Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que

température de l'atmosphère eft plus chaude; la raifon en eft l'air fixe, par , par le moyen duquel le fer eft diffous & fufpendu dans ces éaux, s'en échappe dans cette circonftance, à cause de sa grande volatilité.

Le fer n'eft pas la feule fubftance que l'air fixe peut rendre diffoluble dans l'eau. Ce fluido a le même pouvoir fur la terre calcaire & fur la magnéfie, fi abondantes dans les eaux minérales gaseuses ou aérées de plufieurs fources. M. Cavendish, à qui nous fommes redevables de cette obfervation, a auffi découvert que l'air fixe, après avoir précipité l'eau de chaux, a la finguliere propriété de rediffoudre le précipité qu'il a formé (1).

L'eau de chaux n'eft autre chofe que de l'eau dans laquelle on a éteint de la pierre à chaux, c'eft-à-dire de la terre calcaire dépouillée de fon air fixe, & calcinée par un feu violent & longtems continué. Cette eau tient en diffolution parfaite, une plus ou moins grande quantité de pierre ou de terre de chaux; elle en a les propriétés, telles que la faveur & la caufticité; mais elle les perd dès que cette terre s'en fépare, & c'eft ce qui arrive toutes les fois qu'on introduit, dans cette eau, de

(1) Tranfact. philofoph. années 1766 & 1767.

Pair fixe, ou qu'on ymêle de l'eau imprégnée de ce fluide aériforme; on voit auffi-tôt l'eau de chaux fe troubler; elle devient louche & laiteufe, & laiffe dépofer fous la forme d'une poudre blanche, toute la terre de chaux qu'elle tenoit en diffolution. Dès-lors, fi l'on a ajouté la quantité d'air fixe qui convient pour la faturation respective des deux fubftances, car l'air fixe s'unit ici avec la chaux; l'eau, dans laquelle cette terre étoit tenue en diffolution, a perdu toute fa faveur & fa caufticité, ce n'eft plus de l'eau de chaux; ce n'est pas non plus de l'eau acidule, parce que tout l'air fixe s'eft combiné avec la chaux, qui préfente alors les mêmes propriétés que la terre calcaire non calcinée, c'eft-à-dire que cette chaux', ainfi faturée d'air fixe, eft infipide, indiffoluble dans l'eau, & de plus fufceptible de s'unir, de faire effervefcence avec les acides, & de reprendre les qualités de chaux-vive une nouvelle calcination.

par

Or, l'air fixe, après avoir précipité en terre calcaire la chaux tenue en diffolution par l'eau, en devient lui-même le diffolvant, fi la quantité ajoutée de ce fluide eft plus que fuffifante pour la faturation ou la converfion de la chaux en terre calcaire, c'eft-à-dire que l'air fixe furabondant étant abforbé par Peau dans laquelle

la chaux étoit diffoute, cette eau peut alors rediffoudre le précipité calcaire qui la rend trouble, & reprendre ainfi fa premiere transparence,

Il peut paroître extraordinaire que l'air fixe ait la double propriété de décompofer l'eau de chaux & de rediffoudre le précipité auquel il a donné lieu; mais le fait eft inconteftable: ce phénomène eft d'ailleurs analogue à d'autres faits chimiques bien connus; car, plufieurs des précipités, formés par l'addition des alkalis aux folutions des métaux dans les acides, peuvent être rediffous par une nouvelle addition de l'alkali précipitant.

[ocr errors]

L'air fixe paroît jouir également d'une affinité très-grande avec les fubftances falines alkalines; il s'unit promptement aux alkalis fixes & volatils cauftiques, c'est-à-dire ceux qui font dans le même cas que la chaux parfaitement calcinée, ayant été dépouillés de tout l'air fixe qui leur étoit uni, foit par une longue calcination, foit par le moyen de la chauxvive elle-même; car l'air fixe a plus d'affinité avec cette terre qu'avec les alkalis fixes & volatils. L'air fixe, en s'uniffant à ces fubftances rendues cauftiques, diminue leur faveur ardente & leur grande diffolubilité; il les rend douces, crif tallifables & effervefcentes; car la propriété de faire effervefcence avec les acides, n'appar tient point aux alkalis purs, comme on l'a tou

:

:

[ocr errors]

jours pensé, mais aux fels neutres, & elle eft toujours produite par le dégagement d'un fluide élaftique quelconque ainfi le fel marin fair une vive effervefcence avec l'huile de vitriol, parce que ce fel neutre, en fe décompofant, laiffe échapper fon acide dans l'érat aériforme de même que la craie & les alkalis fixes & volatils non cauftiques abandonnent l'air fixe qu'ils contiennent, en s'uniffant avec effervefcence à l'huile de vitriol ou toute autre efpece d'acide.

L'air fixe altere, d'une maniere fenfible, plufieurs teintures bleues & violettes végétales, foit qu'on l'emploie feul ou déjà combiné avec l'eau, il fe comporte, avec ces liqueurs colorées, comme tous les acides connus, c'eftdire qu'il fait difparoître la couleur, fous laquelle elles fe préfentent naturellement, en les faifant reparoître fous une autre, qui eft la couleur rouge. Les teintures de mauves & de tournefol, font celles fur lefquelles l'air fixe paroît avoir le plus d'action.

Ce fluide enfin, qui differe de l'air proprement dit, par toutes les propriétés que nous venons de lui affigner, & qui fe rapproche en cela de tous les acides connus, n'eft effectivement lui-même qu'un acide particulier, un acide fui generis, diftingué de tous les autres par des propriétés qui le caractérisent; c'eft

une vérité d'expérience & d'obfervation, qui n'eft plus aujourd'hui attaquée que par un trèspetit nombre de Phyficiens.

Le caractere acide de l'air fixe, joint à sa grande volatilité ou à fon état aériforme fait que ce fluide jouit d'une qualité bien précieuse pour l'humanité fouffrante; il eft antiputride ou anti-feptique, & il nous fournit par conféquent un remede efficace dans les maladies putrides qui paroiffent provenir de l'alkalefcence des humeurs, & dans lesquelles on emploie, depuis long-tems, avec avantage, les eaux ininérales gafeufes ou aérées. Pour affurer à l'air fixe cette derniere propriété, nous pourrions raffembler ici une fuite d'obfervations fur les bons effets que l'on a vu produire à l'air fixe, lorfqu'on l'a adminiftré comme remede dans plufieurs maladies putrides, telles que les fièvres malignes ou inflammatoires, l'ulcération des poumons, le cancer, le fcorbut, & autres maladies des gens de mer, qu'on regarde comme tendant plus ou moins à la putridité; mais, comme ces obfervations font étrangeres à notre objet, qui eft d'affigner feulement les caracteres qui diftinguent l'air fixe de l'air proprement dit, nous nous contenterons d'indiquer une expérience du célebre Macbride, par laquelle ce

« AnteriorContinuar »