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la d'eau aux deux tiers environ de fa capacité; fermez ce matras avec un bouchon de liége, à travers lequel vous aurez fait paffer un tube de verre très-étroit, ouvert à fes extrémités & fuffifamment long pour defcendre dans le matras, à une ligne près de fon fond, & excéder le bouchon d'environ un pouce; appliquez enfuite du maftic aux endroits par où l'air renfermé dans le matras pourroit s'échapper; cela fait, plongez le ventre du matras dans une maffe d'eau bouillante; la chaleur de celle-ci dilatera l'air renfermé dans le matras & l'eau cédant à fon action, en fortira par le tube & jaillira à un pied & plus de hauteur; le jet décroîtra enfuite à proportion que l'air dilaté occupera plus d'efpace dans le matras.

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Le célebre Mathématicien Hyéron avoit imaginé une fontaine qui agiffoit par la compreffion de l'air; on en trouvera la description dans le Dictionnaire univerfel de Mathématiques & de Phyfique, tom. I. art. Fontaine, où il eft encore parlé d'une autre fontaine qui donne trois liqueurs différentes, & qui n'eft qu'une modification de celle d'Hyéron, pour laquelle on peut encore confulter le fecond volume de la Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique, fi l'on eft curieux de connoître les chan gemens qu'on y a faits.

De toutes les machines, dans lesquelles l'action de l'air eft employée, la plus fimple eft fans contredit la Pompe des Celliers; c'est un tuyau de verre ou de métal, qui eft ouvert à fes extrémités & renflé dans fon milieu : cet inftrument tire fon nom de fon usage; il fert à puifer du vin dans un tonneau, ou tout autre vaisseau, fans troubler la liqueur. Pour cela, on le plonge prefqu'entiérement dans la maffe de liqueur, ayant attention de laiffer les deux extrémités du tube ouvertes; la liqueur entre en poffeffion de la capacité qu'on lui préfente, & elle en chaffe l'air à proportion. Le vaiffeau eft-il plein de liqueur? pour la transporter fans craindre qu'elle fe répande il faut fermer, avec le doigt, l'orifice fupérieur du tube; fi on veut enfuite que la liqueur coule & tombe dans un vaiffeau deftiné à la recevoir, il ne s'agit que de déboucher l'orifice fupérieur du tube, en ôtant fon doigt.

Il n'eft point furprenant qu'une liqueur, contenue dans la pompe des celliers, ne s'écoule point par l'orifice inférieur, lorfque le fupérieur eft fermé de maniere à ne pouvoir donner entrée à l'air; puisque l'air, qui preffe en tout fens & qui peut, par fon poids, faire équilibre à une colonne d'eau d'environ 32 pieds, ainfi que nous l'avons démontré,

agit alors feulement à l'extrémité ouverte de l'inftrument. L'écoulement de la liqueur, qui a lieu quand on débouche l'orifice fupérieur du vaisseau, n'a rien encore de furprenant pour nous, parce que nous concevons que le poids de la colonne d'air, qui répond à cette ouverture, fe joint à celui du liquide qu'elle preffe, & rend nulle la réfiftance qui lui eft oppofée par la colonne d'air qui preffe infé

rieurement.

Le jeu de la pompe des celliers, qui peut être interrompu à volonté, a fait imaginer une espece d'arrofoir qui eft auffi facile à remplir d'eau qu'à transporter plein de ce liquide; c'eft un vaiffeau cylindrique de métal, qui eft percé à fon fond d'un grand nombre de petits trous, & qui s'ouvre fupérieurement par un tube.

Pour remplir d'eau ce vaiffeau, on le plonge dans une maffe de ce liquide; celui-ci pénetre par les trous dont le fond eft percé, & s'éleve dans le vaiffeau jufqu'à ce qu'il foit à niveau dans les deux capacités. Pour le transporter enfuite hors de l'eau, fans que celle qu'il contient fe répande, on bouche, avec le doigt, le tube qui s'ouvre dans la partie fupérieure du vaiffeau; enfin on le met en jeu de la même maniere que la pompe des celliers,

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L'Entonnoir, qu'on appelle magique, mais auquel le nom d'Entonnoir à commandement conviendroit mieux, eft encore une machine dont la pompe des celliers a dû donner l'idée. Il est fait de deux entonnoirs, l'un intérieur, l'autre extérieur, qui laiffent entr'eux un efpace vide propre à contenir une petite quantité de liqueur. Ces deux entonnoirs font foudés par leurs bords, ainfi qu'à une queue qui leur eft commune. Un petit trou pratiqué à l'origine de cette queue, s'ouvre dans l'efpace

intermédiaire; il en eft de même d'un autre trou ménagé vers l'anfe de cet inftrument.

On verfe de l'eau, ou toute autre liqueur, dans cette efpece d'entonnoir, après avoir bouché avec le doigt, l'orifice inférieur de la queue: une portion de la liqueur paffe dans l'efpace intermédiaire; elle y penetre par l'ouverture pratiquée à l'origine de la queue, & à proportion qu'elle s'éleve dans cet espace, l'air s'en échappe par l'orifice pratiqué près de l'anse: de forte que, quand l'entonnoir intérieur est entiérement plein de liqueur, l'efpace intermédiaire l'eft également; on bouche alors, avec le doigt, le trou par lequel l'air s'eft échappé de l'efpace compris entre les deux entonnoirs, & on débouche enfuite la queue de l'inftrument: la liqueur contenue dans l'en

tonnoir intérieur s'écoule naturellement; mais il n'en eft pas de même de celle qui eft renfermée dans l'efpace intermédiaire, preflée feulement par la colonne d'air qui répond à l'orifice inférieur, elle demeure en poffeffion de l'espace jusqu'à ce qu'on permette à l'air de pénétrer de haut en bas dans la cavité intermédiaire par le trou ménagé vers l'anfe,

C'est par cet artifice que les Charlatans font accroire, au Peuple ignorant, qu'ils ont le fecret de faire couler de l'eau d'un vaiffeau qui n'en contient point, ainfi que le pouvoir de changer l'eau en vin, s'ils ont rempli de vin l'efpace intermédiaire, avant de se présenter en public.

Le poids de l'air eft encore l'agent d'une fontaine dont ils fe fervent pour éblouir les yeux de cette claffe d'hommes, & captiver leurs fuffrages; ils l'appellent fontaine à commandement; elle eft connue en Phyfique fous le nom de fontaine intermittente.

Cette fontaine, qu'on attribue à Sturmius eft compofée d'un réservoir, du fond duquel partent cinq tuyaux; quatre font deftinés à l'écoulement de la liqueur dont on remplit le réfervoir, tandis que le cinquième, qui eft incomparablemeut plus long & plus gros, & & qui s'éleve jusqu'au réservoir, eft lui-même

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