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quand on en caffe le bout, parce que l'air s'infinue avec violence pour remplir les petits vides que les parties du dedans ont laiffé

au milieu d'elles lors de leur condenfation & de leur approximation vers les parties refroidies brufquement par le contact de l'eau froide.

Cela paroît plus vraisemblable & s'accorde en quelque forte avec ce que nous avons obfervé de l'air qui entre en poffeffion d'un espace 'vide. Cependant on peut encore dire, avec M. l'Abbé Nollet, & même avec le plus grand nombre des Phyficiens, que, comme le verre ayant été en quelque maniere trempé, eft devenu plus caffant, la moindre rupture fait développer la vertu élastique de fes parties, & leur reffort, en fe déployant, réduit la larme en pouffiere, & achève en cela ce que l'air a commencé, en pénétrant dans les vides que ces mêmes parties préfentoient entre elles avant la rupture de la pointe.

Cette explication eft d'autant plus fatisfaifante que, fi l'on fait chauffer une larme Batavique fur des charbons ardens jusqu'à l'incandefcence, elle ne fe brifera plus dans les mêmes circonstances; fans doute parce que fes parties s'arrangent & fe joignent plus folidement après cet efpece de recuit.

La connoiffance du phénomène des larmes

Bataviques nous conduit naturellement à obferver que, de quelque maniere qu'on veuille travailler le verre, foit en le foufflant pour en faire des uftenfiles, foit en le coulant pour en faire des glaces, il eft effentiel de ne pas le laiffer refroidir fubitement, parce que le paffage trop rapide d'une grande chaleur à une température fi différente, lui ôteroit toute fa folidité. Auffi on le porte dans des fours trop peu échauffés pour le ramollir, & on lui laisse perdre infenfiblement fa chaleur, fans être expofé au contact de l'air froid: c'eft ce qu'on appelle recuire le verre.

En reprenant la fuite des effets que l'air produit à raison de fa tendance au centre de la terre, nous obferverons d'abord qu'OttoGuerik (1) nous en offre une nouvelle preuve dans une expérience qu'il fit avec deux hémifphères creux de métal, dont le diametre étoit de trois-quarts d'aune de Magdebourg. Après avoir placé un cuir gras entre leurs bords pour empêcher que l'air extérieur n'entrât dans leur capacité, il en pompa l'air, à l'aide de fa machine pneumatique, & ils adhérerent fi fortement l'un à l'autre, que feize chevaux ne purent enfuite les féparer.

(1) Exper, nov. Mag. de Spa, vacuo. lib. III. cap. 23.

M. Hauxbée, ayant répété cette expérience avec des hémisphères de 3 pouces & demi de diametre, n'a pu les féparer qu'à l'aide d'un poids de 140 livres (1). Nos hémisphères font encore plus petits, ils n'ont que 2 pouces & demi de diametre; & cependant deux perfonnes qui tirent en fens contraire ces hémifpheres, lorfqu'ils font joints par la preffion de l'air, ne parviennent point à les féparer.

Nous croyons devoir obferver ici que la preffion de l'air n'eft pas la feule & unique caufe de l'adhérence de ces hémifpheres, que la force attractive, qui maîtrife toutes les parties de la matiere, fe joint ici à la preffion de l'air & contribue à l'adhérence que ces hémifpheres contractent ensemble; mais que cependant le poids de l'air joue le plus grand rôle dans ce phénomene, ainfi que l'expérience l'a appris (2).

Parmi les expériences que fit encore OttoGuerik, pour prouver que l'air à une pesanteur abfolue, en voici une bien décifive. Ce Savant prit un ballon de verre, il le fufpendit au bras d'une balance très-mobile, & le mit

(*) Exp. Phyf. Méc. tom. I. pig. 8.

(2) Muschenbroek, Cours de Phyfique-Mathématiques. tome III. trad. de M. de la Fond.

,

en équilibre avec un contrepoids; il adapta enfuite ce ballon, à fa machine pneumatique & il le vuida d'air auffi exactement qu'il lui fût poffible; cela fait, il le pefa de nouveau &· il remarqua qu'il avoit perdu de fon poids, & qu'il falloit en conféquence le charger d'un nouveau poids pour qu'il devînt aussi pesant que le contrepoids avec lequel il étoit d'abord en équilibre.

Toutes les expériences que nous venons de rapporter & d'indiquer, prouvent incontestablement que l'air preffe de haut en bas; mais il en eft de la pesanteur absolue ou de la preffion de l'air, comme de celle de tous les autres fluides; elle fe développe en toutes fortes de directions avec la même force: c'est ce qu'on pourra conclure des expériences fuivantes.

Répétez l'expérience de Toricelli avec un tube ouvert à une de fes extrémités, & en même tems vers le milieu de fa hauteur; toute fois après avoir appliqué & lié fur cette ouverture latérale un morceau dé veffie mouillée; la colonne de mercure ayant pris dans le tube la hauteur qui lui convient, percez alors la veffie avec une aiguille, l'air pénétrera dans le tube & exercera tout à la fois trois preffions différentes fur la colonne de mercure; une preffion latérale, dont l'effet era

C

la divifion de la colonne de mercure en deux parties; une preffion de haut en bas, en vertu de laquelle l'air précipitera dans la cuvette la portion de la colonne de mercure comprise depuis l'ouverture latérale jufqu'à l'extrémité inférieure du tube; enfin l'air exercera une preffion de bas en haut, car la portion reftante de la même colonne s'élevera dans le tube & ira frapper vigoureufement la voûte de ce même tube.

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Etabliffez, fur la platine de la machine pneumatique, un moulinet fort mobile, & couvrez-le d'un récipient percé d'un petit trou fur le côté, de façon que cet orifice réponde au plan des aîles du moulinet; bouchez ce même orifice avec le doigt, fi vous n'aimez mieux y appliquer un autre corps étranger, comme un peu de cire verte; pompez enfuite l'Air du récipient, puis débouchez l'ouverture latérale; l'Air s'introduira à l'inftant dans le récipient, il frappera brufquement les ailes du moulinet, & il le mettra en mouvement; il fera prouvé par-là que l'air preffe latéralement.

On aura également une preuve ifolée de la preffion que ce fluide exerce de bas en haut fi on répete l'expérience qui fuit.

*

Rempliffez d'eau un verre à boire, au défaut

d'un vaiffeau long & étroit; fermez-en l'ou

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