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moyen de connoître les variations & la viteffe du vent. Nous offrirons, dans le baromètre, le vrai moyen d'eftimer la densité & le reffort de l'air, & de tenir compte des altérations qu'ils éprouvent. Nous trouverons, dans le thermomètre, la mefure des degrés de cha leur & de froid qui regnent dans l'atmosphère. Enfin nous indiquerons l'hygromètre comme un moyen que les Phyficiens ont imaginé pour découvrir les degrés de féchereffe & d'humidité de l'air.

TABLEAU

TABLEAU

HISTORIQUE

DES PROPRIÉTÉS ET DES PHÉNOMÈNES

DE L'AIR,

CONSIDÉRÉ DANS SES DIFFÉRENS ÉTATS, ET SOUS SES DIVERS RAPPORTS.

PREMIERE PARTIE.

DES PROPRIÉTÉS DE L'AIR.

L'AIR, regardé comme un élément indeftructible, inaltérable, eft un fluide invisible, inodore, infipide, ou du moins dont nous net fentons point la faveur, par l'habitude où nous fommes de l'éprouver fans ceffe depuis notre naissance; l'air est encore pourvu de pefanteur & de reffort, & fufceptible de raréfaction ou de dilatation, de condenfation & de compreffion. L'air n'affecte donc aucun de nos fens, fi ce n'eft le toucher. Il n'eft pas impoffible que, lorfque la lumiere parvient à nos yeux A

en traverfant une très-grande épaiffeur, d'air, comme l'eft celle de l'atmofphere terreftre, ce fluide ne devienne fenfible à nos yeux jufqu'à un certain point; ce qu'il y a de conftant c'eft que, pendant un tems ferein, le ciel eft toujours bleu, & cette couleur fe fonce de plus en plus, à proportion qu'elle eft plus près du zénith. Comme le ciel n'eft point un corps particulier, ni concave, ni en forme de voûte, ni rond, ainfi que l'avoient penfé les anciens Philofophes, & ainfi que le peuple le penfe encore aujourd'hui, il eft évident qu'on ne doit point lui attribuer cette couleur, mais à l'air. Il feroit intéreffant de favoir fi cette couleur eft propre & particuliere à l'Air, ou fi elle est fimplement accidentelle ; car les fentimens font partagés à cet égard.

- Honoré Fabri penfe que la couleur bleue dépend de la réflexion de la lumiere, par des atômes & des corpufcules voltigeans dans l'air ; d'où il réfulte une modification de lumiere productrice de la couleur bleue. Cet Auteur combat le fentiment de Fromond, qui penfoir que cette couleur étoit un mélange d'une lumiere foible & fombre avec un corps opaque, dont l'arrangement & la difpofition de fes parties étoient imparfaits. Il paroît que l'opinion de Fromond eft encore celle d'un grand

nombre de Phyficiens modernes, qui penfent que la couleur bleue de l'air dépend du mélange de la lumiere, réfléchie par les partieules élémentaires de l'air, avec la couleur noire, provenant de l'efpace vuide qu'on appelle le ciel, au lieu que Fabri n'attribue cette couleur qu'à la modification de la lumiere réfléchie par l'Air. J. C. Funccius a publié un petit Ouvrage, dans lequel il parle de la couleur du ciel & tâche de l'expliquer; il l'attribue à la combinaison de beaucoup d'ombre, avec un petit nombre de rayons, c'eftà-dire que la plus haute région de l'air étant noirâtre, & paroiffant à travers un air tranfparent, acquiert une couleur bleue; c'est à peu près ainfi,, que MM. Wolf, Muschenbroek, & plufieurs Phyficiens modernes, expliquent cette couleur. M. Mariotte penfe que l'air a une couleur qui lui eft propre & particuliere; que cette couleur eft bleue, mais qu'elle eft fort légere: c'eft de-là, dit-il, que prend fon existence, la couleur bleue des objets éloignés. M. Kraft, qui fait l'énumération des qualités & des propriétés de l'air, n'ofe point conclure fur fa couleur. Aer, dit-il, colore cæruleo fino tus effe aut videtur aut revera eft. M. Eberhard, Profeffeur royal de Pruffe, a donné, il y a quelques années, une Differtation fur la cou

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leur de l'Air, de laquelle on peut tirer deux inductions; 1o. qu'au milieu de toutes les opinions, deux feulement peuvent être raisonnablement admifes en Phyfique, pour rendre raifon de la couleur bleue de l'air; 2°. que celle dans laquelle on fait dépendre cet effet du mélange de l'ombre & de la lumiere, eft manifeftement fauffe, malgré la multitude d'expériences rapportées en fa faveur. La clarté avec laquelle cette opinion eft exposée dans ce Mémoire, toute la force que ce favant Profeffeur à fu lui conferver avant de la réfuter ne permettent plus de revenir fur ce point; c'est un pas de plus vers la vérité, & un embarras de moins dans la Phyfique. Le fentiment de M. Eberhard eft que l'air a une légere couleur bleue, il donne à l'air cette propriété, parce qu'il eft un intermede fubtil & tranfparent, fervant de moyen de réfraction aux rayons de lumiere, & devant avoir une couleur, dès qu'il aura la faculté de caufer une forte réfraction; mais, comme l'avoue cer Auteur lui-même, il faudroit encore beaucoup d'expériences pour donner à fon affertion le dernier dégré de probabilité physique; quoi qu'il en foit, l'opinion de M. Eberhard eft plus conforme que toute autre aux loix générales de la nature, & elle a de plus l'avantage de

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