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produite au-dehors, puiffe être tranfmife au-
dedans du vafe & éclater au milieu de la maffe
du fluide inflammable. Cette étincelle, quel-
que foible qu'on la fuppofe, fuffira pour l'en-
flammer & la faire détonner, autrement le
mélange des deux fluides n'aura pas été fait
fuivant la proportion indiquée; ou bien en-
core on n'aura point employé, pour cette ex-
périence, l'air inflammable des diffolutions
métalliques; mais celui des marais, ou celui
tiré des fubftances animales ou végétales par
la diftillation ou de quelqu'autre maniere. Or,
cette efpece d'air inflammable, ne brûlera en
entier & ne donnerä l'explosion la plus forte,
qu'autant qu'il fera mêlé à douze fois fon
volume d'air commun (1); il eft probable
que cet air inflammable n'exige, pour fon en-
tiere combuftion, une auffi grande quantité
d'air,
, que parce qu'il eft combiné ou fimple-
ment mêlé avec l'air fixe ou toute autre ma-
tiere aériforme, qui n'a, ni la propriété de
brûler comme l'air inflammable, ni' celle de
fervir à la combuftion comme Pair propre-
ment dit, & dont la présence, par confé-
quent, doit diminuer la quantité ou le volume

(1) Lettre de M. Alexandre Volta, far l'air inflammable des marais, feconde lettre, pag. 22 & 23..

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d'air inflammable, difpofé à l'inflammation par fon mélange avec le fluide atmosphérique; on peut, par le moyen de l'eau de chaux & des alkalis cauftiques, dépouiller d'air fixe & amener à l'état d'air inflammable pur, celui que l'on obtient de la diftillation des matieres végétales & animales, du bleu de Pruffe, de la réduction des fleurs de zinc par le charbon, & dans plufieurs autres opérations chimiques; on parvient également, & de la même maniere, à purifier l'air inflammable des marais; c'est ainfi qu'on appelle celui qui fe produit dans ces fortes d'endroits, ainfi que dans les étangs, les foffés, les marres & les eaux courantes. Ces airs inflammables qui, dans les mêmes circonftances que ceux des diffolutions métalliques, fe comportent bien différemment, produifent les mêmes effets lorfque, par le lavage dans l'eau de chaux ou les alkalis cauftiques, ils ont été purifiés.

Quoique le bruit & l'impétuofité avec lefquels fe fait la déflagration de l'air inflammable pur, mêlé avec le double de fon volume d'air commun, foient très-considérables, furtout lorfque cette inflammation fe fait dans les vaiffeaux clos; néanmoins, comme le fluide atmosphérique n'eft qu'un mélange d'air pur & de matieres aériformes, qui ne peuyent, comme lui, fervir à la refpiration & à la

combuftion; il s'enfuit que la quantité déterminée d'air commun, que l'on emploie pour faire brûler & détonner l'air inflammable, ne concourt point en entier à l'inflammation de ce fluide, & que, la portion d'air pur que contient le premier, eft la feule qui ferve à cette inflammation: mais l'air déphlogistiqué de M. Prieflley, que l'on peut fe procurer par un grand nombre de moyens différens, que nous ferons bientôt connoître, eft beaucoup plus pur que le fluide atmosphérique; il contient, fous le même volume, beaucoup plus de parties de véritable air favorable à la combuftion. Or, cet air très-pur, mêlé fèulement à la dofe d'un tiers à l'air inflammable, le fait brûler en entier avec une explosion des plus fortes, accompagnée d'un bruit & d'une chaleur étonnante. La détonation que produit ici l'air inflammable, eft, fuivant M. Prieffley, quarante ou cinquante fois plus confidérable que celle qui réfulte de l'inflamma-, tion du même fluide, mêlé, en même quantité & dans le même vaiffeau, avec deux parties d'air commun. Nous remarquerons encore, avec M. Macquer, que l'explosion, par le mélange de l'air très-pur, eft fi forte, qu'il feroit très-imprudent de la tenter fur des quantités d'air inflammable un peu con

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fidérables, & qu'on ne peut guere paffer fans rifque le volume d'une chopine de ce mélange: à en juger par les effets d'une auffi tite quantité, fi l'on faifoit l'expérience fur 12 ou 15 pintes, la détonation feroit au moins égale à celle d'une groffe piece d'artille rie; & il faudroit, pour y refifter, des vaiffeaux de fer ou d'airain, de même force que les canons & les mortiers.

L'air inflammable étant mêlé ou fimplement en contact avec l'air commun, peut s'allumer, non-feulement à la flamme d'une bougie & par le moyen de l'électricité, mais il s'enflamme encore très-bien lorfqu'on lui préfente un charbon ardent & qu'on excite celui-ci en le foufflant; un fer rougi à blanc l'enflamme également enfin les étincelles qu'on fait naître en frappant, avec le briquet, une pierre à fufil,

& que l'on fait tomber en pluie au-deffus d'un vafe rempli d'air inflammable, allument auffi ce fluide. N'y auroit-il que ces moyens de l'enflammer, mais il en exifte un grand nonbre d'autres, il fuffit qu'ils n'aient pas toujours prise fur les corps combuftibles pour en conclure que l'air inflammable occupe le premier rang parmi ces corps.

Lorsqu'on fait brûler l'air inflammable, avec

le fimple contact de l'air commun, dans un vaiffeau cylindrique. de verre d'un petit diamètre, & que l'on y plonge, par le moyen d'un fil de métal, un bout de bougie allumée, celle-ci s'éteint, fur-tout fi on la plonge un peu avant dans le vase, tandis que l'air inflammable continue à brûler fur l'orifice, & que fa flamme s'avance peu-à-peu vers le fond; en relevant la bougie, elle fe rallume dès qu'elle revient en contact avec la flamme. Un corps enflammé que l'on approche de la furface de Pefprit-de-vin ou de toute autre liqueur inflammable, l'allume & s'y éteint de même lorfqu'on l'y plonge. Ainfi, l'air inflammable, non-feulement differe, à plufieurs égards, du véritable air, mais cette matiere, tout à la fois aériforme & inflammable, ne paroît pas même contenir de l'air refpirable, puisqu'elle ne peut fervir à la combuftion d'aucun corps, & qu'elle ne s'enflamme & ne brûle ellemême qu'avec le contact de l'air proprement

dit.

Nous avons obfervé, & l'expérience prouve manifeftement, que l'air inflammable, étant mêlé d'air pur ou déphlogistiqué, produit, en s'enflammant, une explofion beaucoup plus vive que lorfqu'on le fait brûler avec le fluide

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