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léger que celui qu'on refpire; il calcule enfuite la quantité d'air déplacé par sa machine & prouve que venant à defcendre, fa chute feroit très-lente, & ne pourroit être préjudiciable à ceux qui feroient dedans. Voilà bien à peu près l'aréoftat de MM. Montgolfier: c'est la même enveloppe; l'air a la même légèreté que celui qu'ils emploient; & il fembleroit d'abord qu'ils n'auroient eu d'autre mérite que celui de la mettre en exécution : ce n'eft cependant qu'une fuppofition gratuite, une ingénieufe & brillante chimère.

Le P. Galien fuppofoit que fa machine auroit fuffifamment de capacité pour contenir une armée nombreuse, avec les munitions de guerre & de bouche; qu'elle pourroit s'élever à la région de la grêle & feroit remplie avec de l'air de cette région.... Galien avoue d'ailleurs qu'il ne croit pas que perfonne s'expose jamais aux dangers d'une telle navigation, & que la théorie qu'il propofe fur fa poffibilité, n'eft qu'une espece de récréation physique & géométrique.

Ce que rapporte Borelli, dans un Ouvrage dédié à la Reine Chriftine en 1670, peut encore moins lui mériter le titre d'inventeur. En réfléchiffant, dit-il, fur l'ufage de la veffie dans les poiffons, quelques Savans ont penfé

qu'un homme pourroit également nager dans l'air, à l'aide d'une veffie artificielle, affez grande pour l'enlever, & dans laquelle on feroit le vide ou qu'on rempliroit d'un fluide plus léger que celui de notre atmosphère.

Le rapport, fait à l'Académie royale des Sciences de Paris, fur les expériences de la machine aéroftatique, imaginée par MM. Montgolfier, eft bien propre à fixer l'opinion que l'on doit fe former de cette fublime invention. Nous extrairons, de ce rapport, ce qui concerne les idées & les tentatives qui ont mené fucceffivement MM. Montgolfier à leur découverte, afin de prouver encore, contre l'affertion de quelques détracteurs, que le hafard n'y a eu aucune part.

Il paroît; eft-il dit dans ce rapport, que le point de vue fous lequel MM. Montgolfier envifagerent ce grand problême d'élever des corps dans l'air, fut celui des nuages, de ces grandes maffes d'eau, qui, par des caufes que nous n'avons pas encore pu affigner, parviennent à s'élever & à flotter dans les airs à des hauteurs

confidérables. Occupés de cette idée, ils penferent au moyen d'imiter la Nature, en donnant des enveloppes très-légeres à des nuages factices, & en contre-balançant la preffion d'un air lourd, par la réaction où l'élafticité d'un air plus léger. Tout annonce que leurs médi

tations, fur cet objet, remontent au-delà du mois d'Août 1782. Ce fut à Avignon que M. Montgolfier l'ainé, tenta fa premiere expérience, & il ne vit pas, fans une vive joie, qu'un parallelipipède creux de taffetas, qui contenoit 40 pieds cubes environ, ayant été échauffé intérieurement avec du papier, monta rapidement au plafond. Retourné à Annonay, il n'eut rien de plus preffé que de répéter avec M. fon frere, cette expérience en plein air, & ils virent, avec la même fatisfaction, ce parallélipipède s'élever à une hauteur de 70 pieds. Animés par ces premiers effais, ils firent faire une machine aéroftatique de 650 pieds cubes; le nouveau fuccès qu'ils obtinrent les détermina à en conftruire une de 35 pieds de diamètre.... Enfin, ce fut le 5 Juin que cette expérience fut répétée en préfence de MM. des Etats particuliers du Vivarais. En parlant des ufages auxquels on pourra utilement appliquer l'aréoftat, nous fommes arrêtés, difent les Commiffaires de l'Académie, par la multitude de ceux qui fe préfentent; élever des poids à une certaine hauteur; s'élever fur des montagnes ou pénétrer dans des vallées inacceffibles; élever des fanaux pendant la nuit à une très-grande hauteur; donner des fignaux, foit à terre, foit à la mer; eonnoître les viteffes & les directions de tels

u tels vents; avoir des électroscopes qu'on puiffe porter à plus d'élevation que les cerfsvolans; enfin s'élever dans la région des nuages, & y aller obferver les météores : tel eft l'apperçu des ufages de l'aréoftat; ufages préfentés par MM. Montgolfier, & qui fe multiplieront quand les machines aéroftatiques feront perfectionnées, & fur-tout fi on parvient jamais à les diriger, comme tout femble, ajoutent les mêmes Commiffaires, en annoncer la poffibilité.

L'expérience ingénieufe faite, par MM. Montgolfier, à Annonay, ne fut pas plutôt connue à Paris, qu'on forma le projet de la répéter; l'on ignoroit les moyens dont ils s'étoient fervis pour fe procurer un air une plus fois léger que le fluide atmosphérique; mais on connoiffoit l'air inflammable des diffolutions métalliques, & la grande légerété de ce fluide parut convenir davantage au fuccès de l'expérience.

Le taffetas enduit de gomme élastique étoit également connu, & on le choifit pour fervir d'enveloppe à l'air inflammable; l'on borna le diamètre de la machine à 12 pieds environ, à caufe du prix du taffetas, de la cherté de l'air inflammable, & des difficultés qu'on entrevoyoit à fe procurer promptement une grande quantité de cet air. On proposa une

foufcription qui fut bientôt remplie & qui facilita les moyens de faire cette expérience, que conduifirent M. Charles, Phyficien diftingué, & MM. Robert, Mécaniciens avantageufement connus.

Enfin, le 23 Août 1783, la machine étant fabriquée, fa forme offrit celle d'un globe de 12 pieds 2 pouces de diamètre; après avoir fixé & fufpendu cette fphère, on la déprima pour en chaffer l'air atmosphérique, puis on ferma le robinet par où on avoit donné issue à ce fluide.

A huit heures du matin, on commença à la remplir d'air inflammable; l'on y procéda d'abord au moyen d'une grande boîte à tiroirs doublés de plomb, furmontée d'un cha piteau ou conduit fuperieur qui s'adaptoit au robinet adhérent au ballon; les tiroirs furent garnis de limaille de fer & d'acide vitriolique, affoibli d'eau : en multipliant ainfi les furfaces, on avoit pour objet de développer promptement une grande quantité d'air inflamable; mais l'expérience démontra l'infuffifance de cet appareil, beaucoup trop compliqué, & fujet à de grands inconvéniens, il fut reformé, & on y substitua un fimple tonneau placé verticalement, dans lequel on jetoit, à l'aide d'une ouverture pratiquée fur fon difque fu

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