qui agit fur la liqueur du réfervoir, se joint celui de la colonne de liqueur comprise dans la jambe plus longue, & que, cette colonne de liqueur étant incomparablement plus pefante qu'une colonne d'air femblable, elle fait plus que compenfer l'excès de preffion de la colonne d'air plus longue. Il n'eft donc point étonnant que la liqueur continue à couler, malgré la pression qu'elle éprouve de la part de cette derniere colonne.

Plus la jambe extérieure du fiphon furpaffe en longueur la jambe qui eft plongée dans la liqueur; plus celle-ci coule en abondance par l'extrémité de la premiere, parce que, plus la colonne de liqueur comprise dans cette branche a de longueur, plus elle a de pefanteur propre à détruire la preffion de la colonne d'air qui s'oppofe au libre écoulement de la liqueur, & qui empêche le plein effet de la colonne d'air oppofée.

Si la liqueur, comprise dans la jambe plus longue du fiphon, étoit de l'eau, & qu'elle y y formât une colonne de 32 pieds de hauteur cette colonne aqueufe feroit équilibre à la colonne d'air correfpondante; elle détruiroit totalement fon action; & la colonne d'air oppofée auroit fon plein & entier effet fur la

colonne de liqueur comprife dans la jambe plus courte, comme fi elle la preffoit dans un vide parfait.

Pour mettre le fiphon en jeu, on n'a pas toujours recours au moyen que nous avons indiqué, parce qu'on ne peut fe garantir de recevoir dans la bouche, & en quantité plus ou moins grande, la liqueur que l'on veut transvaser, ce qui feroit défagréable & même dangereux en quantité de circonftances. Pour parer à cet inconvénient, avant de plonger la jambe plus courte du siphon dans la liqueur qu'on fe propofe de foutirer, on remplit entiérement d'eau le fiphon, foit en faifant une fuccion à l'orifice de fa jambe plus longue, la plus courte étant alors plongée dans une maffe d'eau, foit en verfant ce liquide dans la jambe plus longue, après avoir appliqué le doigt à l'orifice de la plus courte; on bouche enfuite, avec un doigt de l'autre main l'orifice de la jambe plus longue du fiphon; cela fait, on met à découvert l'orifice de fa jambe plus courte, fans craindre que l'eau dont elle eft remplie s'écoule par fon orifice, puifqu'elle y eft alors retenue par la preffion de la colonne d'air correfpondante.

La jambe plus courte du fiphon étant plongées dans la liqueur qu'on a deffein de tranfvafer, on débouche l'extrémité de la jambe

plus longue; l'eau coule alors par l'orifice de cette jambe, & elle abandonne, à proportion, l'efpace qu'elle occupe, à la liqueur dans laquelle la jambe plus courte eft plongée: ainsi cette liqueur coule à fon tour.

Il y a une troifiéme maniere de procéder, qui n'a ni les inconvéniens de la premiere, ni ceux qu'on peut encore reprocher à la feconde; elle consiste à faire ufage d'un fiphon à trois branches, qui differe du fiphon ordinaire tube communiquant, qui eft foudé vers le bas de la plus longue de fes deux jambes, & qui s'éleve parallèlement à cette jambe.

par un

Pour faire jouer ce fiphon, après avoir plongé la plus courte de fes trois jambes dans une liqueur, on bouche, avec le doigt, l'orifice de la plus longue, & on pompe ensuite l'air en afpirant à l'ouverture du tube communiquant; la liqueur franchit alors la croffe du fiphon, & elle fe porte dans la jambe plus longue. L'Opérateur, ayant l'œil placé vers la croffe, apperçoit ce qui s'y paffe; il ceffe d'afpirer & de boucher l'orifice de la jambe plus longue, affez à tems pour ne point ame ner la liqueur dans fa bouche.

la

Il en eft d'un liquide qui defcend par jambe plus longue d'un fiphon, comme de tous les corps qu'on abandonne à eux-mêmes,

au-deffus

au-deffus de la furface de la terre; maîtrisé comme eux par la force de gravitation, le liquide accélère fon mouvement en defcendant par la jambe du fiphon, & il acquiert pendant fa chute, une quantité de mouvement fuffifante pour remonter à la hauteur d'où il est descendu. De-là, fi on disposoit l'extrémité de la jambe plus longue du siphon, de maniere que le liquide pût en fortir de bas en haut, & par un orifice très-étroit, il jailliroit alors & remonteroit, non pas jufqu'à la hauteur du refervoir, mais feulement jufqu'aux deux-tiers ou environ de cette hauteur.

Pour que l'eau, dans cette circonftance, s'élevât en jailliffant à la hauteur d'où elle fe précipite, il faudroit qu'elle ne perdit rien de la force qu'elle acquiert en tombant

ou

qu'elle n'eût point à vaincre en même tems plufieurs obftacles, qui font la résistance de l'air dans lequel elle s'élevé, fon propre poids lorfqu'elle retombe fur elle-même, & le frottement qu'elle éprouve en parcourant le tuyau & en fortant par l'ajutage.

Ce frottement, qui détruit une portion de la force que l'eau acquiert par fa chute, & qui s'oppose d'autant à ce qu'elle parvienne à la hauteur du réfervoir d'où elle eft partie: ce frottement eft le feul obftacle auquel on

N

le

puiffe remédier, jusqu'à un certain point, fans inconvénient. Il eft d'autant plus foible que diamètre du canal par lequel l'eau defcend, eft plus grand par rapport à celui de la lumiere ou de l'ajutage. Nous devons cependant obferver que cette difpofition reconnoît des bornes; la raison en eft, que le frottement de l'eau contre l'ouverture de l'ajutage eft d'autant plus grand, que cette ouverture eft elle-même plus petite.

d'un

Nous obferverons encore que rien n'augmentant autant le frottement qu'un ajutage en cône, on doit donner la préférence à une plaque que l'on appliquera fur l'ouverture du tuyau de conduite, & que l'on percera trou proportionné à la groffeur du tuyau. L'épaiffeur de cette plaque n'eft point indifférente: l'expérience nous apprend qu'il faut donner à cette plaque de pouce d'épaiffeur, lorfque l'eau doit jaillir à 20 pieds; de pouce, lorfqu'elle doit s'élever depuis 20 jusqu'à 35 pieds; de pouce, lorfqu'elle doit s'élancer depuis 35 jufqu'à 50 pieds, &c.

Deux Phyficiens célebres, le Docteur Defaguilliers & Mariotte, ont traité fort au long de cette partie hydraulique; le premier, dans fon Cours de Phyfique; & le dernier, dans un Ouvrage intitulé, Mouvement des Eaux. C'eft