tare, aulieu que le foir elle en rendoit un lugubre, ce qui pouvoit être un effet très-naturel de la dilatation & de la condenfation de Fair. Le Pere Kirker, à qui les fciences ont

M

beaucoup d'obligation, a pénétré cette efpece de myftere, en faifant voir qu'une statue creuse & de métal pouvoit renfermer un volume d'air, que les rayons du foleil levant échaufferoient & dilateroient. Si on met, dans la bouche de la ftatue, une hanche de hautbois ou de mufette, & que l'air n'ait pas d'autre iffue, on entendra des fons variés, tels fans doute qu'étoient ceux de la ftatue de Memnon le fon que la ftatue rend le matin, doit être différent de celui qu'elle rend le foir. Le matin, à mefure que le foleil échauffe la ftatue, l'air en fortant rend un fon clair; le foir, lorfque le foleil fe retire & que la ftatue fe refroidit, l'air en rentrant fait un bruit fourd dans l'intérieur. En un mot, l'effet étant extérieur le matin & intérieur le foir, la variété des fons fe trouve naturellement expliquée.

« L'Hiftoire nous apprend encore (1) que, » parmi les différentes pieces curieufes dont » les Egyptiens ornoient leurs Temples, on diftinguoit fur-tout une grande mere des » Dieux, placée fur un autel, laquelle avoit » de groffes mamelles, qui donnoient du lait

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(1) Savérien, Histoire du progrès dans les Sciences naturelles.

»lorfqu'on allumoit de groffes chandelles qu'on » avoit mifes à fes côtés. Le Peuple croyoit » que c'étoit-là un miracle; & les Prêtres del » ce tems-là trouvoient leur intérêt à les » laiffer dans cette perfuafion; la dilatation » de l'air étoit encore l'agent de cette ma» chine ».

» Une ftatue de femme étoit élevée au mi» lieu d'un baffin, fur le bord duquel s'éle» voient quatre colonnes, qui foutenoient une » efpece de dais de métal, dont la forme » étoit celle d'une hémisphère; on attachoit » avec des bras de groffes chandelles aux co»lonnes, qu'on allumoit lorfqu'on vouloit » avoir du lait de cette ftatue: la chaleur ra» réfioit l'air qui étoit dans l'hémisphère; & » cet air raréfié defcendoit dans le baffin, fur lequel repofoit la ftatue où l'on avoit mis » du lait; il preffoit ainfi ce lait, & l'obli» geoit à monter par différens tuyaux qui » aboutiffoient à fes mamelles, & à en fortir ».

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Les Phyficiens ont fimplifié cette invention & en ont fait une fontaine plus agréable que celle des Anciens. Voyez le fecond volume de la Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique, par mon oncle, M. de la Fond; ou autrement, prenez une bouteille fphérique de verre, dont le col foit très-court; rempliffez.

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