Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

fe trouvant ainfi entre deux forces égales & oppofées, n'obéira ni à l'une ni à l'autre ; mais à la force de gravitation; en un mot, elle fe précipitera dans la cuvette.

Les zélés défenfeurs de l'horreur du vide, reconnurent enfin les effets de la pefanteur de l'Air dans le tube de Toricelli, dans les pompes, & en général dans la production de tous les phénomènes attribués jufques-là à cette horreur de la nature pour le vide.

Otto-Guerik, Conful de Magdebourg ayant étudié les effets des pompes, imagina la Machine pneumatique, & fit, avec cette efpece de pompe, plufieurs expériences qui affurerent à l'Air la propriété qu'on venoit de lui reconnoître. Ce fut en 1654 qu'Otto-Guerik fit les premiers effais de cette nouvelle machine, qui étoit d'ailleurs fort imparfaite : on peut en juger par la defcription que fon Auteur en donna peu de tems après, dans un de fes Ouvrages, intitulé: Experientia nova Magdeburgica, de fpatio vacuo; & mieux encore par une description plus détaillée de cette machine (1) que le pere Schot jugea à propos

de donner ensuite.

Dans le même tems que ces deux Phyficiens

(1) Ars. mech. hydraulico-pneumatica.

travailloient à l'envi à perfectionner la machine pneumatique, le célebre Boyle, en Angleterre, aidé des fecours de Robert Hook & de Papin, en conftruifoit une qu'il avoit imaginée, & qui étoit bien plus parfaite que celle d'Otto-Guerik : auffi c'eft de cette machine que les Phyficiens firent ufage, & ils la nommerent Machine ou Pompe de Boyle. Il faut cependant convenir que cette machine n'étoit pas non plus fans défauts, & qu'elle doit le degré de perfection qu'on lui reconnoît aujourd'hui aux corrections & aux modificatious différentes qu'elle a fouffert, en paffant fucceffivement par les mains de Volder, d'Hauxbée, de s'Gravefande, des Mufchenbroek, de Homberg & de plufieurs autres Phyficiens célebres.

La machine pneumatique dont on fe fert le plus communément, eft compofée de cinq piéces principales ; d'une pompe avec fon pifton, d'une platine, d'un tuyau qui communique depuis la pompe jufqu'à la platine, d'un robinet qui traverse ce canal de communica tion, & d'un vase de cristal qu'on met fur la platine.

Le corps de la pompe eft un cylindre de cuivre calibré intérieurement, c'est-à-dire de même diametre dans toute fa longueur, & le pifton qu'on y fait jouer eft compofé de plu

fieurs tranches de liége enfilées fur le même arbre, & appliquées les unes fur les autres avec autant de cuirs gras interpofés & repliés fur chaque liége; on fait mouvoir ce piston à l'aide d'une tige de fer, terminée par une efpece d'étrier, dans lequel on met le pied pour le faire defcendre; on le remonte avec le pied & avec la main qu'on applique à une branche de fer montante, qui est soudée sur la tête de l'étrier.

de

La platine & le tuyau de communication qui font auffi de cuivre, & dont le corps pompe eft furmonté, font foudés très-exactement enfemble, & le tuyau l'eft lui-même avec lecorps de pompe. Une partie de ce tuyau furmonte la platine & excéde fon plan de quelques lignes; cette partie eft tarraudée, pour qu'on puiffe viffer deffus quantité de piéces dont nous parlerons ailleurs. La platine eft bien dreffée; malgré cela on a foin de la couvrir d'un morceau de peau imbibée d'eau ou d'huile, afin que les bords du vaiffeau, dans lequel on veut faire le vide, s'appliquent plus exactement à la platine,

Enfin le robinet de cette machine eft pratiqué à la base même du canal communiquant, & par conféquent très-près du corps de la pompe; il a communément 3 pouces de

longueur; fa clef, qui eft de cuivre, eft retenue en place par un écrou; elle eft percée perpendiculairement à fon axe & de part en part, pour établir une communication entre le corps de la pompe & le vaiffeau que l'on a placé fur la platine. Cette clef préfente encore un canal oblique qui regne dans fon épaiffeur, depuis fon milieu jufqu'à une de fes extrémités, & qui fert à faire communiquer avec l'air extérieur, foit la capacité de la pompe, foit celle du vaiffeau placé fur la platine. Mon oncle, M. de la Fond, a décrit & fait graver une machine pneumatique de cette efpece dans le premier volume de fa Def cription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique.

[ocr errors]

La premiere expérience qui fe préfente naturellement à faire, avec le fecours de cette machine, prouve incontestablement que l'Air eft pefant.

Si on pofe une cloche de verre, autrement dit un récipient, fur la platine de la machine pneumatique, il n'adhérera pas fenfiblement avec cette platine, par la faifon qu'il renferme une maffe d'air de même denfité que l'air extérieur, & dont le reffort par conféquent contrebalance l'action de l'air qui environne le récipient, comme nous le remarquerons plus particulierement ailleurs.

Mais le piston étant au haut de la pompe, & la clef du robinet tournée de maniere que le trou perpendiculaire à fon axe réponde d'un côté au récipient, & de l'autre côté au corps de pompe, fi on fait defcendre le piston, l'air, renfermé dans le récipient, fe précipite en partie dans le corps de pompe, qui lui préfente alors un efpace vide; fi on interrompt. enfuite la communication du corps de pompe avec le récipient, en ouvrant dans le même tems une autre communication entre le corps de pompe & l'air environnant (la clef du robinet préfente ce double avantage lorsqu'on lui a fait faire un quart de révolution), & qu'après cela on faffe remonter le piston, on parvient, par ce moyen, à expulfer toute la quantité d'air qui avoit paffé dans la pompe. L'air du réci pient ayant perdu de fa denfité en fe dévelop pant, il n'a plus affez de reffort pour contrebalancer l'action de l'air extérieur, & l'excès de preffion de celui-ci fur le récipient se manifefta par l'adhérence que ce dernier contracte avec la platine de la machine.

Cette adhérence étant une fuite de la prépondérance de l'air extérieur, elle doit augmenter & elle augmente en effet à proportion qu'on retire l'eir du récipient; d'où il fuit que, pour amener cette adhérence à fon plus

« AnteriorContinuar »