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Phyficien & plufieurs autres ont reconnu le pouvoir anti-feptique de l'air fixe.

Si l'on renferme, dans une atmosphère de ce fluide, des matieres animales, telles que des chairs corrompues ou putréfiées, ce fluide n'étant point de l'air, mais un acide volatil, & par conféquent très-pénétrant, il n'arrêtera pas feulement la putréfaction dans l'état où elle se trouvera alors; il fe combinera encore avec les principes alkalefcens auxquels elle aura déjà donné naiffance; il les faturera & émouffera en quelque forte leur caufticité; de-là, les chairs corrompues perdront, en quelques heures, leur fanie & leur mauvaise odeur, & la lividité de ces chairs fera changée en une couleur vermeille; il ne faut cependant pas croire comme l'a pensé l'auteur de cette expérience, que l'air fixe faffe rétrograder la putréfaction, & que des chairs totalement putréfiées, puisfent être ramenées par le moyen de ce fluide à leur premiere fraîcheur. Ce feroit lui fuppofer le pouvoir de reproduire & recombiner des principes que la putréfaction a défunis féparés & fait difparoître, & l'air fixe n'a' certainement pas la vertu de rétablir ainfi ce que la putréfaction a détruit. Si des chairs putrides, que l'on expofe à l'action de cette fubftance aériforme, éprouvent l'efpece de mé

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tamorphofe dont nous avons parlé, c'e qu'alors une partie plus ou moins grande de ces chairs n'a point encore fubi la putréfaction; celle-ci ayant été fupprimée par le contact de l'air fixe, ce qui refte des chairs doit paroître dans le même état qu'avant la putréfaction; il fuffit que cette fubftance aériforme ait la propriété d'émouffer la caufticité des principes alkalefcens exhaltés par la putréfaction des chairs mortes, & de s'opposer en même tems à la décompofition totale de ces chairs, pour qu'on puiffe efpérer le plus grand fuccès de l'application qu'on peut en faire à un corps animé, atteint de putridité, dans lequel la nature, le vis vitæ, eft continuellement en action, lutte contre la maladie & tend à réparer fes ravages; on affure, d'ailleurs, que les Indiens enterrent, dans un terreau frais, & jufqu'au menton, ceux qui ont le corps ulcéré, ou qui font attaqués d'autres maladies du même genre; on fait que le terreau eft très-propre pour conferver les chairs qui commencent à fe putréfier & les rétablir en quelque forte; fi on retire réellement quelqu'avantage de cette méthode, n'eft-il pas dû, pour la plus grande partie, à l'air fixe qui pénetre les pores de la peau? De même, fuivre la charrue eft un ancien remede ordonné

pour

la

confomption, ainfi que demeurer près des fours à chaux. Les anciens ufages n'exiftent jamais fans quelques motifs; ce n'eft qu'avec le tems qu'on parvient à les découvrir, & à en donner une raison fatisfaifante. Le Docteur Priestley, de qui nous empruntons ces obfervations, les fait précéder de plufieurs autres relatives au même objet; celles-ci, qui ne datent que depuis le tems où ce célebre Phyficien s'eft occupé de l'air fixe, affurent également le pouvoir anti-putride de cette fubftance; il en eft de même de plufieurs autres obfervations plus récentes encore, répandues dans différens ouvrages, parmi lesquels nous diftinguerons le Journal de Phyfique; elles prouvent toutes que l'air fixe peut être administré avantageusement dans plufieurs maladies putrides, foit en boiffon, foit en lavement, par infpiration ou de toute autre maniere indiquée par l'état du malade.

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CHAPITRE II.

De l'Air inflammable.

ON appelle air inflammable, une efpece par

ticuliere de fubftance aériforme qui a la propriété de s'enflammer & de brûler, quelque fois lentement & fans bruit, & d'autres fois inftantanément & avec une explosion trèsforte; ce qui dépend de plufieurs caufes que nous ferons bientôt connoître.

L'air inflammable eft produit dans l'analyse & la combinaifon d'un grand nombre de fubftances différentes, appartenant aux trois regnes de la Nature.

Toutes les matieres végétales combustibles; tous les produits des végétaux qui ont la même propriété, donnent de l'air inflammable, lorfqu'ils éprouvent l'action du feu dans des vaiffeaux diftillatoires. On en obtient ainfi des bois réfineux, tels que ceux du gaïac & du pin, des baumes, des réfines, des huiles graffes, des huiles effentielles & volatiles des plantes, de même que des liqueurs fpiritueufes & inflammables; telles que l'efprit-de-vin & les différentes efpeces d'éther que l'on obtient en combinant l'efprit

de-vin lui-même avec les acides vitriolique, nitreux, marin & acéreux. Ces liqueurs éthérées, qui paroiffent fe réduire totalement en air inflammable lorfqu'elle font échauffées, éprouvent la même métamorphofe par le fecours de la feule chaleur de l'atmosphère; c'eft ce qui arrive encore à l'éther vitriolique, pris au terme de la glace ou de zéro du thermomètre de M. de Réaumur, fi on le renferme fous le récipient de la machine pneumatique; cette liqueur y entre en expanfion & fe convertit en un fluide invifible, lorfque l'air qui la preffe eft réduit au quart à peu-près de fa denfité moyenne. L'efprit-de-vin, pris à la même température, préfente un femblable phénomène; mais il faut, pour cela, que l'air du récipient foit raréfié au point de ne pouvoir plus foutenir que fept lignes de mercure dans le baromètre. Enfin, toutes les huiles végétales, mais particuliérement celles qui font très-volatiles, peuvent également fe convertir en air inflammable par un femblable moyen; d'où il paroît que, pour détruire l'agrégation de plufieurs fubftances & leur faire prendre la forme de l'air, il fuffiroit de les fouftraire à la preffion du fluide ambiant: c'eft dans cette vue que deux célebres Phyficiens, MM. Lavoifier & de la Place, ont fait un grand nombre

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