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l'épaiffeur de la tablette de la cuve; on l'y verra monter à travers l'eau fous forme de bulles, & faire baiffer celle-ci de plus en plus; c'est ainsi qu'on pourra fe procurer une trèsgrande quantité d'air inflammable, en procé dant de la maniere qu'on le fait pour l'air fixe, les matieres feules dont on retire ces deux flui des étant différentes.

L'air inflammable differe de l'air proprement dit, ainfi que de l'air fixe, par fon odeur, fa légéreté fpécifique & fon inflammabilité qualités qui varient fuivant la nature des corps dont on le retire; il differe encore du premier, en ce qu'il ne peut fervir ni à la refpition, du moins pour la plupart des animaux, ni à la combustion, quoiqu'il foit très-combuf tible.

Les quadrupedes & les oifeaux, mais furtout ces derniers, périffent très-promptement dans l'air inflammable, & leur mort y eft précédée de convulfions comme dans l'air fixe; il y a cependant des animaux qui résistent à l'action délétere de l'air inflammable, de même qu'à celle de l'air fixe, ce font les amphibies & les infectes. Les grenouilles, par exemple, que l'on range dans la premiere claffe, peuvent vivre très-long-tems dans l'air inflammable; habituées à vivre dans les marais & dans

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les foffés, du fond defquels il fe dégage beaucoup d'air inflammable, ces animaux paroiffent accoutumés à l'impreffion de ce fluide & femblent le refpirer auffi facilement que l'air atmosphérique. Les guêpes, qui font une efpece d'infectes, fe trouvent à peu-près dans le même cas. M. Priestley, en ayant mis deux dans l'air inflammable, elles cefferent bientôt de fe mouvoir; on les auroit prifes pour mortes; mais, remifes dans l'air commun, elles revinrent à la vie après une demi-heure, & parurent auffi bien portantes qu'auparavant, & cependant une de ces guêpes étoit demeurée une heure entiere dans l'air inflammable.

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Il feroit naturel de penfer que ce fluide nuiroit à l'accroiffement des végétaux, & fe rapprocheroit encore par-là de l'air fixe; cependant il paroît, par une expérience de M. Priestley, continuée pendant plufieurs mois, que les plantes végetent & croiffent très-bien dans l'air inflammable; cette expérience a été faite fur celui tiré du zinc, & fur un fluide de même espece dégagé du bois de chêne.

Non-feulement Pair inflammable ne peut entretenir, dans la plupart des animaux, le jeu de la refpiration, & paroît leur être plus funefte que l'air fixe; mais, de même que ce dernier, il n'a point la propriété de favorifer

la combuftion des autres: corps combustibles;

car,

fi l'on met, fous un récipient plein d'air inflammable, un corps combuftible, & que l'on faffe tomber fur celui-ci le foyer d'un verre ardent, ce corps, quoique fortement chauffé, ne brûlera point.

L'air inflammable eft une des fubftances les plus combustibles de la nature; ni les huiles I les plus ténues, ni l'efprit-de-vin le plus rectifié, ni l'éther, ni le foufre, ni le camphre, ni la poudre à canon, n'égalent l'air inflammable dans la promptitude & la facilité avec laquelle il s'allume; mais fon inflammabilité fuit la même loi que celle de tous les autres corps de la même efpece; comme eux, il ne peut brûler fans le concours & le contact de l'air pur & refpirable. M. Priefiley a fait paffer de l'air inflammable à travers un canon de fufil rougi au feu, fans qu'il se foit allumé; il a pris de la poudre à canon, qui a la propriété de brûler dans les vaiffeaux clos; il l'a fait détonner dans l'air inflammable, fans qu'aucune des parties de ce fluide fe foit enflammée.

L'air inflammable eft-il en contact avec l'air refpirable? il brûle alors, avec une flamme plus ou moins rouge, s'il eft bien pur; & jaune ou bleue, s'il eft uni à quelque substance aériforme capable de modifier fes

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propriétés, tels que l'air fixe, l'air nitreux, &c. La combuftion de ce fluide eft d'autant plus prompte, & la chaleur & la chaleur qu'elle produit eft d'autant plus vive, que la quantité d'air pur qui l'environne approche davantage de celle qui eft néceffaire pour fon entiere déflagration, & l'on conçoit que cette quantité doit varier relativement à la pureté de ces deux fluides.

>Lorfque l'air inflammable n'a qu'un léger contact avec le fluide atmofphérique, il s'enflamme fans produire d'explosion fenfible, & ne brûle que lentement & à fa furface; c'eft cainfi qu'on le voit brûler dans une bouteille qui en eft entiérement remplie, & à l'orifice de laquelle on préfente une lumiere; mais il faut, pour cela, que le goulot de la bouteille foit très-étroit, autrement l'air commun, qui y penetre à caufe de fa plus grande pefanteur, fe méleroit en un moment avec toute la maffe du fluide inflammable; & celle-ci, aulieu de -brûler couche par couche, lentement & fans bruit, s'enflammeroit & brûleroit inftantanément > en produifant une explofion, moins vive cependant que celle qui réfulteroit de l'inflammation du même fluide, s'il avoit été préalablement mêlé d'une quantité d'air fuffifante pour fon entiere combuftion. Cette quantité

eft, fuivant la remarque de M. Priestley, de deux parties d'air commun contre une d'air inflammable; l'on peut faire un femblable mélange dans une bouteille à col étroit, en y faifant paffer les deux fluides l'un après l'au tre, cette bouteille étant pleine d'eau & renvers fée fur la tablette de l'appareil hydro-pneumati

que.

Si l'on présente enfuite une bougie à l'orifice de la bouteille, le mélange s'enflamme & brûle rapidement; mais la détonation qu'il produit feroit beaucoup plus bruyante, fifa combuftion fe faifoit dans un vafe dont l'orifice, très-étroit, feroit fermé, à l'aide d'un bouchon de liége, & dans lequel on dirigeroit une étincelle électrique pour enflammer le mélange des deux fluides qu'on y auroit renfermé. Non-feulement l'explosion feroit confidérable, mais le bouchon feroit encore chaffé avec force & lancé à une très-grande diftance, à moins que quelque corps ne s'opposât à fon paffage.

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Nous obferverons qu'un vaiffeau de verre pourroit fe brifer dans cette opération, ainsi qu'il eft arrivé plus d'une fois, & que, pour prévenir tout danger, on doit fe fervir d'un vafe en cuivre ou en fer-blanc, armé, comme le premier, d'une conduite métallique, au moyen de laquelle. une étincelle électrique,

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