Imágenes de páginas
PDF
EPUB

verture avec un morceau de papier que vous appliquerez fur les bords; appuyez la paume de la main fur ce papier, &, prenant le vaiffeau de l'autre main, renverfez-le de façon que fon ouverture fe trouve en deffous, & retirez enfuite la main; l'eau demeurera alors fufpendue dans le vafe, & gardera cette fituation jusqu'à ce qu'on enleve le papier de deffus l'ouverture.

La caufe de la fufpenfion de l'eau, dans cette expérience, eft assurément la preffion de l'air de bas en haut; pour s'en convaincre, il fuffit d'obferver que la maffe d'eau, ainfi fufpendue, affecte une furface fenfiblement concave à l'ouverture du vafe, aulieu que, fi l'adhérence du papier avec les bords du vafe étoit la cause de la fufpenfion de l'eau, comme quelques Phyficiens l'ont penfé, elle auroit néceffairement une furface convexe; la raifon en eft que la texture du papier étant relâchée par l'eau, il céderoit alors en partie au poids des colonnes d'eau ; mais fi le papier n'est point la caufe de la fufpenfion de l'eau, il empêche que les colonnes de cette liqueur n'ofcillent & ne faffent place à l'air lorfqu'on renverse le vaiffeau, & il fert de plus d'appui aux colonnes d'air correfpondantes lorfque le vaiffeau eft renverfé.

:

Telles font les expériences auxquelles nous avons jugé à propos de recourir

pour convaincre nos Lecteurs d'une vérité dont la connoiffance nous a mis à portée de rendre raifon de plufieurs phénomenes que nos anciens attri buoient à l'horreur du vide.

Après avoir confidéré la pefanteur abfolue de l'air, il convient de parler de fa pefanteur fpécifique ou de fon poid, comparé avec celui d'un autre corps dont la gravité eft connue, l'un & l'autre étant pris fous le même volume. Galilée eft le premier qui ait voulu déterminer l'exacte gravité fpécifique de l'air pour y parvenir, il la compara à celle de l'eau, & il trouva qu'elle étoit à cette derniere comme l'unité eft à 400. Cependant le Pere Merfene établit enfuite le rapport de l'air à l'eau comme 1 à 1346. Riccioli, Boyle & Baglivi (1), qui chercherent également à connoître la pefanteur fpécifique de l'air, trouverent qu'elle étoit à celle de l'eau dans le rapport de 1 à 1000. La Société royale de Londres, ayant entrepris les mêmes recherches en différentes circonftances de tems, établit le rapport de l'air à l'eau comme 1 à 840; une autre fois, comme 1 à 852; & une troifieme fois, comme

(1) De ftatu Aeris. pag. 448.

[ocr errors]

I à 860 (1) Hauxbée (2) évalue ce rapport à celui de 1 à 885. Il eft de 1 à 806, fuivant le Docteur Jurin. Halley prétend que la pefanteur de l'air eft à celle de l'eau, comme 1 à 860; Homberg, comme 1 à 1087; & enfin Mufchenbroek (3) dit qu'il y a deux termes dans ce rapport, dont le premier eft de 1 à 606, & le fecond de 1 à 1000; il pense que le premier a lieu lorfque la denfité de l'air eft autant grande qu'elle puiffe être, & le fecond lorfque l'air cft réduit à fa moindre denfité; de forte qu'en comparant le poids de l'Air à celui de l'eau, le premier ayant une denfité moyenne, le rapport de leur pefanteur fpécifique doit être celui de 1 à 800. On ne fera point furpris de trouver si d'accord entre les Phyficiens qui ont cherché à connoître l'exacte pefanteur fpécifique de l'air, fi on obferve que deux portions égales d'air, prifes en même tems & à différentes hauteurs, ne font jamais également pesantes, celle qui a été prise dans l'endroit le plus bas pefant davantage que l'autre ; que cela a lieu depuis la surface de la terre jufqu'au fommet

(1) Tranfact, Philof. n°. 181.

I

(2) Expér. Phyf. Méch. tom. I. pag. 49.
(3) Cours de Phyfique Mathémat. tom. III.

peu

des plus hautes montagnes; & enfin que Pair du même endroit varie continuellement de pefanteur; ce qui dépend de plufieurs causes, que nous indiquerons ailleurs. Les expériences que l'Académie de Dijon a fait faire pour découvrir les caufes des variations de pefanteur à des hauteurs inégales, ont prouvé que l'air pris à la furface de la terre, pouvoit peser quelquefois jufqu'à un feptieme de plus que l'air pris à 20 toises (1),

Quoique des faits fans nombre nous forcent à reconnoître la pefanteur de l'air; quoique nous n'ayons même aucun exemple à citer qui nous autorife à excepter l'Air de la loi de gravité à laquelle tous les corps font affujettis; cependant l'illuftre Boerhaave (2) s'eft permis cette conjecture; que fi on féparoit d'une portion, donnée d'air de l'atmosphere, tout ce qui s'y trouve d'étranger, le poids de l'Air reftant feroit très-petit, pour ne pas dire nul; mais l'expérience n'a point encore déposé en faveur de cette conjecture; malgré cela nous fommes portés à croire que le poids que nous découvrons dans l'Air appartient en partie à l'eau & aux autres fubftances étrangeres qui font répandues dans cette maffe fluide.

(1) Journal de Phyfique. tom. V. pag. 314.

(2) Boerhaave, Cours de Chimie, t. IV. p. 1 5 1 & suiv.

CHAPITRE III.

Du Reffort de l'Air.

LE reffort ou l'élafticité de l'air n'eft autre chofe que la force avec laquelle il tend à fe remettre dans fon état naturel, lorsqu'il eft violemment raréfié ou dilaté, comprimé ou condenfé, & l'effort qu'il fait pour cela fur les corps qui s'oppofent à fon rétablissement.

Les Anciens ont connu cette propriété de l'air; ainsi que la plupart de fes effets. Il nous reste un Traité d'Hiéron d'Alexandrie, intitulé Spiritalia, dans lequel il applique fans ceffe l'élafticité de l'air à produire les effets les plus propres à nous convaincre qu'il la connoiffoit parfaitement; & ce qui paroîtra encore plus furprenant, c'eft que Clefibius avoir, fur ce principe de l'élafticité de l'air, imaginé le fufil à vent, que nous regardons comme une invention moderne. Philon, de Byzance, nous donne la defcription la plus exacte & la plus détaillée de cette curieufe machine, qui étoit fondée fur la propriété que l'air a de fe condenfer, & dont la conftruction étoit telle que la force de ce fluide étoit ménagée & ap

2

« AnteriorContinuar »