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Ce fluide, à raifon de fon excès de pesan> teur fur l'air de l'atmosphere, peut demeurer, pendant un certain tems, en contact avec ce dernier, fans s'y mêler & s'y difliper fenfiblement, fur-tout fi l'air fixe eft contenu dans un vase très-étroit: on en aura la preuve, fi on remplit de ce fluide un des vases de l'expérience précédente, & fi l'on y plonge enfuite une lumiere; elle ne s'y éteindra pas feulement une fois, mais cinq à fix fois de fuite; cependant, comme l'air de l'atmosphère fe mêlera peu à peu avec l'air fixe, il faudra chaque fois enfoncer la bougie plus avant.

Lorsqu'on fe fert, dans cette expérience, d'une bougie dont la mêche eft longue & charbonneufe, on peut, après quelques extinctions, donner aux affiftans un fpectacle affez fingulier. La bougie n'a pas plutôt atteint la furface de l'air fixe, que fa flamme fe détache de fon lumignon; cependant celui-ci refte rouge & fumant, parce que l'air fixe qui l'ervironne alors eft déjà mêlé d'air commun. La fumée de ce lumignon n'étant autre chofe qu'une huile effentielle très-exaltée, elle continue de brûler avec flamme, mais feulement à la furface de l'air fixe, en forte qu'en plongeant davantage la bougie, fa flamme peut être féparée de fa mêche par un intervalle affez confidérable

confidérable; & fi alors on fait remonter la bougie dans la direction de fa fumée, dès que la mêche parvient à la furface de l'air fixe, elle reprend fa flamme; elles. fe rejoignent l'une à l'autre, & la bougie continue à brûler dans l'air ordinaire comme avant l'expérience.o

L'air fixe a la propriété de fe combiner avec l'eau ou d'être abforbé par ce liquide en plus! grande quantité que l'air pur; car celui-ci, tenu naturellement en diffolution par l'eau, s'eft préfenté fous le volume d'un pouce cubique, dans l'analyfe que le Docteur Hales a faite de 54 pouces cubiques d'eau de puits, aulieu que l'air fixe, fuivant M. Cavendish, peut fe mêler à l'eau en volume plus qu'égal, la température de l'eau étant à 55 degrés de l'échelle de Farenheit, il prétend même que le volume d'air fixe, abforbé par l'eau, eft d'autant plus grand qu'elle eft plus froide & plus comprimée par le poids de l'atmofphère; nous en faurons la raifon dans un inftant.

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Voici une expérience qui ne laiffe aucun doute, tant fur la diffolubilité de l'air fixe dans l'eau, que fur l'infolubilité de l'air commun dans le même liquide, lorfqu'il en eft faturé,

On prend deux vafes en cristal, l'un cylindrique, d'un pouce ou environ de diamè tre, de 5 à 18 pouces de hauteur, & un

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peu évafé par le bas, pour qu'il puiffe fe tenir facilement fur pied l'autre vafe eft beaucoup plus petit. Le premier de ces vafes eft divifé én trois ou en un plus grand nombre de parties, par des lignes tracées à l'émeril fur le contour de ce vafe & par conféquent permanentes. Chacune de ces parties eft égale à la capacité du petit vase ou la représente exac

tement

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On remplit d'eau le grand vaiffeau, en le plongeant dans celle de la cuve, &, fr les dimensions de cette dernière ne permettent pas qu'il y foit entiérement plonge, on le remplit d'eau à la maniere ordinaire, & lorsqu'il en eft tellement plein que le liquide baigne les Bords de fon orifice, on couvre celui-ci d'une plaque de verre ou d'un morceau de bois travaillé au tour & cogvert de drap. Cela fait, on renverfe le vafe en tenant l'obturateur, c'eft-à-dire le plan de verre ou de bois fortement appliqué contre fes bords, fans quoi l'eau s'épancheroit & Pair en prendroit la place, on plonge enfuite verticalement ce vase dans la cuve, & après l'avoir débouché, on l'amene plein d'eau fur la tablette que nous avons dit être à deux pouces près des bords de la cuve & recouverte par l'eau qu'elle contient; on l'établit au-deffus d'une ouverture circulaire, pratiquée dans Pépaiffeur de cette ta

blette, ouverture qui à environ 6 lignes de diamètre & qui répond à un entonnoir de métal fixé à demeure au-deffous de la tablette, ou pratiqué dans fon épaiffeur, fi elle eft en bois.

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Les chofes étant ainfi difpofées, on plonge dans l'eau de la cuve verticalement, & l'orifice en bas, le petit vafe dont nous avons parlé ; l'eau n'y entre pas, parce qu'il eft plein d'air, on l'engage enfuite dans l'orifice de l'entonnoir, & on l'incline, en obfervant de n'abaiffer fon fond que peu-à-peu, autrement l'air qu'il contient & que l'eau déplace, pourroit s'échapper de deffous l'entonnoir par tout autre endroit que par le trou qui eft destiné à lui donner entrée dans le grand vafe; on le voit alors monter par bulles dans ce vase dont l'eau baiffe à proportion & arrive enfin à la premiere divifion. Or, de ce que l'air commun occupe ici un espace égal à la сараcité du petit vaiffeau qui lui a fervi de mefure, ! on doit en conclure que l'eau, à travers la quelle on l'a fait paffer, eft faturée de ce fluide, ou n'en peut pas diffoudre davantage : on répete enfuite la même expérience avec de l'air fixe, que l'on a en réferve dans un flacon. Pour cet effet, on remplit d'eau le grand vaiffeau, ainfi que fa mefure, & on les établit l'un & l'autre fur la tablette de la cuve; la

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mefure recouvrant alors l'orifice de l'entonnoir, on plonge, dans l'eau de la cuve, le flacon qui contient l'air fixe; on le débouche, en le tenant dans une fituation renversée, & après avoir engagé fon col dans l'entonnoir on l'incline autant qu'il eft néceffaire pour que l'air fixe s'éleve en bulles & vienne remplir le petit vafe qui eft au-deffus de l'entonnoir. Cela fait, on amene ce vafe dans l'eau de la cuve; on met à fa place le grand vafe qui eft plein d'eau, & enfin on fait paffer dans celui-ci l'air fixe qui eft contenu dans le premier; on voit alors l'eau defcendre dans le grand vafe & s'arrêter en deçà de la premiere divifion; il s'en faut même de beaucoup qu'elle y parvienne ce qui prouve que le volume d'air fixe employé a été absorbé en partie par la colonne d'eau à travers laquelle on l'a fait monter. Ce n'eft pas tout, fi on agite, pendant une minute ou environ, le vaiffeau dans lequel l'air fixe & l'eau font en contact, après l'avoir toutefois plongé en partie dans la cuve, on trouve enfuite une plus grande diminution: dans le volume d'air fixe; car l'eau, dans ce cas, eft remontée & parvenue à une petite distance de la voûte du vaiffeau.

L'afcenfion de l'eau dans ce vase, ne permet

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point de douter qu'il ne fe foit fait un vide

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