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bafe, & qui paffe par un trou pratiqué dans une traverse qui eft placée à quelques lignes audeffus de la foupape.

Comme ces fortes de foupapes ont paru préférables à toutes les autres, mon oncle, M. de la Fond, les a fait graver dans le fecond volume de fa Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique. Les pompes fimples & compofées, y font également représentées, ainfi que les appareils avec lefquels on peut démontrer 1o. que l'eau s'éleve dans tout efpace vide d'air parce qu'elle y eft pouffée par la preffion de l'air extérieur; 2o. que le mercure, qui peut s'élever dans un tube vide d'air & y être foutenu à 28 ou 29 pouces, ne s'y porte plus lorfque la preffion de l'air eft fupprimée.

Quoique la preffion de l'air ne puiffe élever & foutenir l'eau qu'à la hauteur de 32 pieds, ou environ, dans un tube vide d'air, cependant un Ferblantier de Séville entreprit de la faire monter à 60 pieds de hauteur dans une pompe afpirante; mais, n'ayant pu y parvenir, il donna, de dépit, un coup de marteau contre le tuyau aspirant, & l'eau s'éleva auffi-tôt à la hauteur defirée: il eft à remarquer que le tuyau fe trouva percé d'un trou d'une ligne de diamètre, à dix pieds au-deffus du réfervoir, & dans l'endroit où le coup de marteau avoit été porté...

M. le Cat, Chirurgien célebre, à qui M. Clouet communiqua ce fait en 1766, le vérifia dans fon jardin, avec une pompe, dont le tuyau d'afpiration avoit un pouce de diamètre & 55 pieds de hauteur. A 10 pieds au-deffus du niveau de l'eau, il avoit fait adapter au tuyau, un robinet, qu'il fit ouvrir lorfqu'il imagina que l'eau étoit parvenue à la hauteur où elle pouvoit monter par le jeu de la pompe. A l'inftant qu'on ouvrit ce robinet, l'eau s'éleva & jaillit fur la terraffe, à la hauteur de 55 pieds.

la

Il eft facile d'expliquer ce phénomène. Dans pompe de Séville, la colonne d'eau n'avoit que 22 pieds au-deffus du trou fait au tuyau afpirant; elle n'avoit donc que les deux-tiers & un peu plus du poids qu'il lui falloit pour contre-balancer l'action de la colonne d'air qui fe préfentoit à ce trou. Or, d'après cela, il n'eft pas furprenant que l'air, en pénétrant dans le canal, ait pouffé l'eau jufqu'à la hauteur de 55 ou 60 pieds, puifqu'il falloit que l'air, qui eft environ 800 fois moins denfe que l'eau, fuppléât, par fa hauteur dans le tuyau & par fon poids, à celui qui manquoit à la colonne d'eau pour être en équilibre avec l'air extérieur. Nous pourrions nous difpenfer d'obferver que les dix pieds d'eau qui fe

<rouverent élevés dans le canal d'aspiration, au-deffous du trou, furent précipités & rendus au réservoir.

Tel eft le mécanisme de l'afcenfion de l'eau dans la pompe de Séville. M. l'Abbé Nollet, qui le faifit le premier, imagina de répéter l'expérience d'une maniere moins embarrassante; il prit un tube de verre de 4 pieds de longueur, fermé à une de fes extrémités; il y pratiqua un trou à 9 pouces près de l'autre extrémité; il boucha enfuite ce trou avec de la cire, & il remplit le tube avec du mercure. Cela fait, il plongea l'extrémité ouverte du tube dans une cuvette qui contenoit également du mercure; la colonne de ce fluide se réduifit alors à la hauteur de 27 à 28 pouces, & la partie fupérieure du tube resta vide. Ayant débouché l'orifice latéral, il vit la portion de la colonne de mercure, prife au-deffus de cette fe porter de bas en haut, & s'éle

ouverture,

ver jufqu'au haut du tube.

On a vu, il y a quelques années, à Paris, chez un Bijoutier, place Dauphine, une pompe afpirante encore plus furprenante que celle de Séville; elle jetoit l'eau, fans interruption, à la hauteur de 55 pieds. Son canal d'afpiration étoit percé d'un trou, comme dans la pompe de Séville; mais ce trou, plus petit, & prati

qué à une hauteur moindre au-deffus du réfervoir, reftoit conftamment ouvert.

L'air qui entroit impétueufement par cet orifice, entre-coupoit l'eau à mesure qu'elle montoit dans le canal afpirant; de forte qu'il fe formoit dans ce canal, une colonne mixte compofée alternativement de volumes d'eau & de volumes d'air, & par conféquent affez légere pour être portée à la hauteur de 55 pieds, par l'air extérieur qui preffoit fur l'eau du réservoir.

Il n'y a que fort peu de cas où l'on pourroit employer utilement l'une ou l'autre de ces deux pompes, parce qu'elles élevent d'autant moins d'eau dans un tems donné, qu'elles la portent à une plus grande hauteur; elles font donc plus curieufes qu'utiles.

Quant au phénomène qu'elles préfentent, il ne déroge point à la loi de l'équilibre des fluides; il prouve que la preffion de l'air, étant conftante & déterminée, elle éleve les liqueurs plus ou moins haut, à raifon de leur denfité.

hnault

TABLEAU

HISTORIQUE

DES PROPRIÉTÉS ET DES PHÉNOMÈNES

DE L'AIR.

SECONDE PARTIE.

Des différens Fluides que M. Priestley défigne fous le nom d'Air (1), & M. Macquer fous celui de Gas (2), avec une épithète propre à chacune de ces fubftances.

PARACELSE

ARACELSE & van Helmont avoient obfervé, dans plufieurs analyfes & combinaifons, le dégagement d'un fluide élastique. Le

(1) Expér. & Obferv. fur différentes efpeces d'air. (2) Dictionnaire de Chimie, feconde édition.

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