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On met deux onces de craie pulvérisée dans un flacon de criftal qui contient environ une pinte, & qui, outre fon goulot ordinaire, a une feconde ouverture dans fa partie latérale fupérieure; on ferme la premiere avec un bouchon de liége, à travers lequel on a fait passer un tuyau de verre, une espece de fiphon, dont la longueur & la courbure, font telles que l'extrémité d'une de fes jambes, qui eft ellemême recourbée de bas en haut, peut fe noyer dans une petite cuve pleine d'eau, & s'engager dans une échancrure pratiquée dans l'épaiffeur d'une tablette qui eft affujettie à deux pouces près du bord de la cuve & recouverte de quelques lignes d'eau; cela fait, on remplit entiérement d'eau un autre flacon, & on l'établit enfuite fur la tablette, fon ouverture en bas. Comme l'eau de ce flacon communique alors avec celle de la cuve qui baigne une partie de fon goulot, la preffion que l'air de l'atmofphère exerce à la furface de cette maffe d'eau, foutient celle dont le flacon eft plein. Les chofes étant difpofées de la maniere que nous venons de dire, & comme on peut le voir dans l'Effai fur les differentes efpeces d'Air par M. Sigaud de la Fond, on verfe fur la craie, que l'on a mife au fond du premier flacon, & par le trou pratiqué vers fon gou

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lot, environ quatre gros d'acide vitriolique, affoibli avec trois fois fon volume d'eau ; on bouche auffi-tôt le flacon avec de la cire molle ou du maftic de vitrier; la diffolution de la craie par l'acide eft accompagnée d'une vive effervefcence qui annonce le dégagement de l'air fixe.

Ce fluide prend la place de l'air commun qui rempliffoit le flacon, & qui s'échappe alors par le fiphon; quand on juge que cet air eft forti, on amene le flacon plein d'eau au-deffus de l'ouverture du fiphon, en prenant garde que fon goulot ne forte de l'eau: autrement celle qu'il contient s'en échapperoit, l'air y entreroit, & il faudroit le remplir de nouveau.

La diffolution continuant à fe faire, & l'air fixe à fe dégager, celui-ci s'échappe rapidement par l'extrémité du fiphon, & comme il eft beaucoup plus léger que l'eau, il s'éleve fous la forme de bulles, paffe à travers l'eau du flacon, fe raffemble vers fon fond, & en chaffe l'eau à proportion. Pendant que ce flacon fe remplit d'air fixe, on remplit d'eau un fecond flacon pour le fubftituer au premier, lorfqu'il eft plein de matiere aériforme; on amene alors celui-ci dans la cuve, & on le bouche exactement, avant de le renverfer & de le retirer de l'eau; on fubftitue un troifiéme flacon

au fecond, & même un quatrième au troifiéme, s'il eft néceffaire. Lorfqu'on veut obtenir une grande quantité d'air fixe, on agite, de momens à autres, le flacon dans lequel fe fait le diffolution de la craie par l'acide; de cette maniere, on donne plus de prise à ce dernier; en fecond lieu, on ajoute de l'acide ou de la craie, fuivant qu'on le juge à propos.

L'air fixe eft de même que l'air commun, un fluide invifible, élastique, compreffible, expanfible, d'une pefanteur fpécifique infiniment moindre que celle d'aucune liqueur, même des plus légeres; mais, si l'air fixe ne differe de l'air commun par aucune de ces propriétés, fi fon agrégation eft la même que celle de cette fubftance, il en differe à d'autres égards.

L'air fixe a une odeur & une faveur qui lui font propres, tandis que l'air ordinaire n'affecte communément ni l'organe de l'odorat, ni celui du goût.

L'air fixe à une pefanteur fpécifique plus grande que celle de l'air commun, c'est-àdire qu'un volume donné d'air fixe pese davantage qu'un égal volume d'air commun. Plu fieurs Phyficiens ont voulu déterminer le rapport de gravité fpécifique de ces deux fluides; mais la plupart ont obfervé que l'air fixe varié

de denfité comme l'air de l'atmosphère; qu'il eft plus ou moins pefant fuivant la nature & l'état des fubftances dont on le retire, & les moyens différens dont on fe fert pour y parvenir. Nous avons, M. de la Fond & moi, remarqué la même chofe; cependant l'air fixe, dégagé de la craie par l'intermede de l'acide vitriolique, qui eft celui que nous foumettons le plus fouvent à la balance, fe trouve être prefque toujours des plus pesant que l'air commun, c'eft-à-dire que fi un volume déterminé de ce fluide pefe 30 grains, l'air fixe, pris fous le même volume, en pefera 50.

Il y a plufieurs moyens de comparer le poids de l'air fixe ou de tout autre fluide aériforme avec celui de l'air ordinaire ; mais voici le plus exact.

Prenez une bouteille fphérique de cristal, autrement dit un ballon, qui ait cinq à fix pouces de diamètre, & qui foit garni d'une virole de cuivre maftiquée à fon col, ainfi d'un robinet monté à vis fur cette que virole; appliquez ce ballon à la machine pneumatique; pompez l'air qu'il contient, & tenez compte des coups de pifton que vous donnerez pour cet effet: détachez le ballon, après avoir fermé fon robinet, & adaptez enfuite à celui-ci un crochet qui porte à fa base un petit

baffin destiné à recevoir des grains; pefez exactement le tout avec une balance exacte & fenfible. Cela fait, tournez la clef du robinet pour laiffer rentrer l'air dans le ballon, & pefez enfuite la quantité d'air qu'il contiendra.

Faites le vide une feconde fois dans le ballon, en donnant le même nombre de coups de piston; montez-le enfuite fur un grand réci pient qui fera fermé fupérieurement par un robinet, & qui contiendra l'efpece de fluide aériforme dont vous voudrez connoître le poids. Les chofes étant ainfi difpofées, & l'eau de la cuve baignant alors les bords du récipient, tournez les clefs des robinets de maniere à faire communiquer la capacité vide du ballon avec celle du récipient; le fluide contenu dans celui-ci, fe portera alors dans le ballon; tandis que l'eau de la cuve, preffée par l'air environnant, s'élévera fous le récipient, pour remplacer le fluide aériforme: ainfi le ballon recevra un volume de ce fluide égal à celui d'air commun dont le poids fera connu; il ne s'agira plus alors que de pefer le ballon pour avoir le poids du fluide qu'il contiendra, & par conféquent fon rapport de pefanteur fpécifique avec l'air commun..

L'air fixe, indépendamment de fon odeur de fa faveur, & de fa pefanteur fpécifique, plus.

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