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en difpofant les matieres de façon qu'elles ne puffent communiquer enfemble qu'après que la bouteille étoit exactement bouchée; il eft parvenu par ce moyen à compofer une eau, non-feulement analogue à celle de Seltz, mais même beaucoup plus chargée d'air : on a vu, en effet, que l'eau naturelle ne contenoit que le cinquième ou environ de fon volume d'air; tandis que M. Venel eft parvenu à en introduire près de moitié dans fon eau fa&tice,

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Hoffman ayant obfervé que les eaux de Troplitz & de Piperine, en Allemagne, ainsi que beaucoup d'autres qui font fpiritueufes ou acidules, ne contiennent abfolument rien de falin il est évident que ces eaux ne font point devenues aérées par les par les moyens employés par M. Venel. Mais, quoique fon procédé, dans bien des cas, ne foit pas celui de la nature, il mé

rite néanmoins toute notre reconnoiffance.

Le travail de M. Venel prouvant, avec la derniere évidence, que les eaux minérales, acidules ou fpiritueufes', ne doivent la plupart de leurs propriétés qu'à de l'air fixe combiné & dans un état de diffolution, on peut, par un moyen plus fimple que celui de ce Chimifte, parvenir à imiter parfaitement ces fortes d'eaux. Il s'agit d'abord de connoître, par l'analyse, la quantité d'air fixe dont elles font impré

gnées, ainfi que la nature des autres principes

& les propor

qu'elles tiennent en diffolution, tions fuivant lefquelles ils font entrés en combinaifon dans ces eaux. Cette connoiffance une fois acquife, on imprégnera d'air fixe, de l'eau ordinaire ou mieux de l'eau diftillée, en fuivant la méthode que nous avons indiquée précédemment, & en obfervant de ne lui en faire abforber qu'une quantité égale à celle que contiendra Peau minérale qu'on aura deffein d'imiter; on lui donnera enfuite à diffoudre les autres fubftances dont cette eau minérale fera naturellement chargée, en ne s'écartant point encore ici des proportions indiquées par l'analyfe: cela fait, on aura une eau minérale fac tice, pourvue des mêmes propriétés que l'efpece d'eau minérale qu'on s'étoit propofé d'imiter.

Ce travail, bien digne de l'attention des Médecins, épargneroit fouvent les fatigues & les dépenfes d'un long voyage à ceux que leurs infirmités obligent de fe tranfporter à des diftances immenfes, pour fe, procurer les fecours dont ils ont befoin; il préfenteroit à ceux qui fe trouvent dans l'impoffibilité d'aller boire les eaux minérales acidules à leur fource, des eaux de la même efpece préférables à celles qu'on peut en faire venir: fouvent détériorées dans le tranfport,

transport, quelques fois dénaturées par le tems, elles n'ont plus la même vertu.; celles qu'on fabriqueroit fur le champ & à proportion de la confommation, produiroient des effets plus prompts & plus actifs. Il y a plus, ces eaux minérales factices pourroient acquérir, entre les mains de celui qui les fabriqueroit, beaucoup plus d'énergie; il est prouvé, par l'analyse des eaux minérales aérées naturelles, qu'elles ne contiennent qu'un cinquième ou un quart, tout au plus, de leur volume d'air fixe. Or, l'expérience démontre qu'une masse donnée d'eau peut abforber plus que fon volume d'air fixe; & nous verrons bientôt, que, l'eau imprégnée de cette efpece de fluide aériforme, a la propriété de diffoudre le fer qu'elle devient chalibée ou ferrugineufe, & peut, par cette raifon, remplir les mêmes indications que les eaux minérales naturellement chargées d'air fixe & de fer, telles que de Forges, celles de Paffy, proche Paris, &c. Ainfi, l'on pourroit non-feulement fe procurer une eau fimplement aérée, ou encore une eau qui tiendroit en diffolution l'efpece de fel qui réfulte de l'union de l'air fixe avec la terre du fer, & auquel le nom de craie de fer convient affez; mais, l'une ou l'autre efpece d'eau minérale factice, pourroit contenir une quan

R

les eaux

tité d'air fixe ou de craie de fer plus confidérable que celle que la nature emploie dans la préparation des eaux minérales de la même efpece, & par conféquent avoir une action plus prompte & plus marquée dans l'écono

mie animale.

pro

La préparation des eaux minérales acidules & ferrugineufes auroit un autre avantage, ce feroit de les rendre appropriées aux indications qu'on voudroit remplir, en ne faifant entrer en combinaifon, dans ces eaux, que les fubftances qui pourroient les rendre pres à telle ou telle efpece de maladies; par ce moyen, on fe mettroit en garde contre les inconvéniens qu'occafionne fouvent la multiplicité des principes, dans les eaux minéra les médicinales. Nous ne pouvons donc trop engager ceux qui s'occupent de l'art de guérir à prefcrire l'ufagé des eaux minérales factices, & à n'indiquer les naturelles qu'à ceux de leurs malades qui font én état de les aller prendre à la fource.

Nous devons à M. Lane, la découverte d'une propriété que l'on reconnoît à l'eau imprégnée d'air fixe; c'eft celle qu'elle a de diffoudre le fer & d'acquérir, par fon moyen, une odeur & une faveur vineufe, & toutes les autres propriétés qui caractérisent les eaux minérales

chalibées ou ferrées, ferrées, c'eft-à-dire celles dans lefquelles le fer eft combiné avec l'air fixe. Ainfi, de l'eau faturée de ce fluide aériforme qu'on laiffe repofer pendant quelque tems fur du fer réduit en limaille, devient chalibée & de l'efpece la plus douce & la plus agréable. en arrive de même lorfqu'elle féjourne fur quelques mines de fer, ainfi que M. Rouelle l'a obfervé (1); il eft probable que ce dernier moyen eft celui

il en

communém que la nature emploie le plus

communément pour la préparation des caux ferrugineufes, attendu que le fer, dans le fein de la terre, fe trouve rarement pourvu de phlogiftique ou dans l'état métallique,

Le fer fe manifefte, dans les eaux minérales

factices, ainfi dans les naturelles, par la

que

t

noix de galle, qui occafionne toujours une teinte de noir proportionnée à la quantité de fer qu'elles contiennent; on peut l'employer indifféremment en poudre ou en infufion.

Les eaux chalibées, foit naturelles, foit artificielles, abandonnent le fer qu'elles tiennent en diffolution lorfqu'elles demeurent quelque tems expofées au contact de l'air, & elles le dépofent d'autant plus promptement que la

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(1) M. Lavoifier, Opufcules phyfiques & chimiques. tom. I. pag. 156.

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