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haut point, il faudroit faire un vide parfait. dans le récipient; mais cela n'eft pas poffible, par la raifon que l'air eft un fluide expanfible, qui s'étend ou fe raréfie en proportion des capacités qu'on lui préfente, & dont l'expulfion par conféquent ne peut fe faire qu'en progreffion géométrique; c'eft-à-dire que fi les deux capacités dont il eft ici queftion, celle de la pompe & celle du récipient, font par exemple égales entr'elles, la maffe d'air comprise fous le récipient, fe diftribuera également entre ces deux capacités de forte que ce qui reftera d'air dans le récipient, après le premier coup de pifton, ne fera plus que la moitié de la premiere maffe d'air; mais cette moitié qui occupera, comme le tout, la capacité entiere du récipient, & cela par une fuite néceffaire de fon expanfibilité, n'aura point perdu cette propriété en fe raréfiant, elle la mettra de nouveau en jeu, fi on fait defcendre une feconde fois le pifton; par conféquent, le même rapport fubfiftant, on ne retirera, au deuxieme coup de pifton, que la moitié de cette derniere maffe d'air, ce qui ne fait que le quart de la premiere. Il ne reftera donc plus fous le récipient qu'un quart de la maffe d'air qu'il renfermoit avant la premiere éva

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cuation, par la même raison un troifieme coup de piston enlévera feulement la moitié du quart ou un huitieme de la maffe totale, qu'un quatrieme coup de pifton réduira à un feizieme & ainfi de fuite; de forte qu'on ne pourra parvenir à expulfer parfaitement l'air du récipient. i Cette expulfion ou raréfraction de l'air ne fe faifant que felon la progreffion géométrique, 16:1:4: &c. il faudroit un nombre infini de coups de pifton pour faire le vide dans le récipient, puisqu'on démontre que la progreffion que nous venons d'indiquer doit aller jusqu'à l'infini pour que la fomme de tous fes termes devienne égale à l'unité.

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I

L'adhérence qu'on remarque entre la platine de la machine pneumatique & une cloche de cristal, de laquelle on a pompé l'air étant produite par la preffion de l'air environnant, ce vase très-fragile ne réfifteroit point à cette action de l'air s'il n'étoit arrondi uniformément, fi fes parties ne reffembloient à celles dont on fait les voûtes; on doit en effet les confidérer comme autant de petits coins ou de pyramides tronquées qui fe foutiennent mutuellement à mesure qu'ils font preffés par l'action de l'air : l'expérience vient à l'appui de cette obfervation.

Si on pompe l'air d'un vaifleau qui ait pour fond un morceau de veffie, qu'on aura étendue & liée très-exactement fur ce vafe, la preffion qu'exercera l'air extérieur fur cette veffie, à proportion de la raréfaction de l'air intérieur, lui fera prendre la forme d'une calotte renversée, dont les dimenfions augmenteront de plus en plus; & enfin la vessie crêvera avec éclat, en fuppofant qu'elle foit trèsfeche & un peu mince.

Un carreau de verre, mis à la place de la veffie, se briseroit de même, s'il étoit appliqué exactement fur les bords du vaiffeau, de maniere que l'air ne pût fe faire jour par la jonction.

Il en feroit encore de même d'une bouteille de verre mince & applatie, que l'on foumertroit à la même épreuve; les côtés plats de cette bouteille feroient pouffés l'un vers l'autre par l'action de l'air extérieur; elle fe briferoit avec éclat, & fe réduiroit en pouffiere.

Nous obferverons ici, en faveur de ceux qui voudroient répéter ces deux dernieres expériences, que, quoiqu'il foit poffible de fe garantir des éclats du verre en recouvrant l'un & l'autre appareil d'une ferviette, on peut cependant se dispenser de les faire ; le fuccès en étant

affuré, & par celle de la veffie & par ce qui arrive affez souvent aux petites bouteilles de verre minces & applaties, lorfqu'à demi-pleines de liqueur, on les porte à la bouche pour boire à même : la fuccion raréfiant l'air intérieur, l'air extérieur devient prépondérant & réduit la bouteille en éclats.

Le bruit qui accompagne ces fortes d'expériences, & fur-tout celle de la veffie, vient de la promptitude avec laquelle l'air fe porte dans un vaiffeau vide dont il frappe les parois.

Un phénomène se préfente ici à expliquer : c'eft celui des larmes Bataviques, appelées ainfi, , parce que c'est un Ouvrier Hollandois, en latin Batavus, qui en a fait la découverte. Cet Ouvrier, ayant laiffé tomber un peu de verre fondu dans l'eau froide, il fe forma une larme de verre; en examinant cette larme, il vit avec surprise qu'elle réfiftoit aux coups redoublés d'un marteau, donnés fur fa partie la plus groffiere; cependant cette lame se brisa avec bruit & fe réduifit en pouffiere lorsqu'il en rompit le petit bout; ce qui le furprit bien davantage. Enchanté de cette merveille, il fit plufieurs larmes femblables qu'il montra à quelques Phyficiens; mais fans leur dire de quelle

maniere il les avoit formées. Rohault fut le premier en France qui découvrit le fecret, & qui voulut expliquer le phénomène.

Selon ce Phyficien, la larme de verre en fusion eft faisie extérieurement par la fraîcheur de l'eau dans laquelle elle tombe, & ce faififfement refferre tellement les pores de la furface de la larme, que fa partie intérieure eft encore toute rouge quand l'extérieure eft refroidie; les parties du dedans venant enfuite à fe refroidir ou à fe condenfer, elles perdent de leur volume & abandonnent par conféquent une partie de l'espace qu'elles occupent; il se fait donc un vide au milieu de la larme, qu'on apperçoit par la matiere fubtile qui le remplit. De-là, quand on caffe la pointe de la larme, la matiere fubtile, qui eft refferrée dans cet efpace, cherche à s'échapper par les pores de la masse vitreufe, qui fe terminent en pointe à la furface; mais elle eft repouffée par la matiere fubtile environnante; il fe forme un choc, & ces matieres étant en action, fe font paffage à travers les pores de la larme qu'elles réduisent en pouffiere.

Peu fatisfait de cette explication, le célebre Mariotte (1) prétend que la larme se brise

(1) Second Effai de la nature de l'Air.

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