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premier l'avoit nommé fpiritus filvestre, & l'autre gas fylveftre, efprit des bois, efprit fauvage, pour le diftinguer de l'air que nous refpirons, & en même tems pour exprimer l'idée qu'ils avoient de cette émanation aériforme. C'étoit, fuivant eux, une vapeur incoercible, qu'il n'étoit pas poffible de raffembler dans des vaiffeaux, ni de réduire fous une forme visible.

Boyle vérifia ce que van Helmont avoit écrit fur le gas (1); il remarqua, comme lui, qu'un grand nombre de corps naturels en fourniffoient une prodigieufe quantité par leur analyfe & dans leurs combinaifons; il reconnut également une qualité meurtriere ou délétere dans le gas qui fe dégage de toutes les matieres qui éprouvent le mouvement de fermentation; il obferva que ce gas ne pouvoit fervir à la refpiration des animaux, & les faifoit périr trèspromptement; il apperçut que le foufre, le camphre, l'ambre, &c. diminuoient le volume de l'air où on les fait brûler; & en cela Boyle paroît être le premier qui ait fait connoître la deftruction du reffort de l'air commun, ou fon abforption dans l'acte de la combuftion, Enfin le même Phyficien a donné le nom d'air

(1) Tractatus de Flatibus.

fadice ou artificiel, à toutes les efpeces de fluides élastiques que van Helmont avoit défignées fous le nom de gas.

car,

Les expériences de ce Chimifte & celles de Boyle, ont acquis beaucoup de précision & de justeffe entre les mains de l'illuftre Hales (1); il a déterminé avec exactitude la quantité de fluide élaftique ou d'air qui fe produifoit ou s'abforboit dans chacune de fes expériences; il les a multipliées étonnament, & a diftingué les opérations où l'air eft produit, où l'air eft abforbé. Cet habile Phyficien a même obfervé des différences fenfibles entre les fluides qu'il a obtenus; il a vu que quelques-uns avoient la propriété de brûler avec flamme, & que d'autres, fans être inflammables, ne pouvoient entretenir la refpiration & la vie des animaux. Malgré cela, il n'a jamais regardé ces produits que comme de l'air qui étoit condensé ou fixé dans les corps, & qui, en fe dégageant, entraînoit avec lui diverses émanations ou parcelles de ces mêmes corps, tant il étoit perfuadé qu'aucune fubftance, autre que l'air, ne pouvoit fe montrer fous les apparences de cet élément.

Plufieurs Phyficiens célebres ont vérifié &

(1) Statique des Végétaux. chap. 6.

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multiplié les expériences de Hales, &, comme lui, ils ont appris que l'air entre en qualité de principe conftituant dans la compofition d'une infinité de corps, même des plus denfes & des plus folides; que l'air, dans fes combinaisons, ne jouit ni de fon expanfibilité, ni de fon reffort, ni d'aucune des autres propriétés qui dépendent de fon agrégation, lorfqu'il eft libre; que cet air, dégagé des différens compofés dont il fait partie, soit par l'analyse au feu, foit par l'action des interme des décompofans, reprend avec fon état d'agrégé, fon expanfibilité, fon reffort, & généralement toutes les propriétés qui le caractérifent dans cet état; que l'air obtenu de cette maniere, n'eft pas toujours respirable & propre à entretenir la combuftion; & quoique ce foit là une propriété diftinctive de l'air commun, néanmoins la plupart des Phyficiens modernes défignent, fous le nom d'air, toutes les efpéces différentes de fluides qui fe préfentent avec les apparences de l'air atmosphéririque, foit dans l'analyse des corps, foit dans les combinaisons diverfes qu'on leur fait éprouver; mais, comme quelques-uns de ces fluides, font véritablement de l'air, tantôt très-pur, tantôt plus ou moins mêlé avec des matières hétérogènes, tandis que d'autres ont tout à la

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fois l'apparence extérieure de l'air respirable & des propriétés qui ne permettent point de les confondre avec ce dernier, cette confidération leur a fait donner différentes épithètes qui fervent à les diftinguer, non-feulement de l'air commun, mais même les uns des autres. De-là, les dénomination d'air fixe, d'air inflammable d'air déphlogistiqué d'air nitreux, &c. dont nous nous fervirons pour caractériser autant de matieres aériformes. Nous fuivrons en cela l'exemple de plufieurs Phyficiens célebres, & notamment de M. Priefley, aux travaux duquel nous devons la plus belle & la plus nombreuse fuite d'expériences qui aient été faites fur ces différens fluides élastiques.

LE

CHAPITRE I

De l'Air fixe.

E fluide, auquel on a cru devoir affecter le nom d'air fixe, paroît être le plus univerfellement répandu; la nature le produit abondamment dans la plupart des mines & autres fouterrains; il y forme une atmosphère plus ou moins étendue, & qui ne peut favorifer

ni la combustion, ni la refpiration; car, les lumieres s'éteignent dans cette atmosphere, & les hommes, ainfi que les animaux, ne peuvent y être plongés fans éprouver une malaife confidérable, qui eft bientôt suivi d'anxiétés cruelles & de la mort.

L'air fixe exifte combiné à l'eau, dans les eaux minérales, que l'on appelle Spiritueuses, gafeufes ou aérées, il conftitue les exhalaifons meurtrieres des charbons allumés, ainfi que celles qui fe dégagent des cuves en fermentation, & que l'on fait être auffi dangereufes. Le même fluide fe préfente dans l'analyse d'un grand nombre de corps, & principale. ment dans celle des matieres végétales & animales. Les fels alkalis, tant fixes que volatils, la craie, le marbre, & toutes les autres efpeces de terre calcaires, produifent également de l'air fixe; c'est par l'action du feu ou par l'intermede des acides, qu'on parvient à le dégager de ces différentes matieres ; la craie en produit abondamment dans l'un & l'autre cas. Sa diffolution par l'efprit de vitriol, autrement dit l'acide vitriolique, eft le moyen dont on fe fert communément pour fe procurer de l'air fixe, lorfqu'on fe propofe d'étudier ou de faire connoître les propriétés de ce fluide aériforme.

Оп

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