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à ces deux fources que vous pourrez puifer toutes les connoiffances qui complettent la théo rie des jets-d'eaux.

Quant à ceux qu'on peut conftruire avec des fiphons, nous obferverons, 1o. que si l'eau, à la fin de fa chute, trouve plufieurs iffues diffé remment difpofées, elle forme alors plufieurs jets qui affectent différentes directions; 2°. que l'eau jaillit au-deffus de fa fource lorfque la croffe du fiphon eft armée d'un ajutage, & renfermée dans un vaiffeau où l'air eft raréfié. M. de la Fond nous en fournit les moyens, dans le fecond volume de fa Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique."

Plufieurs Phyficiens ont cru que la pefan teur de l'air n'étoit pas la caufe déterminante de l'écoulement des liqueurs par les fiphons; mais il eft facile de prouver qu'un siphon ne produit fon effet qu'autant que la liqueur qu'on veut foutirer, par fon moyen, eft foumife à l'action de l'air extérieur.

Portez la jambe plus courte d'un fiphon dans un vase plein d'eau; bouchez enfuite ce vafe de maniere que l'air environnant ne puiffe y avoir accès; & pompez l'air du fiphon en af pirant à l'extrémité de la jambe plus longue: s'il y a de l'air renfermé avec l'eau dans la bouteille, cet air débandera fon reffort ou fera

effort pour occuper un plus grand efpace; l'eau en conféquence fe portera dans la jambe plus longue du fiphon, & elle la parcourra en partie; mais dès que vous cefferez d'afpirer, cette cau, par un mouvement rétrograde, paffera dans la jambe plus courte & dans le vaiffeau, parce que l'air, dilaté dans ce vaiffeau, fe réduira alors à fon premier volume, pour faire équilibre à l'air extérieur qui rentrera dans le fiphon l'eau s'élevera une feconde fois; mais pour couler par le fiphon. Si vous n'aspirez qu'après avoir ouvert un paffage à l'air dans le haut du vaiffeau, & fi vous fermez ce paffage pendant que l'eau coulera encore, son écou lement ceffera au-ffitôt.

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Nous ne pouvons paffer ici fous filence la difficulté propofée par Reifelius (1), relativement au jeu des fiphons; il obferve qu'un fiphon, dont les jambes font de même longueur, peut être employé à foutirer une liqueur, & qui plus eft, que ce fiphon, inventé par Jean Jordan, permet à la liqueur de s'écouler indifféremment par les deux jambes, ce que ne fait pas le fiphon ordinaire.

L'écoulement alternatif de l'eau ou de toute autre liqueur par les deux jambes du fiphon

(1) Journal des Savans, année 1685.

de Reifelius a paru d'abord merveilleux aux Phyficiens; mais le charme n'a pas tardé à difparoître, & on n'a plus vu, dans cet écou→ lement, qu'un effet produit par la même cause qui détermine l'eau à couler par la jambe plus longue du fiphon ordinaire.

En confidérant celui-ci en exercice, nous avons remarqué que la colonne de liqueur, comprise dans la jambe plus longue, détruit en partie, & par fon excès de poids, l'action de la colonne d'air correfpondante; & que c'eft la raifon pour laquelle la liqueur du réfervoir, preffée par l'air, continue à s'écouler par le fiphon.. Or, on peut, & même on doit expliquer de la même maniere, l'écoulement de l'eau par le fiphon de Reifelius, puifque quand cet inftrument eft mis lui-même en exercice, la jambe par laquelle la liqueur s'écoule, eft plus longue que l'autre, de toute la quantité dont celle-ci eft plongée dans la liqueur.

La connoiffance des fiphons & de leur mécanisme, date de 441 ans avant J. C. au moins attribue-t-on à Hyéron d'Alexandrie qui vivoit dans ce tems, l'invention des diabettes: c'eft ainfi qu'on appelle des verres dont la coupe, la tige & la patte font percées, & dans lesquels on renferme des fiphons qui font,

ou formés d'un tube courbé, ou compofés de deux tubes, l'un recouvrant l'autre. La longue jambe du fiphon, ou le tube qui en fait l'office, defcend le long de l'intérieur de la tige du verre, & s'ouvre fous fa patte, où il eft mastiqué; tandis que la jambe plus courte, ou le tube qui la représente, s'ouvre près du fond de la coupe du verre. Ces verres contiennent l'eau qu'on y met, jufqu'à ce qu'ils foient prefque pleins; mais, lorfqu'elle eft parvenue à ce terme, elle s'écoule jufqu'à la derniere goutte.

Il y a de ces diabettes dans lesquels on met un tentale, qui fait l'office de la jambe plus courte & en même tems de la jambe plus longue d'un fiphon. Lorfque l'eau, verfée dans ces fortes de verres, eft à la hauteur des levres du tentale, elle fuit, & le verre fe vide.

Enfin il y a de ces verres dont les effets font d'autant plus furprenans, qu'on n'apperçoit point les fiphons qui procurent l'écoulement des liqueurs qu'on y a verfées, parce qu'ils font pratiqués dans l'épaiffeur même de ces

verres.

En fe fervant d'un fiphon, le Pere Kirker a imaginé une fontaine artificielle, fi curieufe que M. Wolf l'a jugée digne de fon attention. Elle eft compofée d'un oifeau perché fur l'anfe d'un vafe, au milieu duquel il y a un

ajutage; on met de l'eau dans le vafe autant qu'il peut en contenir. Cette eau comprime l'air qui, par la conftruction du vafe, ne peut pas s'échapper; il agit donc fur l'eau, de maniere que, quand on ouvre le robinet de l'ajutage, l'eau fort par là en forme de jet, & tombe dans le baffin du vafe: elle parvient ainfi au bec de l'oifeau, qui la boit à mefure qu'elle tombe (1).

Nous avons encore à développer le mécanisme des pompes; car c'eft auffi de l'air que dépend le jeu de ces machines hydrauliques, ainfi que nous l'avons déjà obfervé.

Les pompes que nous employons fi fréquemment & fi utilement, furent inventées 180 ans avant l'Ere chrétienne; il y en a de plufieurs

efpeces, que l'on range en deux claffes, parce que les unes font fimples & les autres compofées. Les pompes fimples font afpirantes, foulantes ou élévatoires; c'eft en combinant enfemble ces trois efpeces de pompes simples, que l'on obtient des pompes compofées, qui font ou afpirantes-élévatoires, ou afpirantesfoulantes, ou enfin afpirantes-foulantes-condenfantes.

(1) Savérien, Hiftoire des progrès dans les Science naturelles.

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