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phère, fur-tout vers les régions polaires, où il eft forcé de fe retrancher, à caufe de fa légéreté & de la force centrifuge prépondérante de l'air atmosphérique,

Les éclairs femblent être éux-mêmes des effets de l'air inflammable mis en combuftion par l'étincelle foudroyante des nuages; car il ne faut pas confondre la foudre, dont la flamme eft vive & ferpentante, & qui eft une véritable étincelle électrique, avec l'éclair beaucoup moins vif & plus tranquille, mais qui s'étend à une très-grande diftance.

Enfin l'air inflammable, raffemble en plus ou moins grandes maffes dans l'atmosphère, & allumé par l'électricité qui s'y trouve ellemême répandue, eft encore, à ce qu'il paroit, la caufe prochaine des météores ignés auxquels on a donné les noms de poutre, de fleche, de colonne de feu, de tonneau, de muid ou globe de feu volant, de chevre danfante, d'étoile tombante, relativement à leur figure & à la maniere dont ils se comportent.

Je ne finirai point cet article fans parler des ballons aéroftatiques à air inflammable ainfi appelés, parce qu'ils reçoivent de cette émanation aériforme, plus légere que le fluide atmosphérique, la propriété de s'élever d'euxmêmes & de fe balancer majeftucufement dans

les airs; ces ballons préfentent en même tems à l'homme, non fatisfait d'avoir affervi les mers, des moyens de franchir les bornes de la fphère où l'a placé la Nature, d'atteindre jufqu'au milieu de l'atmosphère, & de par courir des efpaces immenfes dans un tems très-court, en voyageant au gré des vents; mais avant de faire connoître plus particuliérement ces fuperbes globes ou ballons, je dois faire mention des expériences qui les ont fait imaginer.

La premiere de ces expériences, dûes à MM. Montgolfier, fut faite le 5 Juin 1783, à Annonay en Vivarais, devant les Députés des Etats particuliers de cette Province. L'on vit, fur la place publique, une efpece de ballon de cent dix pieds de circonférence, retenu par son pôle inférieur, fur un chassis en bois de 16 pieds en quarrés; cette vafte enveloppe étoit de toile doublée de papier, coufue fur un réseau de ficelle fixé aux toiles. Les différentes piéces de cette machine étoient affemblées par de fimples boutonnieres arrêtées par des boutons; elle pefoit 500 livres avec le chaffis qui la tenoit fixée par le bas; fa capacité étoit d'environ 22000 pieds cubes: ce n'étoit encore qu'une espece de fac gigantefque de 35 pieds de hauteur, déprimé, plein de plis &

vide d'air. Quel fut l'étonnement général, lorfque MM. Montgolfier annoncerent, qu'auffi-tôt qu'il feroit plein d'une espece d'air, qu'ils avoient le moyen de produire à volonté par le procédé le plus fimple, il s'enleveroit de lui-même jufqu'aux nues? En effet, ces Meffieurs ayant procédé au développement du fluide qui devoit, par fon excès de légéreté fur l'air atmosphérique & fon énorme volume, vaincre le poids de la machine; celle-ci se gonfla, groffit à vue d'œil prit une forme nouvelle; elle fe tendit dans tous les points & fir effort pour s'enlever. Huit hommes la retenoient; le fignal leur fut donné; elle partit, & s'éleva en l'air jufqu'à la hauteur d'environ 1000 toifes. Un vent, à peine fenfible vers la furface de la terre, porta cette machine à 1200 toifes de diftance du point de fon départ; elle refta dix minutes en l'air, la déperdition de fon air, par les boutonnieres & par les trous d'aiguilles, ne lui ayant pas permis de s'y foutenir plus long-tems. Levent, au moment de l'expérience, étoit au midi, & il pleuvoit la machine defcendit fi lentement & fi légèrement, qu'elle ne brifa ni les ceps, ni les échalas de la vigne fur lesquels elle fe repofa.

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Suivant le calcul de M. Montgolfier le jeune, la machine déplaçoit une maffe d'air de 1980

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livres, en fuppofant la pefanteur moyenne de

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800

l'air égale à de la pefanteur de l'eau ; mais le fluide, dont on l'avoit remplie, étoit une fois plus léger que l'air commun, car il pefoit 990 livres ou 1490 livres, en y comprenant le poids de l'enveloppe & celui du chaffis, évalué à 500 livres.

Il reftoit donc 490 livres pour la rupture d'équilibre ou la force avec laquelle cet énorme ballon devoit s'élancer dans l'air (1); de même qu'un vaiffeau enfoncé au fein des mers par des vagues énormes, dans un tems de tempête, remonte vers la furface de l'eau, après la fecouffe, s'il eft fermé de toute part & inaccessible à l'eau, parce qu'il fe trouve plus léger qu'un égal volume de ce liquide, & que les colonnes d'eau, dont ce vaiffeau fubmergé fait partie, fe trouvent elles-mêmes moins pefantes que les colonnes adjacentes, lefquelles, par leur excès de pefanteur, portent le vaiffeau vers la furface de l'eau, où il reprend fon équilibre. Sans nous aftreindre à cette feule comparaison,

(1) Defcription des expériences de la machine aéroftatique de MM. Montgolfier, & de celles auxquelles cette découverte a donné lieu, &c. Ouvrage orné de neuf planches en taille-douce, &c. &c. par M. Faujas de Saint-Fond, à Paris, chez Cuchet, rue & hôtel Serpente.

nous pourrions citer une foule de phénomènes avec lefquels l'afcenfion de la machine aéroftatique de MM. Montgolfier a également un rapport direct; mais il fuffit que le principe en foit connu, pour qu'ils s'offrent d'eux-mêmes aux yeux les plus clairvoyans.

M. Montgolfier le jeune étant arrivé à Paris, quelque tems après l'expérience d'Annonay & ayant été invité, par l'Académie royale des Sciences, à répéter cette belle expérience, fit conftruire une machine de 70 pieds de hauteur fur 40 de diamètre. Ce fut chez M. Réveillon, rue de Montreuil, faubourg S. Antoine, que cette nouvelle machine aérostatique fut exécutée; on la fit en toile de canevas, doublée, tant en dedans qu'en dehors d'un fort papier.

Sa coupe géométrique étoit formée

1o. Par un prifme de 24 pieds de hauteur. 2o. Par une pyramide de 27 pieds & demi qui devoit couronner le prifme.

3o. Par un cône tronqué de 18 pieds & demi, destiné à former la partie inférieure de la machine.

Chaeune de ces portions étoit compofée de 24 bandes ou méridiens, réunis & coufus enfemble.

En cet état, la machine développée & ten

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