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mais le dernier étoit un peu moins inflam

mable.

Depuis que l'art s'eft exercé à produire l'air inflammable & à rendre fenfible plufieurs de fes propriétés, & principalement fon inflammabilité, les Phyficiens & les NaturalistesChimiftes ne font plus embarraffés dans l'explication d'un grand nombre de phénomènes naturels, décrits avec tant d'emphase par ceux qui les ont précédés; tel eft le feu Brifou, développé & entretenu par des vapeurs combuf tibles déléteres & légeres qui fe dégagent des mines métalliques, des carrieres de charbon de terre, & de celles de fel gemme & qui s'allument aux lampes des Mineurs avec une explosion plus ou moins forte & fouvent meurtriere; telles font auffi les mouffettes inflam mables de certaines grottes, de certaines eaux courantes ou ftagnantes, qui prennent feu à l'approche d'une flamme étrangere, comme celle d'une bougie ou d'une torche de paille, & qui brûlent le plus fouvent fans bruit & avec une flamme bleuâtre, dont l'étendue & la durée varie fuivant la quantité de vapeurs combustibles qui l'entretiennent. L'eau de la Tamife en Angleterre, gardée dans des tonneaux à bords des vaiffeaux & fuffifamment de tems pour être corrompue, s'enflamme lorf

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qu'on préfente une lumiere fort près de la bonde, tout récemment ouverte (1); tels font les feuxfollets, ces flammes errantes plus ou moins étendues, plus ou moins nombreuses, qui naiffent & difparoiffent fpontanément, & que l'on voit flotter dans l'air, à de diftance de la terre, dans les endroits marécageux, dans les cimetieres, près des gibets, des fumiers, &c.

peu

Tous ces phénomènes, & beaucoup d'autres du même genre, font aujourd'hui attribués au dégagement fpontané de l'air inflammable & à fa déflagration plus ou moins vive ; on eft d'autant mieux fondé à n'en point reconnoître d'autre caufe, que par-tout & dans les circonftances où ils fe préfentent, il y a toujours des décompofitions, foit de matieres minérales, foit de matieres organiques, végétales ou animales combuftibles; &, dans ces décompofitions opérées naturellement, il doit fe dégager de l'air inflammable, comme il arrive dans celles auxquelles l'art a part. Ajoutons que le célebre M. Volta, qui a le a le premier foupçonné que, l'air inflammable pouvoit être engendré par la putréfaction des végétaux & des animaux, auffi bien que par l'action réciproque de plufieurs fubftances minéra

(1) Transactions philofophiques.

les (1), eft parvenu à obtenir ce fluide inflammable, en remuant avec un bâton la vafe des marais, des foffés, des étangs & des rivieres, & recevant, dans une bouteille pleine d'eau, les bulles qui fe dégagent; il en a également retiré des terreins gras, fangeux & limoneux, en y creufant des trous après les avoir couverts d'eau. Enfin, le même Physicien a fouvent pris plaifir à faire brûler l'air inflammable au moment de fon dégagement, & pour cela il lui fuffifoit de préfenter une lumiere, foit à la furface de l'eau couverte de bulles, foit au trou qu'il venoit de creufer lorsque le terrein étoit à fec. S'il creusoit avec précipitation plufieurs trous près les uns des autres, & s'il leur préfentoit auffi-tôt la lumiere, il voyoit une flamme bleue s'élancer de l'un à l'autre, tantôt les occuper fucceffivement, tantôt s'élever de tous en même tems, fur-tout s'il piétinoit le terrein pour en faire fortir une plus grande quantité d'air inflammable.

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Ce fluide, que M. Volta appelle air inflammable des marais, differe de celui des diffolutions métalliques, 1o. par l'odeur qu'il ré

(1) Lettre fur l'air inflammable des marais, cinquiéme lettre, pages 61 & fuiv..

pand & qui eft celle du foie de foufre ou des œufs couvés; 2o. par la flamme qu'il produit & qui est d'un bleu foncé; 3°. parce que, comme je l'ai déjà remarqué, il faut, pour le faire brûler en entier, employer une quantité d'air commun, infiniment plus grande que celle qui eft néceffaire pour la combuftion de l'air inflammable des métaux : celui-ci brûle en un inftant & produit une forte explosion, lorfqu'il eft mêlé à deux fois fon volume d'air atmosphérique; on peut au contraire mêler jufqu'à fix parties de ce fluide contre une d'air inflammable des marais, & ce dernier ne fait encore que de petites explosions fucceffives & foibles, en forte que, pour le faire brûler auffi rapidement que le premier, il faut ajouter douze parties d'air commun; il s'enflamme cependant avec la plus grande facilité, & fait une explosion des plus fortes, lorsqu'il eft mêlé avec de l'air déphlogistiqué. Suivant M. Volta, la proportion eft d'une partie d'air inflammable contre deux ou environ d'air déphlogistiqué; & en cela l'air inflammable des marais differe encore de celui des métaux, puifque pour brûler deux parties de celui-ci, il ne faut qu'une feule partie d'air déphlegiftiqué. M. Volta foupçonne que l'air inflammable des marais contient du phlogistique

que

furabondant à fa nature de fluide inflamma→ ble; que ce phlogistique vicie promptement l'air commun qu'on y mêle; & qu'il eft la caufe, tant de la difficulté & de la lenteur de l'inflammation de cet air, que de la couleur bleue de fa flamme. Nous voyons, dit-il, l'air phlogistiqué produit les mêmes effets fur l'air inflammable métallique lorsqu'on les mêle ensemble. Dans cette fuppofition, il eft aifé de comprendre que, l'air déphlogistiqué confervant encore fa bonne qualité, même après avoir reçu le phlogistique furabondant de l'air des marais, lui communique la promptitude & la force de l'inflammation, & change en une couleur rouge & même blanche, la couleur bleue de fa flamme; mais en fuppofant même qu'il entrât plus de phlogistique dans la compofition de l'air des marais, & que ce phlogistique, uni plus intimément aux autres principes qui peuvent le compofer, cût befoin, pour s'en dégager, d'un choc plus violent, d'une chaleur plus grande & d'un réceptacle plus abondant; les différences qu'il préfente, comparativement avec l'air inflammable des métaux, devroient toujours être attribuées en partie à l'air fixe avec lequel il eft mêlé, & que plufieurs Phyficiens y ont reconnus. S'il falloit d'autres preuves que celles

que

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