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celli on la lui manda d'Italie en 1644; il en fit part à M. Petit, Intendant des Fortifications, qui la communiqua au célebre Pafchal ce grand homme cultivoit alors les Sciences avec le fuccès que tout le monde. connoît, & ce fujet étoit trop piquant pour ne pas fixer fon attention. Aufli fit-il plufieurs expériences relatives à cet objet qui décelent le génie de leur Auteur; ces expériences font confignées dans un Ouvrage qu'il publia en 1647. Galilée, Toricelli, avoient pensé que l'ascension de l'eau ou fa fufpenfion dans les pompes afpirantes étoit un effet de la.pefanteur de l'air; mais ce n'étoit qu'une conjecture: Pafchal voulut la vérifier, & il imagina pour cela plufieurs expériences (1), entre lefquelles nous diftinguerons celle qui fut faite au Puy-deDôme en Auvergne, le 19 Novembre 1648; elle vient à l'appui du raifonnement que Pafchal fit avant de l'entreprendre.

Si la preffion de l'air eft la caufe de l'af cenfion de l'eau dans les pompes afpirantes, c'eft d'elle que dépend auffi la fufpenfion du mercure dans le tube de Toricelli. En ne confidérant ici que ce tube, le mercure y eft foutenu par la preffion d'une colonne d'air de même bafe que la colonne de mercure, &

(1) Pafchal, Traité de l'équilibre des liqueurs.

dont la longueur équivaut à la hauteur de l'atmosphere, prife depuis la furface du mercure contenu dans la cuvette; or, la bafe de cette colonne d'air demeurant la même, fa preffion doit augmenter ou diminuer, felon qu'elle eft plus longue ou plus courte. En conféquence, fi on répete l'expérience de Toricelli au pied & fur le fommet d'une montagne, la colonne d'air étant plus longue dans le premier cas que dans le fecond, la colonne de mercure fufpendue dans le tube, fera plus longue au pied de la montagne qu'à fon fommet.

Ce fut après avoir ainfi raisonné que Paf chal engagea un de fes amis, nommé Perrier, à faire l'expérience de Toricelli au bas & fur le fommet de la montagne du Puy-de-Dôme en Auvergne, & de tenir compte des variations qu'il remarqueroit dans la longueur de la colonne de mercure.

M. Perrier fit d'abord cette expérience dans le Jardin des Minimes (c'eft à-peu-près l'endroit le plus bas de la Ville de Clermont), & la colonne de mercure s'y trouva fufpendue à 26 pouces 3 lignes & demie; il la répéta enfuite au haut du Puy-de-Dôme, à 500 toifes environ, au-deffus du Jardin des Minimes, & la colonne de mercure ne s'y trouva fufpendue qu'à la hauteur de 22 pouces. 2 lignes

lignes. M. Perrier ne s'en tint pas à ces feules obfervations, il fit des stations à différen tes hauteurs fur la croupe de la de la montagne, & par-tout il remarqua des variations dans la longueur de la colonne de mercure; il rendit compte de fes obfervations à fon illuftre ami. Peu de tems après, celui-ci répéta la même expérience à Paris, au bas & au haut de plufieurs tours fort élevées, telles que celles de S. Jacques la Boucherie, de notre Dame, & le fuccès fut le même.

Il fut prouvé incontestablement, par cette expérience de Pafchal, & en général par toutes celles qui font rapportées dans fon Traité de l'Equilibre des liqueurs, que la pefanteur de l'air eft la caufe de l'élévation de l'eau dans les pompes afpirantes, & de la fufpen fion du mercure dans le tube de Toricelli. Tous les Savans cependant ne fe rendirent pas. à l'évidence; quelques-uns, prévenus en faveur de l'horreur du vide, propoferent leurs objections: Wallis entr'autres objecta que fi on fuf pendoit, à l'un des bras d'une balance, l'appareil de Toricelli, après l'avoir rempli de mercure, on feroit obligé d'employer la même. quantité de poids pour le tenir en équilibre, foit que l'extrémité ouverte du tube plongeât dans la cuvette à la maniere ordinaire, ou

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que cette même extrémité fût tournée vers le bras de la balance, l'extrémité fcellée étant alors plongée dans la cuvette. Par conféquent, difoit Wallis, la colonne de mercure fufpendue dans le premier cas, n'eft point foutenue par la preffion de l'air, puifque fi elle l'étoit, on n'auroit à équilibrer que le poids du tube, aulieu qu'il faut équilibrer en même tems le poids de la colonne de mercure.

Cette objection n'en imposa point aux Philofophes qui avoient embraffé la nouvelle doctrine; l'un d'eux y répondit par une expérience. qui prouve évidemment que ce n'eft point le poids de la colonne de mercure que l'on foutient ou contrebalance dans la premiere expérience de Wallis, mais le poids de la colonne d'air qui s'appuie fur la voûte du tube.

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Pour faire cette expérience prenez un tube de verre d'environ 3 pieds de longueur, ouvert à fes deux extrémités mais dont la fupérieure soit évafée de maniere à présenter un petit entonnoir étranglé vers fa base; fermez cette ouverture avec un morceau de veffie mouillée, que vous lierez tout-au-tour après l'avoir bien tendue, & répétez l'expérience de Toricelli.

La colonne de mercure s'étant fixée dans le tube à la hauteur qu'elle doit avoir, la vessie

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formera alors une efpece de calotte dont la convexité répondra au-dedans du tube. Or la veffie ne prend cette forme que par ce que elle eft preffée par la colonne d'air qui repose deffus, & dont l'action ne peut être contreba lancée, le tube étant vide dans fa partie fupérieure. C'eft donc le poids de cette colonne d'air, & non celui de la colonne de mercure, que l'on eft obligé d'équilibrer dans la premiere expérience de Wallis.

Ce qui prouve encore que la veffie eft preffée par la colonne d'air correfpondante, c'est la chûte précipitée de la colonne de mercure qui aura lieu fi on perce la veffie avec une aiguille ou tout autre corps pointu; l'ouverture pra tiquée dans la veffie donnera entrée à la colonne d'air fupérieure; celle-ci déploiera alors fa preffion contre la colonne de mercure, & rendra nulle pour ainfi dire celle de la colonne d'air inférieure; en effet, ces deux colonnes d'air agiront en fens contraire, & de plus avec des forces fenfiblement égales, puifque l'excès de longueur de l'une fur l'autre, n'équi-' vaudra qu'à la hauteur du tube, & que cette hauteur, comparée à toute celle de l'atmos phere, peut être réputée nulle relativement à la différence qu'elle peut apporter dans le poids. de la colonne d'air. La colonne de mercure,

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